La construction du réel chez l'enfant – Observation 133

[p.213] Laurent, à 0;7 (7), regarde ma main, tandis que je fais claquer mon médius contre la racine du pouce, et il rit aux éclats. Lorsque je fais la chose à 50 cm. ou 1 m. de lui, il emploie, pour me faire continuer, les procédés magico-phénoménistes habituels: il se cambre, secoue ses mains, branle la tête latéralement, etc. Mais que va-t-il faire, lorsque la main se trouvera dans son champ de préhension? Va-t-il simplement pousser légèrement ma main pour déclencher la répétition du mouvement, c'est-à-dire la mettre en branle comme si elle constituait un centre autonome de causalité (c'est ce que l'enfant fera durant le quatrième stade), ou va-t-il essayer de reproduire lui-même l'effet désiré?

Le résultat obtenu est très net: Laurent saisit ma main entre les deux siennes, et la frappe, la secoue, etc. Il la traite donc comme un simple hochet, dont les propriétés dépendent de sa propre action, et nullement comme une source indépendante d'activité.

Lorsque je remets ma main à 30 cm., il se cambre, etc., puis lorsque je la ramène à 10 cm. il recommence à la battre, à la secouer, etc.