La construction du réel chez l'enfant – Observation 152

[p.240] A 1;0 (3), Jacqueline est devant moi et je lui souffle dans les cheveux. Lorsqu'elle désire que ce jeu continue, elle n'essaie pas d'agir par gestes efficaces, ni même, comme jadis, de me pousser les bras ou les lèvres: elle se remet simplement en position, la tête inclinée, persuadée que je vais de moi-même faire le nécessaire. A 1;0 (6), même réaction lorsque je murmure quelque chose dans son oreille: elle revient m'appliquer son oreille contre la bouche lorsqu'elle désire la reprise de mon geste.

A 1;3 (30), Jacqueline a dans la main droite une boîte qu'elle ne peut ouvrir. Elle la tend alors à sa mère, laquelle fait semblant de ne pas voir. Elle passe alors la boîte de sa main droite dans sa main gauche, puis elle saisit de sa main libre la main de sa mère, elle l'ouvre et y dépose la boîte. Le tout a été exécuté sans un grognement. - Ce dernier type de conduites s'est montré fréquent autour de 1;4.

De même, les jours suivants, elle fait intervenir l'adulte dans le détail de ses jeux, dès qu'un objet se trouve trop éloigné, etc.: elle appelle, elle pleure, montre les objets du doigt, etc. Bref, elle sait bien qu'il dépend de l'adulte de la satisfaire: la personne d'autrui devient son meilleur procédé de réalisation. Bien plus, son grand-père étant le plus fidèle de ses serviteurs, elle en vient à dire Panana (= grand papa), dès qu'échouent ses projets et qu'elle a besoin d'un instrument causal non défini ni donné tel quel dans le contexte de son champ d'action.