Fondation Jean Piaget

Les grands courants de l'épistémologie

Présentation
Citations


Présentation

Piaget distingue trois grands courants d'épistémologies:

1) Les épistémologies métascientifiques qui, partant d'une réflexion sur les sciences, tendent à la prolonger en une théorie générale de la connaissance, telles que l'épistémologie grecque (épistémologie platonicienne et aristotélicienne), l'épistémologie cartésienne et l'épistémologie kantienne.

2) Les épistémologies parascientifiques qui, en s'appuyant sur une critique des sciences, visent à atteindre un mode de connaissance distinct de la connaissance scientifique. C'est dans cette catégorie que Piaget classe l'épistémologie bergsonienne et l'épistémologie phénoménologique.

3) Les épistémologies qualifiées ici de "scientifiques" dans la mesure où, demeurant à l'intérieur d'une réflexion sur les sciences elles-mêmes, elles s'attachent à dégager la valeur de la connaissance scientifique. Nées d'une réflexion sur la prolifération considérable des sciences et sur leur devenir imprévisible, elles deviennent de plus en plus intérieures aux sciences elles-mêmes (voir épistémologies internes et dérivées). Piaget en identifie trois sources principales: les courants positivistes, la philosophie des sciences et l'épistémologie intérieure aux sciences.

C'est dans le prolongement des épistémologies dites scientifiques que se situe l'épistémologie génétique de Piaget qui se définit comme une épistémologie essentiellement constructiviste puisqu'elle envisage le développement des connaissances sous l'angle d'une construction continuelle obéissant à une vection particulière. Il s'agit par ailleurs d'une épistémologie interdisciplinaire puisque la résolution des problèmes qu'elle aborde implique la collaboration de diverses sciences.

©Marie-Françoise Legendre

Toute extrait de la présente présentation doit mentionner la source: Fondation Jean Piaget, Piaget et l'épistémologie par M.-F. Legendre
Les remarques, questions ou suggestons peuvent être envoyées à l'adresse: Marie-Françoise Legendre.

Haut de page

Citations

Épistémologies métascientifiques
(...) (elles) ont toutes consisté à réfléchir sur les sciences déjà constituées ou inventées par les auteurs mêmes de ces réflexions subséquentes. Elles les ont d'autre part toutes plus ou moins dépassées mais elles en sont sorties : d'où le terme d'épistémologies métascientifiques. L.C.S., p. 23. Des épistémologies comme le platonisme ou le kantisme partent d'une science déjà faite (les mathématiques grecques ou la théorie newtonienne de la gravitation) et cherchent à en rendre compte en tant ou qu'elle paraît achevée, ou qu'elle semble au moins définitive en ses principes. D'où la double intention de montrer comment elle a été rendue possible et d'en généraliser la portée épistémologique en une théorie générale de la connaissance. L.C.S., p.41

Épistémologies parascientifiques
(...) (elles) s'efforcent de partir d'une critique surtout restrictive de la science pour fonder, en dehors de ses frontières, une connaissance de forme différente. L.C.S., p. 27
Les épistémologies parascientifiques,(...) étant d'origine plus récente, ne croient plus aucune science terminée, mais s'efforcent de marquer d'avance leur limitation (...). L.C.S., p. 41.

Épistémologies scientifiques
Le terme que nous employons (…) ne signifie pas que celles-ci soient plus vraies que les épistémologies antérieures, mais simplement qu’elles se donnent pour but exclusif d'expliquer la connaissance scientifique et ne visent plus la connaissance en général, soit qu'elles considèrent la connaissance scientifique comme la seule possible, soit qu'elles se fassent une spécialité de l'interpréter pour elle-même. L.C.S., p. 41
On peut assigner trois sources aux épistémologies que, pour ces raisons, nous appellerons «scientifiques». La première est (que) (...) en présence des transformations continuelles et à certains égards inquiétantes des sciences, certaines épistémologies ont voulu fixer les principes de celles-ci selon un système de normes ne varietur, et c'est en cela essentiellement que consistent, nous semble-t-il, les tendances positivistes, de la doctrine de Comte au néo-positivisme viennois et anglo-saxon contemporains. La seconde source a été l'intérêt des philosophes qui, de Cournot à Brunschvicg, à Cassirer et à bien d'autres, ont cherché dans la philosophie des sciences les informations que la réflexion spéculative ne pouvait leur fournir sur les transformations de la connaissance. La troisième source, dont l'importance croît toujours davantage, est la réflexion des savants eux-mêmes sur les instruments de connaissance dont dispose leur science, réflexion désignée non pas à faire de la philosophie, mais à surmonter les crises lorsque celles-ci ne résultent pas simplement de divergences sur les résultats obtenus, mais mettent en jeu la valeur les concepts ou des principes utilisés pour les obtenir. L.C.S., pp. 42-43.

Haut de page







[…] c’est donc une question dépourvue de sens de se demander si la logique ou les mathématiques sont en leur essence individuelles ou sociales: le sujet épistémique qui les construit est à la fois un individu, mais décentré par rapport à son moi particulier, et le secteur du groupe social décentré par rapport aux idoles contraignantes de la tribu, parce que ces deux sortes de décentrations manifestent l’une et l’autre les mêmes interactions intellectuelles ou coordinations générales de l’action qui constituent la connaissance.