Fondation Jean Piaget

Remarques finales


Faut-il voir dans le résultat des travaux de psychologie génétique sur le développement de la causalité physique chez l’enfant la confirmation d’une certaine démarche conquérante de l’homme sur la nature?

On sait aujourd’hui que, contrairement à l’affirmation de Descartes, il ne s’agit pas pour l’homme de devenir maître du monde physique. Jamais celui-ci ne sera le jouet du pouvoir humain.

Cependant, en permettant à l’homme d’agir avec sagesse (dans le double sens du terme), cette connaissance rationnelle des causes et des effets, que défendait par ailleurs le philosophe français et que l’enfant acquiert de fait dans son développement, devrait fournir le meilleur instrument possible pour concilier les finalités humaines et le devenir des réalités physiques.

Les travaux sur la causalité montrent certes qu’une relative maîtrise de la pensée humaine sur le monde extérieur est possible et que le sujet exploite d’ailleurs spontanément cette maîtrise limitée dans sa vie de tous les jours. Ils font également comprendre comment cette maîtrise est possible et est en un sens inéluctable (sauf à empêcher le sujet de penser opératoirement le monde qui s’offre à lui).

Mais, en confirmant la relativité de la connaissance physique, la dépendance de cette connaissance par rapport aux cadres assimilateurs construits par l’être humain, ils montrent aussi que le réel ainsi assimilé n’est pas la totalité du réel que l’homme cherche à comprendre et que cette totalité ne peut qu’être hors de notre portée, ou tout au plus, comme l’affirmait Kant, une idée directrice de la raison pure, soit en termes plus communs, une idée qui guide la recherche d’explications physiques.

Haut de page







[…] c’est en réalisant un équilibre toujours plus mobile et plus stable que les opérations finissent par prendre une forme logique proprement dite au terme d’une évolution débutant par des conduites étrangères à toute logique stricte […].