Fondation Jean Piaget

L'épistémologie. Définition

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Présentation

Piaget définit l’épistémologie ou théorie de la connaissance comme:

l’étude de la constitution des connaissances valables, le terme de constitution recouvrant à la fois les conditions d’accession et les conditions proprement constitutives.
(1) Cette définition se réfère, d’une part, à la validité des connaissances, ce qui comporte un aspect normatif, mais aussi, d’autre part, aux conditions d’accession qui relèvent de diverses questions de faits.
(2) Le pluriel attribué au mot “connaissances” indique que les conditions en jeu ne sont pas nécessairement les mêmes pour les divers types de connaissances (...).
(3) Le terme d'«accession» indique que la connaissance est un processus (dimension diachronique ou historique). Or , ce processus intéresse très directement l'épistémologie. (...)
(4) Quant aux conditions constitutives, nous entendons par là tout à la fois les conditions de validité formelle ou expérimentale et les conditions relatives aux apports du sujet et à ceux de l’objet dans la structuration des connaissances.
L.C.S., p. 6

Une telle définition tient compte:

1/ de la pluralité des connaissances: connaissances logiques, mathématiques, physiques, biologiques, psychologiques, sociologiques, etc.;
2/ du caractère évolutif de la connaissance conçue comme un processus adaptatif et non comme un état;
3/ de la nature des relations entre le sujet et l’objet dans l’élaboration de connaissances nouvelles, lesquelles soulèvent à la fois des questions logiques ou de validité formelle et des questions de fait relatives au sujet et plus particulièrement à la manière dont il organise l’expérience.

Piaget se propose ainsi de montrer:

1/ qu’il n’existe pas d’épistémologie indépendante des sciences et que l’épistémologie tend de plus en plus à s’intégrer au système constitué par les sciences (cercle des sciences);
2/ que l’épistémologie, par la nature même des problèmes qu’elle soulève, repose sur une analyse de caractère scientifique;
3/ que l’épistémologie, ayant pour objet non pas la connaissance envisagée globalement, mais le processus même de l’accroissement des connaissances, présente nécessairement un caractère génétique (au sens de la genèse des connaissances).

Ainsi, pour Piaget, la réflexion épistémologique est due essentiellement à une réflexion sur les sciences. Elle est donc étroitement solidaire de leur évolution et des crises que celles-ci rencontrent. C’est pour cette raison qu’elle tend à s’intégrer au système des sciences.

©Marie-Françoise Legendre

Toute extrait de la présente présentation doit mentionner la source: Fondation Jean Piaget, Piaget et l'épistémologie par M.-F. Legendre
Les remarques, questions ou suggestons peuvent être envoyées à l'adresse: Marie-Françoise Legendre.

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Citations

Réflexion épistémologique
(...) la réflexion épistémologique prend toujours naissance à propos des «crises» de telle ou telle science et (...) ces «crises» résultent d’une lacune des méthodes antérieures pour être surmontées grâce à l’intervention de nouvelles méthodes. L.C.S., pp. 7-8
(...) les principales nouveautés épistémologiques sont nées de la réflexion des esprits sur les conditions de la connaissance en leurs propres disciplines et cela surtout à l’occasion de crises qui obligeaient à une refonte des principes et des méthodes. L.C.S., p. 10. Les deux conclusions à tirer (...) sont que les grandes épistémologies ont toujours procédé d’une réflexion sur les sciences et que les épistémologies contemporaines dérivent même de la nécessité interne, propre aux sciences en évolution, d’une révision constante de leurs principes et instruments de connaissance. L’épistémologie tend donc à s’intégrer au système même des sciences. Mais elle ne saurait alors devenir scientifique qu’en précisant ses propres méthodes et en délimitant ses problèmes de manière à pouvoir les traiter selon des procédés déductifs ou expérimentaux qui conditionnent l’objectivité en général. L.C.S., p. 62.

Épistémologie
(...) l'épistémologie comme la logique repose sur une analyse de caractère scientifique parce que la nature même des problèmes qu'elle soulève comporte une étroite coordination des recherches logiques, psychologiques et méthodologiques, qui toutes sont aujourd'hui indépendantes de la philosophie générale. L.C.S., p. 12.

Problème épistémologique
Si l’on appelle épistémologie, non pas l’étude causale, donc psychophysiologique, des facteurs rendant possible le fonctionnement d’une connaissance (par exemple les conditions nerveuses et le dispositif matériel expliquant les variations d’une perception), mais l’analyse des conditions de vérité (ou d’adéquation, d’adaptation, etc.) des connaissances en tant que relations d’informations entre le sujet et les objets, il est évident que le problème épistémologique se retrouve à tous les niveaux. BC., p. 96

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[…] c’est donc une question dépourvue de sens de se demander si la logique ou les mathématiques sont en leur essence individuelles ou sociales: le sujet épistémique qui les construit est à la fois un individu, mais décentré par rapport à son moi particulier, et le secteur du groupe social décentré par rapport aux idoles contraignantes de la tribu, parce que ces deux sortes de décentrations manifestent l’une et l’autre les mêmes interactions intellectuelles ou coordinations générales de l’action qui constituent la connaissance.