Fondation Jean Piaget

Le développement social et moral: Introduction

Généralités
Place des recherches sur le développement moral et social


Généralités

Avant que Piaget ne cerne ses domaines principaux de recherches (la psychologie et l’épistémologie génétiques, la biologie passant un peu au second plan), un certain nombre de questions très générales le préoccupaient.

Les objets de deux des plus importantes d’entre elles étaient, pour la première, la valeur et l’origine des normes logiques, et, pour la seconde, la valeur et l’origine des normes morales. La question épistémologique a pris très tôt le dessus, mais sans que la question morale ne s’efface complètement.

En réalité, par le choix qu’il a fait de répondre à la question de la possibilité du vrai, Piaget n’a fait que suivre le chemin de tous les grands philosophes de notre civilisation qui, de Platon à Kant, ont suspendu ou lié la résolution du problème moral (la possibilité de normes morales s’imposant à tous) à la résolution du problème de la vérité (la possibilité de formuler des jugements dont la vérité s’impose tout aussi universellement).

Chez Platon, chez Descartes, chez Spinoza, chez Kant et chez bien d’autres, le vrai et le bien se recouvrent partiellement, lorsqu’ils ne sont pas identifiés l’un à l’autre. Le même recouvrement partiel se retrouve chez Piaget, et c’est pourquoi, celui-ci a pu privilégier la question de la science sans abandonner la question morale, même si celle-ci, à quelques exceptions près, restera toujours en arrière-plan.

Lorsque Piaget a découvert la psychologie génétique, son intérêt pour l’intelligence l’a immédiatement conduit à réaliser des recherches sur la genèse de la logique enfantine. Au demeurant, à l’Institut Rousseau auquel il travaillait, des études sur le sentiment moral étaient conduites par Bovet.

C’est seulement au début des années trente, que Piaget ne s’est plus contenté de réfléchir aux questions de morale ou de réaliser occasionnellement des observations sur les conduites et les jugements moraux des enfants, mais a procédé à une série d’enquêtes psychogénétiques qui le conduiront à découvrir sur le terrain de la morale l’existence de stades proches de ceux déjà mis en évidence sur le plan de la mentalité enfantine.

Contexte des recherches sur le jugement moral

Comme pour ses premières recherches sur le développement de la logique enfantine, Piaget disposait d’un solide et précieux bagage intellectuel pour investir le terrain de la morale enfantine.

En plus des travaux de Bovet en psychologie morale et religieuse, dont il avait une connaissance directe puisque tous deux travaillaient à l’Institut Rousseau, il pouvait s’appuyer sur une connaissance de la philosophie antérieurement acquise, mais aussi sur une connaissance des travaux de Baldwin, qui a ouvert le chemin de la psychologie génétique de la pensée, ou de ceux de Durkheim en sociologie, sans négliger certaines études de philosophie du droit.

Bref, et c’est important à signaler, si Piaget a pu mettre un peu d’ordre, au moins provisoire, dans le problème du développement de la pensée morale chez l’enfant, c’est bien sûr parce qu’il disposait d’une tournure d’esprit systématique et d’une force de travail des plus utiles pour ce type d’entreprise, mais aussi parce qu’il savait poser les bonnes questions et fournir des interprétations éclairantes, tout en étant extrêmement réceptif aux réponses des enfants qu’il interrogeait ou dont il récoltait simplement les propos.

Ce n’est pas seulement sur le plan de l’intelligence qu’il s’avère utile au psychologue de connaître les sciences de référence par rapport aux connaissances de l’enfant, mais également sur le plan des conduites morales et plus généralement intersubjectives.

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[…] si la biologie est essentiellement, et presque passivement, soumise à son objet, cet objet […] c’est-à-dire l’être vivant, n’est autre chose que le sujet comme tel ou du moins le point de départ organique d’un processus qui, avec le développement de la vie mentale, aboutira à la situation d’un sujet capable de construire les mathématiques elles-mêmes.