Fondation Jean Piaget

Stade 1 et 2: Causalité incorporée dans l’action


Dès les premières semaines qui suivent la naissance, l’action joue un rôle central dans le développement psychologique du bébé. L’assimilation d’un tableau sensoriel à une action telle que regarder, toucher ou sucer, donne à ce tableau sa signification.

En certaines circonstances, ces actions, points de départ du développement, peuvent exiger un effort particulier d’ajustement, comme dans le cas du bébé qui cherche à introduire son pouce dans sa bouche ou à téter le sein de sa mère.

L’efficacité réelle des actions primitives du bébé, ainsi que l’impression d’effort que celui-ci peut ressentir lors de la production d’une action, sont alors au point de départ du développement psychologique de la notion de causalité.

Mais la présence d’un sentiment d’effort et d’efficacité n’implique pas encore la présence de cette notion, qui exigerait que le bébé distingue la cause de l’effet:
    «[...] quand le nourrisson trouve sa nourriture après avoir fait effort pour l’atteindre [...] on ne peut dire [...] qu’il perçoit son effort comme une cause dont le résultat de l’action serait l’effet» (JP37, p. 198).
Lors des deux premiers stades il n’existe que des schèmes d’action plus ou moins complexes formant chacun une totalité non articulée à d’autres schèmes. La cause et l’effet sont alors parties indissociées de l’activation et de l’accomplissement d’un schème d’action réflexe, d’une habitude élémentaire, ou encore d’un schème complexe résultant d’une fusion de schèmes élémentaires.

Comme pour l’espace et le temps, ce n’est donc que lorsque le sujet coordonnera intentionnellement certains de ses schèmes qu’il aura la possibilité de reconnaître dans l’une ou l’autre de ses actions la cause par laquelle tel effet se réalise. Quant à reconnaître un rapport de causalité dans les relations entre objets du monde extérieurs, il n’en est pas question, tant il est vrai que jusqu’au second stade, les tableaux sensoriels ne sont pas dissociés des actions qui leur donnent sens.

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[…] la compréhension réelle d’une notion ou d’une théorie [apprise à l’école] implique sa réinvention par le sujet. Certes, celui-ci peut souvent donner une impression de compréhension sans remplir cette condition de réinvention, lorsqu’il devient capable de répétition […]. Mais la vraie compréhension, c’est-à-dire celle qui se manifestera par de nouvelles applications spontanées, autrement dit par une généralisation active, suppose bien davantage : elle exige que le sujet ait pu trouver par lui-même les raisons de la vérité qu’il s’agit de comprendre, donc qu’il l’ait au moins partiellement réinventée pour lui-même.