Fondation Jean Piaget

Auteurs

Les auteurs décrits dans ce glossaire appartiennent à l’environnement intellectuel proche ou lointain en interaction avec lequel Jean Piaget s’est formé et a progressivement construit son oeuvre. Les biographies exposéees ici sont susceptibles d’être modifiées et complétées. Tout feed-back susceptible d’en corriger les erreurs ou d’en enrichir le contenu est le bienvenu. Il peut être adressé directement à J.-J. Ducret, ou en déposant un message sur le Forum du site.

H I J K L M 


H

Hegel Georg W. F.
( 1870 - 1831 )
Philosophe allemand

Hegel est, avec Fichte et Schelling, le créateur de l’idéalisme allemand, puissant mouvement de pensée qui a profondément marqué l’essor de la philosophie au dix-neuvième siècle. En prenant le contre-pied de la critique kantienne qui posait des limites à la pensée humaine dans sa prétention à connaître l’être en soi, Hegel identifie celui-ci et la pensée en concevant l’être comme le développement logique de l’idée ou du concept. Pour Hegel, qui donne un pouvoir de connaissance démesuré à la déduction logique, l’être est le produit d’un mouvement dialectique qui, pour toute idée, se compose des trois moments de la thèse, de l’antithèse et de la synthèse. Ce triple moment créateur peut être constaté aussi bien dans le monde extérieur, et par exemple dans la production des êtres vivants, que dans le monde de l’esprit. L’histoire de la réalité absolue, qui s’achèverait avec l’idéalisme allemand et la doctrine de Hegel, montrerait l’extériorisation d’une pensée pure et inconsciente se faisant nature (temps et espace), puis le mouvement inverse par lequel la réalité, la pensée, se retournerait sur elle-même pour devenir conscience de soi et savoir absolu.
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Georg W. F. Hegel (1870-1831). Philosophe allemand

Hegel est, avec Fichte et Schelling, le créateur de l’idéalisme allemand, puissant mouvement de pensée qui a profondément marqué l’essor de la philosophie au dix-neuvième siècle. En prenant le contre-pied de la critique kantienne qui posait des limites à la pensée humaine dans sa prétention à connaître l’être en soi, Hegel identifie celui-ci et la pensée en concevant l’être comme le développement logique de l’idée ou du concept. Pour Hegel, qui donne un pouvoir de connaissance démesuré à la déduction logique, l’être est le produit d’un mouvement dialectique qui, pour toute idée, se compose des trois moments de la thèse, de l’antithèse et de la synthèse. Ce triple moment créateur peut être constaté aussi bien dans le monde extérieur, et par exemple dans la production des êtres vivants, que dans le monde de l’esprit. L’histoire de la réalité absolue, qui s’achèverait avec l’idéalisme allemand et la doctrine de Hegel, montrerait l’extériorisation d’une pensée pure et inconsciente se faisant nature (temps et espace), puis le mouvement inverse par lequel la réalité, la pensée, se retournerait sur elle-même pour devenir conscience de soi et savoir absolu.

Aussi difficile soit-elle à lire et comprendre, et aussi extravagante qu’elle apparaisse à bien des égards, il y a peu de doute que la philosophie de Hegel a profondément marqué l’essor des idées au dix-neuvième siècle en faisant contrepoids à un matérialisme simpliste qui se développait dans la foulée du progrès des sciences physico-chimiques. La description, certes en bonne partie enrobée dans une construction métaphysique et logique débridée, que Hegel donne du développement de la pensée à travers l’histoire alors connue de l’humanité paraît indéniablement avoir préparé les travaux, plus modestes et mieux empiriquement fondés, des sociologues et des psychologues généticiens (en particulier les travaux de Baldwin).

Piaget lui-même n’a probablement pas lu Hegel. Mais parmi les auteurs qu’il découvre dans les années dix et dans les années vingt, plusieurs sont marqués plus ou moins profondément par cette prise de conscience aiguë du développement dialectique de la pensée à travers les siècles. Aussi on ne saurait être surpris que, lorsque Piaget posera explicitement comme problème premier de l’épistémologie génétique celui des mécanismes de construction cognitive, il ne manquera pas de se référer à Hegel. Probablement poussé dans cette direction par plusieurs de ses collaborateurs du Centre d’épistémologie, il lui empruntera d’ailleurs le terme de "dialectique" pour l’incorporer à sa propre conception et souligner à son tour, ce faisant, les sauts qualitatifs et les multiples dépassements découverts par la psychologie génétique dans le développement de la pensée logico-mathématique et de la pensée physique chez l’enfant.

Parmi les nombreux ouvrages de Hegel, mentionnons "La phénoménologie de l’esprit" de 1807, traduite en français par Jean Hyppolite. Hegel y retrace l’histoire de l’esprit, de la conscience sensible, jusqu’à la raison et au savoir absolu.


Helmholtz Hermann Ludwig von
( 1821 - 1894 )
Physiologiste, physicien, mathématicien et philosophe allemand

Helmholtz est l’un des plus grands savants allemands du dix-neuvième siècle. Esprit profondément interdisciplinaire, il se fera connaître d’abord par sa découverte de l’énergie et de sa conservation à travers les formes différentes qu’elle peut prendre (mécanique, chimique, électrique, etc.). Il sera également l’un des premiers mathématiciens à reconnaître, dès 1868, l’importance des principes de conservation non seulement sur le plan des phénomènes physiques, mais également sur celui des sciences mathématiques.
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Hermann Ludwig von Helmholtz (1821-1894). Physiologiste, physicien, mathématicien et philosophe allemand

Helmholtz est l’un des plus grands savants allemands du dix-neuvième siècle. Esprit profondément interdisciplinaire, il se fera connaître d’abord par sa découverte de l’énergie et de sa conservation à travers les formes différentes qu’elle peut prendre (mécanique, chimique, électrique, etc.). Il sera également l’un des premiers mathématiciens à reconnaître, dès 1868, l’importance des principes de conservation non seulement sur le plan des phénomènes physiques, mais également sur celui des sciences mathématiques, et en tout cas de la géométrie euclidienne (les différentes sorte de géométrie peuvent être distinguées en considérant ce qui se conserve ou non lors des transformations géométriques; c’est ce que montrera le mathématicien allemand Félix Klein, qui apportera alors une nouvelle définition de la géométrie conçue comme l’étude des invariants de différents groupes de transformation).

Helmholtz a par ailleurs réalisé des recherches sur l’optique physiologique qui l’ont conduit à développer une théorie de la perception accordant une place centrale aux "inférences inconscientes" dans l’interprétation des sensations. Il sera à ce titre l’un des auteurs par rapport auquel Piaget prendra position, tant dans ses travaux sur les mécanismes perceptifs que dans ses études sur l’épistémologie de l’espace.

Parmi ses écrits mentionnons son "Mémoire sur la conservation de la force" (1847), le "Manuel d’optique physiologique" (1856), et "Sur les faits qui servent de base à la géométrie" (1868).

Lien URL: http://www-history.mcs.st-andrews.ac.uk/Mathematicians/Helmholtz.html


Henriques Gil
( 1935 -      )
Né à Porto (Portugal) en 1935, Gil Henriques a obtenu en 1961 une licence en sciences mathématiques à l'Université de cette ville et en 1963 un doctorat en géométrie différentielle à l'Université de Heidelberg (Allemagne). En 1963 et 1964 il poursuit des recherches mathématiques à l'Université de Montpellier (France) avant d'obtenir en 1967 une licence en philosophie à l'Université Grégorienne de Rome. Entre 1964 et 1966, puis entre 1970 et 1972 il est nommé chargé de cours puis professeur auxiliaire en mathématiques à l'Université de Porto. Entre-temps, de 1968 à 1970, il devient pour la première fois collaborateur au CIEG, un poste qu'il retrouvera pour ne plus l'abandonner à partir de 1968. Après le décès de Piaget en 1980, il sera appelé à diriger le Centre de 1981 à 1985, date où l'Université de Genève décidera sa fermeture.
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Né à Porto (Portugal) en 1935, Gil Henriques a obtenu en 1961 une licence en sciences mathématiques à l'Université de cette ville et en 1963 un doctorat en géométrie différentielle à l'Université de Heidelberg (Allemagne). En 1963 et 1964 il poursuit des recherches mathématiques à l'Université de Montpellier (France) avant d'obtenir en 1967 une licence en philosophie à l'Université Grégorienne de Rome. Entre 1964 et 1966, puis entre 1970 et 1972 il est nommé chargé de cours puis professeur auxiliaire en mathématiques à l'Université de Porto. Entre-temps, de 1968 à 1970, il devient pour la première fois collaborateur au CIEG, un poste qu'il retrouvera pour ne plus l'abandonner à partir de 1968. Après le décès de Piaget en 1980, il sera appelé à diriger le Centre de 1981 à 1985, date où l'Université de Genève décidera sa fermeture.

Le parcours de G. Henriques, sa double formation en mathématique et en philosophie (allemande en particulier), son intérêt très vif non seulement en mathématique pure, mais aussi en histoire des mathématiques et dans les questions de fondements, sa vaste culture scientifique expliquent pour une large part la richesse de son apport à l'épistémologie génétique, notamment lorsque celle-ci a pris comme objet d'étude la construction des structures opératoires, la formation des raisons, mais aussi les rapports entre morphismes et transformations dans la pensée humaine. Incontestablement, Henriques appartient à ce petit groupe d'auteurs, très proches de Piaget, qui a pleinement compris l'importance de son oeuvre et de sa méthode pour cette science de la science que constitue l'épistémologie, en ses différentes facettes. Hormis ses écrits de mathématique publiés entre 1963 et 1969, on trouve sous sa plume une vingtaine d'articles ou chapitres d'ouvrages qui tous relèvent de l'épistémologie génétique. Certains d'entre eux sont ou seront placés dans la section "Textes" du site de la Fondation, sous l'entrée "Littérature secondaire I".


Hilbert David
( 1862 - 1943 )
Mathématicien allemand

Comme Cantor, Dedekind, Frege et bien d’autres, Hilbert appartient à ce puissant courant de mathématiciens allemands qui ont contribué à reconstruire sur des bases axiomatiques la mathématique à la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième.

Après avoir participé à l’étude des invariants propres à chacune des nouvelles théories issues de la découverte de la non-unicité de la géométrie euclidienne, Hilbert s’est attelé à l’analyse des fondements de la géométrie. C’est alors qu’il en arrivera à proposer une démarche rigoureuse pour tenter de démontrer définitivement la solidité logique de toutes les parties de la mathématiques, et spécialement de l’arithmétique. Le formalisme, nom donné à l’approche proposée par Hilbert pour cette entreprise, consiste à n’accepter, comme procédés de démonstration dans les travaux de fondement, que ceux réaliss au moyen d’un langage mathématique parfaitement défini, qui ne fait appel à rien d’autre qu’aux signes matériels de ce langage, aux règles finies de composition des expressions de ce langage, et d’action logique sur ces expressions.
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David Hilbert (1862-1943). Mathématicien allemand

Comme Cantor, Dedekind, Frege et bien d’autres, Hilbert appartient à ce puissant courant de mathématiciens allemands qui ont contribué à reconstruire sur des bases axiomatiques la mathématique à la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième.

Après avoir participé à l’étude des invariants propres à chacune des nouvelles théories issues de la découverte de la non-unicité de la géométrie euclidienne, Hilbert s’est attelé à l’analyse des fondements de la géométrie. C’est alors qu’il en arrivera à proposer une démarche rigoureuse pour tenter de démontrer définitivement la solidité logique de toutes les parties de la mathématiques, et spcialement de l’arithmétique. Le formalisme, nom donné à l’approche proposée par Hilbert pour cette entreprise, consiste à n’accepter, comme procédés de démonstration dans les travaux de fondement, que ceux réalisés au moyen d’un langage mathématique parfaitement défini, qui ne fait appel à rien d’autre qu’aux signes matériels de ce langage, aux règles finies de composition des expressions de ce langage, et d’action logique sur ces expressions.

L’important programme de recherche proposé par Hilbert au début du vingtième siècle aboutira à un échec partiel dans la mesure où le mathématicien Gödel en montrera les limites (en confirmant les réserves de Poincaré par rapport au formalisme). Mais par ailleurs ce programme contribuera à apporter un degré maximal de précision et de rigueur logique dans les recherches mathématiques, tout en évitant de tomber dans le réductionnisme logiciste de Frege et de Russell. Comme l’ensemble des travaux de fondement réalisés par ces mathématiciens et par bien d’autres, les définitions auxquelles ils ont abouti ont joué un rôle important dans l’élaboration de la psychologie et de l’épistémologie génétiques.

Parmi les écrits de Hilbert, mentionnons les "Fondements de la géométrie" (1899) et l’article dans lequel il jette les bases du formalisme: "Sur les fondements de la logique et de l’arithmétique" (1904).


Höffding Harald
( 1843 - 1931 )
Philosophe danois

Höffding est l’un des philosophes qui, à la fin du dix-neuvième siècle, ont tenté d’adapter la philosophie de Kant au progrès des sciences et à l’apparition de la psychologie scientifique. Un bon nombre de ses ouvrages seront traduits en français, dont, par exemple, "L’esquisse d’une psychologie fondée sur l’expérience" (1882), et surtout l’ouvrage sur "La pensée humaine, ses formes et ses problmes" (1910, trad. fr. 1911), dont Piaget a pu s'inspirer dansde ses travaux sur la naissance de l’intelligence et la construction du réel chez l'enfant.
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Harald Höffding (1843-1931). Philosophe danois

Höffding est l’un des philosophes qui, à la fin du dix-neuvième siècle, ont tenté d’adapter la philosophie de Kant au progrès des sciences et à l’apparition de la psychologie scientifique. Un bon nombre de ses ouvrages seront traduits en français, dont, par exemple, "L’esquisse d’une psychologie fondée sur l’expérience" (1882), et surtout l’ouvrage sur "La pensée humaine, ses formes et ses problèmes" (1910, trad. fr. 1911), que Piaget a lu. On y trouve, assez longuement développée, la thèse selon laquelle l’articulation des intuitions, ou les "intuitions articulées", sont une préparation au jugement logique. On y trouve également un exposé des catégories (non seulement celle, par exemple, d’espace, mais aussi celle de totalité) sur lequel Piaget s’appuiera lors de ses travaux sur la naissance de l’intelligence et la construction du réel. On y trouve enfin, et surtout, la première formulation et la première analyse poussée de ce cercle du sujet et de l’objet que Piaget reprendra et développera dans sa théorie de la connaissance, non sans mentionner l’analyse du philosophe danois. Signalons par ailleurs que, dans ses recherches en mécanique quantique, le physicien danois Niels Bohr s’est lui aussi appuyé sur la théorie de la connaissance développée par son compatriote.


Hume David
( 1711 - 1776 )
Philosophe écossais

Hume est l’un des principaux défenseurs de l’empirisme que son compatriote Locke avait dressé contre le rationalisme au début du dix-huitième siècle. Pour lui, comme pour Locke, la connaissance est tout entière basée sur les sensations et sur le mécanisme qui les associe pour composer des idées. Sa finesse d’esprit et son absence de tout dogmatisme l’ont conduit cependant à tirer toutes les conséquences de cette théorie de la connaissance. S’il est vrai que les principes rationnels, et en particulier le principe de causalité, ne sont pas apriori mais sont des habitudes issues de la répétition des expériences et de l’association des sensations, alors il faut admettre que les sciences de la nature, y compris la physique de Newton qui a pourtant servi de modèle à Locke puis à Hume, ne peuvent pas proposer de véritables explications des phénomènes et n’ont pas plus de valeur de vérité que l’opinion.
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David Hume (1711-1776). Philosophe écossais

Hume est l’un des principaux défenseurs de l’empirisme que son compatriote Locke avait dressé contre le rationalisme au début du dix-huitième siècle. Pour lui, comme pour Locke, la connaissance est tout entière basée sur les sensations et sur le mécanisme qui les associe pour composer des idées. Sa finesse d’esprit et son absence de tout dogmatisme l’ont conduit cependant à tirer toutes les conséquences de cette théorie de la connaissance. S’il est vrai que les principes rationnels, et en particulier le principe de causalité, ne sont pas apriori mais sont des habitudes issues de la répétition des expériences et de l’association des sensations, alors il faut admettre que les sciences de la nature, y compris la physique de Newton qui a pourtant servi de modèle à Locke puis à Hume, ne peuvent pas proposer de véritables explications des phénomènes et n’ont pas plus de valeur de vérité que l’opinion.

Avec Hume ressurgit ainsi l’ancien scepticisme d’un Protagoras quant à la possibilité d’une science capable de dire le vrai. Confronté tant au Charybde du rationalisme classique et sa foi débridée en la puissance de la raison, qu’au Scylla de l’empirisme sceptique, il faudra plusieurs années à Kant pour trouver une solution plausible qui, tout en accordant à Hume le rôle essentiel que joue l’expérience dans la construction des connaissances scientifiques, conserve la possibilité d’une science rationnelle de la nature, c’est-à-dire d’une science capable d’expliquer les phénomènes et de formuler des jugements vrais et objectifs ne se réduisant pas à des trivialités logiques (à des "tautologies").

Parmi les ouvrages de Hume, citons son "Traité sur la nature humaine" (1739), dont on trouve une version abrégée et modifiée dans les "Essais sur l’entendement humain" (1748).


Husserl Edmund
( 1859 - 1938 )
Mathématicien et philosophe allemand

À la suite de premiers travaux portant sur la nature des mathématiques, Husserl s'est donné comme projet de fonder une discipline philosophique, la phénoménologie, susceptible d’aboutir à une véritable connaissance philosophique. La méthode proposée à cet effet, la réduction phénoménologique, consiste à mettre entre parenthèses l’attitude naturelle face aux choses qui se présentent sur quelque plan que ce soit pour ne viser que leur essence ou leur signification. Qu’est-ce que le nombre, mais aussi qu’est-ce que l’image, qu’est-ce que la perception? Voilà le genre de questions auxquelles la phénoménologie cherche à répondre, non pas en apportant des solutions similaires à celles livrées par les sciences concernées, et que Husserl ne méprisait nullement, mais en cherchant à atteindre l’essence des réalités considérées (essence que saisit aussi l’attitude naturelle, mais sans s’efforcer de la décrire).
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Edmund Husserl (1859-1938). Mathématicien et philosophe allemand

À la suite de premiers travaux portant sur la nature des mathématiques, Husserl s'est donné comme projet de fonder une discipline philosophique, la phénoménologie, susceptible d’aboutir à une véritable connaissance philosophique. La méthode proposée dans ce but par Husserl, la réduction phénoménologique, consiste à mettre entre parenthèses l’attitude naturelle face aux choses qui se présentent sur quelque plan que ce soit pour ne viser que leur essence ou leur signification. Qu’est-ce que le nombre, mais aussi qu’est-ce que l’image, qu’est-ce que la perception, voilà le genre de questions auxquelles la phénoménologie cherche à répondre, non pas en apportant des solutions similaires à celles livrées par les sciences concernées, et que Husserl ne méprisait nullement, mais, encore une fois, en cherchant à atteindre l’essence des réalités considérées (essence que saisit aussi l’attitude naturelle, mais sans s’efforcer de la décrire).

Il est bien évident que la démarche proposée par Husserl et le but fixée par lui sont d’orientation contraire à ceux soutenus par Piaget, qui sont de se tourner vers la psychologie génétique et ses méthodes, mais aussi vers l'épistémologie mathématique et logique, pour résoudre de manière scientifique des problèmes tels que celui de la nature ou de l’essence du nombre. En dépit de cette opposition radicale d'approche et de projet, Husserl est l’un des rares philosophes pour qui Piaget avait un grand respect intellectuel. Mais si Piaget respecte et apprécie la philosophie de Husserl, sans pour autant croire que les résultats de sa démarche puisse atteindre le statut de connaissance, c’est vraisemblablement, d’une part que le philosophe allemand connaît bien ce dont il parle (les mathématiques notamment), et d’autre part que Piaget ne nie nullement le rôle joué par la réflexion philosophique dans la résolution des problèmes épistémologiques. En un sens Piaget lui-même s’est peut-être en partie livré à ce que Husserl appelle la description ou l’intuition phénoménologique des essences. Lorsqu’il décrit les opérations d’un enfant en train de résoudre un problème de sériation des événements dans le temps, il fait plus que décrire le comportement de l’enfant; il tente de saisir la notion même de temps conçue par cet enfant, et il l’analyse, serait-ce sommairement. Mais chez Piaget, la méthode réflexive n'est qu'un moment d'une démarche qui. pour atteindre des résultats scientifiques, doit se plier aux méthodes scientifiques reconnues en sciences naturelles, sociales et logico-mathématiques.

Parmi les nombreuses publications de Husserl (dont plusieurs parues après sa mort), citons les "Recherches logiques", dont le premier volume paraît en 1900, les "Idées directrices pour une phénoménologie" (1913), les "Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps" (1928) et enfin "La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale" (1954).

Liens URL:
http://mper.chez-alice.fr/auteurs/Husserl.html
http://www.aide-en-philo.com/biographie/husserl.htm
http://www.husserlpage.com/


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I

Inhelder Bärbel
( 1913 - 1997 )
Psychologue

Née le 15 avril 1913 à Saint-Gall (Suisse), Bärbel Inhelder a fait ses études à la faculté des lettres et à l’institut des sciences de l’éducation de l’université de Genève. Elle fut l’élève puis la principale collaboratrice de Piaget, avec lequel elle a publié de nombreux ouvrages sur la genèse de la pensée et de l’intelligence chez l’enfant. Reçue Docteur en philosophie en 1943, avec une importante étude sur les déficiences de l’intelligence chez l’enfant mentalement retardé, Bärbel Inhelder a acquis une réputation internationale grâce, non seulement, aux travaux réalisés avec Piaget, mais aussi à l’originalité de ses recherches personnelles, et notamment à l’attention qu’elle a portée aux composantes psychologiques du fonctionnement intellectuel de la pensée enfantine.
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Bärbel Inhelder (1913-1997). Psychologue

Née le 15 avril 1913 à Saint-Gall (Suisse), Bärbel Inhelder a fait ses études à la faculté des lettres et à l’institut des sciences de l’éducation de l’université de Genève. Elle fut l’élève puis la principale collaboratrice de Piaget, avec lequel elle a publié de nombreux ouvrages sur la genèse de la pensée et de l’intelligence chez l’enfant.

Reçue Docteur en philosophie en 1943, avec une importante étude sur les déficiences de l’intelligence chez l’enfant mentalement retardé, Bärbel Inhelder a acquis une réputation internationale grâce, non seulement, aux travaux réalisés avec Piaget, mais aussi à l’originalité de ses recherches personnelles, et notamment à l’attention qu’elle a portée aux composantes psychologiques du fonctionnement intellectuel de la pensée enfantine. Bärbel Inhelder a également toujours eu le souci d’ouvrir les travaux de l’école genevoise aux découvertes et aux conceptions propres aux autres courants de la psychologie du vingtième siècle. En raison de cette exigence d’ouverture, elle a d’abord tissé des liens personnels avec des savants étrangers tels que les Bühler, S. Escalona ou encore avec les initiateurs de la "révolution cognitiviste" aux Etats-Unis (G. Miller, J. Bruner et H. Simon notamment); puis elle a joué un rôle décisif dans le virage pris par les recherches réalisées à Genève à partir des années septante, qui ont placé au centre du questionnement les problèmes du fonctionnement psychologique et des mécanismes de développement.

Dotée d’une très vaste culture scientifique, philosophique et littéraire, elle a très tôt saisi l’importance de la psychologie et de l’épistémologie génétiques pour la connaissance de l’homme, de ses fonctionnements et dysfonctionnements psychologiques. Sans jamais négliger le lien consubstantiel qui unit la psychologie génétique et l’épistémologie génétique, et tout en participant de la manière la plus directe à la découverte des structures et des notions de l’intelligence opératoire, elle a voué une attention toute particulière à la dimension fonctionnelle des activités cognitives. Sans jamais nier la place des structures dans le développement intellectuel humain, dans la découverte desquelles elle a tenu un rôle de premier plan (notamment par les nombreuses situations expérimentales qu’elle a créées pour les révéler), elle s’est interrogée dès son fameux article de 1954 intitulé « Les attitudes expérimentales de l’enfant et de l’adolescent » sur les façons dont le sujet, enfant ou adolescent, utilise ou actualise ses notions et opérations mentales dans des contextes d’expérimentation ou de résolution de problèmes. Chez elle, l’intérêt pour le sujet psychologique était plus constant que chez Piaget, dont l’intérêt allait le plus souvent au pôle purement épistémique de l’activité humaine. Cette attention constante pour le fonctionnement compris dans toute sa complexité s’exprime le plus librement dans les recherches sur l’apprentissage opératoire réalisées à la fin des années soixante et au début des années septante, puis surtout dans les recherches sur le cheminement des découvertes. Dans ces dernières, elle n’hésite pas, avec ses collaborateurs, à suivre dans tous ses méandres la construction des représentations et des procédures variées utilisées par les sujets lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes pour lesquels ils ne possèdent pas de solution toute faite.

Bärbel Inhelder n’avait pas la plume facile. Cela ne l’a pas empêché de rédiger, en plus des écrits publiés avec Piaget, un grand nombre d’autres textes scientifiques, le plus souvent en collaboration avec ses élèves ou ses propres assistants ou collègues. Ceux-ci ont tous pu apprécier ses qualités à la fois scientifiques et humaines. Son extraordinaire perspicacité psychologique, ses talents maïeutiques, ses « hum » et ses regards qui en disaient long, elle ne les destinait pas seulement aux nombreux enfants qu’elle interrogeait, ou plutôt avec lesquels elle dialoguait, mais aussi à tous ceux qui furent assez audacieux pour se lancer dans des aventures intellectuelles dont elle pressentait la richesse. Nul doute que Piaget lui-même a été enrichi par les talents d’une collaboratrice qui a ainsi largement payé sa dette auprès du fondateur de la psychologie et de l'épistémologie génétique.

Parmi ses nombreuses publications, en plus des ouvrages de psychologie génétique qu’elle a rédigés avec Piaget, citons "Le diagnostic du raisonnement chez les débiles mentaux" (1943), "Le raisonnement expérimental de l’adolescent" (1952), "Les attitudes expérimentales de l’enfant et de l’adolescent" (1954), "Apprentissage et structures de la connaissance" (1974, avec H. Sinclair et M. Bovet), "Naissance de l’intelligence chez l’enfant Baoulé de Côte d’Ivoire" (1978, avec P. Dasen, M. Lavallée et J. Retschitzki).

Lien URL: http://archivespiaget.ch/fr/les-archives/b-inhelder/index.html


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J

James William
( 1842 - 1910 )
Médecin, psychologue et philosophe américain

Frère de l’écrivain Henri James, William James est l’un des fondateurs de la psychologie scientifique américaine (il crée à Harvard l’un des premiers laboratoires de psychologie, dont il se désintéressera pourtant très vite). La qualité du style autant que la finesse des analyses psychologiques qu’il y expose font de ses "Principes de psychologie" (1890) l’un des plus importants "best-seller" de toute l’histoire de cette science. Ses analyses des faits mentaux le conduisent au concept de "flux de conscience" qui préfigure les idées sur la durée de Bergson, auteur avec qui il partage une correspondance nourrie.
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William James (1842-1910). Médecin, psychologue et philosophe américain

Frère de l’écrivain Henri James, William James est l’un des fondateurs de la psychologie scientifique américaine (il crée à Harvard l’un des premiers laboratoires de psychologie, dont il se désintéressera pourtant très vite). La qualité du style autant que la finesse des analyses psychologiques qu’il y expose font de ses "Principes de psychologie" (1890) l’un des plus importants "best-seller" de toute l’histoire de cette science. Ses analyses des faits mentaux le conduisent au concept de "flux de conscience" qui préfigure les idées sur la durée de Bergson, auteur avec qui il partage une correspondance nourrie.

Vers 1900, James s’éloigne cependant de la psychologie scientifique pour soutenir une conception philosophique, le pragmatisme, qu'il emprunte à Charles Sanders Peirce, mais en lui donnant une tournure antiscientifique absente chez Peirce (ce dernier changera en conséquence le nom de sa doctrine pour éviter toute confusion!). Le pragmatisme de James, tel qu’il ressort du moins de son livre portant ce nom (et publié en français chez Flammarion en 1911), est en effet tout à la fois un utilitarisme métaphysique (il faut croire ce qui est bon ou utile de croire), un empirisme (l’expérience, et rien que l’expérience, y compris celle du spiritisme que James pratiquait) et une opposition à la thèse qu’il puisse exister quelque chose comme des connaissances objectives. On se doute que le jeune Piaget n’ait pas trouvé beaucoup d’idées à son goût dans le pragmatisme de James. L’une de celles qui a retenu son attention est celle de l’importance de l’action. Pourtant c’est une idée que Piaget s’empressera d’enrichir pour concevoir la notion d’une "logique de l’action" qui ne se concrétisera que bien plus tard, dans ses travaux sur le développement de l’intelligence sensori-motrice chez ses trois enfants.

Parmi les ouvrages de William James, mentionnons, en plus de ses "Principes de psychologie" de 1890, "Les variétés de l’expérience religieuse, une étude de la nature humaine" (1902, traduit en français sous le titre "L’expérience religieuse. Essai de psychologie descriptive"), et "Le pragmatisme" (1909, traduit en français en 1911).

Lien URL: http://mper.chez-alice.fr/auteurs/James.html


Janet Pierre
( 1859 - 1947 )
Philosophe, psychiatre et psychologue français

Auteur en 1889 d’une thèse en philosophie sur "L’automatisme psychologique" puis, en 1893, d’une thèse en médecine sur "L’état mental des hystériques" qui font date dans l’histoire de la psychologie et de la psychiatrie, titulaire de la chaire de psychologie pathologique au Collège de France, Janet est le psychologue qui, avec James-Mark Baldwin, a le plus profondément marqu la pensée psychologique de son élève Piaget. Son œuvre peut être partagée en deux étapes, l’une qui relève de l’analyse clinique des états de conscience, l’autre de l’étude des conduites.
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Pierre Janet (1859-1947). Philosophe, psychiatre et psychologue français

Auteur en 1889 d’une thèse en philosophie sur "L’automatisme psychologique" puis, en 1893, d’une thèse en médecine sur "L’état mental des hystériques" qui font date dans l’histoire de la psychologie et de la psychiatrie, titulaire de la chaire de psychologie pathologique au Collège de France, Janet est le psychologue qui, avec James-Mark Baldwin, a le plus profondément marqué la pensée psychologique de Piaget. Son œuvre peut être partagée en deux étapes, l’une qui relève de l’analyse clinique des états de conscience, l’autre de l’étude des conduites.

Ses premiers travaux sur l’automatisme conscient sont proches des découvertes de Freud en ce qu’ils concernent le déterminisme inconscient ou subconscient des états névrotiques. La critique que Janet formulera cependant contre le poids attribué par Freud à la libido sexuelle dans ce déterminisme empêchera toute rencontre entre les deux hommes, malgré la proximité de leurs premières découvertes.

Si Piaget a initialement pu trouver des suggestions importantes dans la première psychologie de Janet, c’est surtout la seconde qui a nourri ses réflexions psychologiques.

En s’appuyant sur les observations de la clinique psychiatrique, mais aussi sur les données recueillies en psychologie animale, en ethnologie et en psychologie génétique, Janet a établi un tableau hiérarchique des conduites, des plus simples (les conduites animales) aux plus complexes et aux plus compliquées (les conduites expérimentales), qui intègre aussi bien les dimensions sociales et affectives des actions, que leur dimension intellectuelle ou cognitive. L’élément clé de cette classification est la notion de complication. Plus une conduite est compliquée à réaliser, plus elle est psychologiquement coûteuse pour le sujet. Dès lors, partagé entre plusieurs buts, celui-ci tendra à distribuer ses efforts selon sa capacité d’investissement de l’énergie psychique plus ou moins grande dont il dispose, capacité liée à son état de santé mentale.

Cette conception à la fois énergétique et économique de la vie mentale forme la base d’une théorie de l’affectivité comme activité de régulation des actions qui permettra à Piaget de donner un sens psychologique profond à la notion d’activité du sujet. Enfin, Janet a réalisé des analyses des conduites supérieures (les conduites intellectuelles ou les "conduites de réalité" par exemple) qui insistent sur le rôle constituant du sujet dans leur construction. En lisant, en écoutant et en discutant avec Janet, Piaget a pu ainsi enrichir son intuition psychologique et la notion qu’il pouvait se faire de son objet d’étude.

Citons parmi les publications de Janet, outre ses thèses de philosophie et de médecine, "Névroses et idées fixes" (1898), "Les obsessions et la psychasthénie" (1903), "Les névroses" (1909), "Les stades de l’évolution psychologique" (1926), "De l’angoisse à l’extase" (1926-1928), "L’évolution psychologique de la mémoire" (1928), "La force et la faiblesse psychologique" (1930), "Les débuts de l’intelligence" (1935) et "L’intelligence avant le langage" (1936).

Liens URL:

http://www.pierre-janet.com/

Laurent Fedi: Jean Piaget, disciple de Pierre Janet


Jennings Herbert S.
( 1868 - 1947 )
Zoologue américain

Jennings a commencé sa carrière académique en enseignant la botanique et l’horticulture et soutenu une thèse en 1896 à Harvard. Il est nommé professeur de zoologie expérimentale à John Hopkins University où il a dirigé le laboratoire de zoologie dès 1910. Il est surtout connu par ses travaux de physiologie des micro-organismes, de génétique et de comportement animal. Son importance pour la psychologie se situe dans sa théorie des tropismes. Au contraire des théories mécanistes, prédominantes à l’époque, qui identifiaient les "atomes" du comportement aux tropismes, alors définis comme des réactions invariantes à des stimulations externes, il a affirmé qu’une part de conscience entre dans ces mécanismes. Il a insisté sur le fait que les organismes réagissaient en tant que totalités à des situations qui engagent toutes les parties du corps.
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Herbert S. Jennings (1868-1947). Zoologue américain

Jennings a commencé sa carrière académique en enseignant la botanique et l’horticulture et soutenu une thèse en 1896 à Harvard. Il est nommé professeur de zoologie expérimentale à John Hopkins University où il a dirigé le laboratoire de zoologie dès 1910. Il est surtout connu par ses travaux de physiologie des micro-organismes, de génétique et de comportement animal. Son importance pour la psychologie se situe dans sa théorie des tropismes. Au contraire des théories mcanistes, prédominantes à l’époque, qui identifiaient les "atomes" du comportement aux tropismes, alors définis comme des réactions invariantes à des stimulations externes, il a affirmé qu’une part de conscience entre dans ces mécanismes. Il a insisté sur le fait que les organismes réagissaient en tant que totalités à des situations qui engagent toutes les parties du corps. Chercheur de laboratoire, il invente un microscope qui permet d’étudier les mouvements des micro-organismes selon une vision latérale qui remettait en question les actions locales des tropismes défendues par Loeb.

Parmi ses ouvrages, mentionnons "Behavior of the Lower Organisms" (1906) et "Vie et mort. Hérédité et évolution chez les organismes unicellulaires" ( trad. fr. de 1927).


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K

Kant Emmanuel
( 1724 - 1804 )
Philosophe allemand

Professeur de logique et de métaphysique à Königsberg (aujourd’hui Kaliningrad), auteur de l’un des écrits les plus importants de toute la philosophie occidentale, la "Critique de la raison pure", Kant a profondément changé la notion de connaissance en montrant comment une connaissance objective est possible alors même que l’esprit humain ne peut appréhender la réalité que par l’intermédiaire d’un certain nombre de "concepts de l’entendement" et de "formes de la sensibilité", qui proviennent du sujet et ne peuvent être tirés de l’expérience sensible (dans la mesure où ils en sont au contraire la condition). Cette insistance sur le rôle du sujet dans la constitution des sciences a, d’une certaine façon, ouvert la voie qui aboutira un siècle et demi plus tard à la psychologie et à l’épistémologie génétiques.
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Emmanuel Kant (1724-1804). Philosophe allemand

Professeur de logique et de métaphysique à Königsberg (aujourd’hui Kaliningrad), auteur de l’un des écrits les plus importants de toute la philosophie occidentale, la "Critique de la raison pure", Kant a profondément changé la notion de connaissance en montrant comment une connaissance objective est possible alors même que l’esprit humain ne peut appréhender la réalité que par l’intermédiaire d’un certain nombre de "concepts de l’entendement" et de "formes de la sensibilité", qui proviennent du sujet et ne peuvent être tirés de l’expérience sensible (dans la mesure où ils en sont au contraire la condition). Cette insistance sur le rôle du sujet dans la constitution des sciences a, d’une certaine façon, ouvert la voie qui aboutira un siècle et demi plus tard à la psychologie et à l’épistémologie génétiques.

C’est en s’interrogeant sur les conditions de possibilité de sciences telles que la géométrie euclidienne ou la physique newtonienne que Kant a ét amené à ce qu’il a lui-même appelé une révolution copernicienne dans la conception de la connaissance. Alors que l’attitude spontanée du sens commun est de considérer que, pour qu’il y ait connaissance, il convient que l’esprit se règle ou se moule sur les formes alors supposées préexister de la réalité, une réflexion critique systématiquement conduite pendant près d’une dizaine d’années a amené Kant à la thèse selon laquelle c’est au contraire en réglant (inconsciemment) ses affirmations selon les formes et les concepts apriori (logiquement antérieurs à l’expérience) que la pensée humaine parvient à formuler des jugements ayant valeur de connaissance relativement à la réalité offerte par cette expérience et qu’elle contribue à organiser. Ces concepts et ces formes apriori sont, entre autres, le temps et l’espace. En s’appuyant sur eux, la pensée humaine peut, par exemple, produire et étudier des objets tels qu’un triangle ou un nombre, au sujet desquels il lui est possible d’émettre des jugements synthétiques apriori, c’est-à-dire affirmer quelque chose à la fois d’instructif, de constructif et de nécessaire par rapport à la réalité étudiée.

Même si le détail de la conception de Kant n’a pas résisté au progrès des sciences, la thèse générale de l’apriorisme se retrouvera, sous une forme certes modifiée, au cœur même de la solution de Piaget, dans la mesure où toute connaissance dépend d’une assimilation du réel à des schèmes ou à des formes logico-mathématiques d’organisation construites par le sujet.

Après sa contribution majeure sur la nature et la portée de la raison, de l’entendement et de la sensibilité comme source de connaissances universelles, Kant a porté sa réflexion critique sur l’action et la morale humaines en mettant en lumière les principes apriori, et donc internes au sujet, auxquels celui-ci peut librement se soumettre et qui sont ainsi susceptibles de déterminer sa conduite. Ce faisant, il a amené en pleine lumière la notion d’autonomie morale, qui sera reprise par Piaget dans ses travaux sur la genèse du jugement moral chez l’enfant.

Parmi les publications de Kant, en plus de la "Critique de la raison pure" (1781), citons les "Prolégomènes à toute métaphysique future visant à se présenter comme science" (1786), la "Critique de la raison pratique" (1788) et enfin la "Critique de la faculté de juger" (1790), dans laquelle l’auteur formule une idée tout à fait moderne de la finalité, susceptible de relier l’un à l’autre le déterminisme naturel et la liberté humaine.

Liens URL:
http://atheisme.free.fr/Biographies/Kant.htm
http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Emmanuel_Kant
http://www.chez.com/kant/maquette/noframe/index.html
http://dmoz.org/World/Français/Sciences/Sciences_humaines_et_sociales/Philosophie/Philosophes/K/Kant,_Emmanuel/


Kelsen Hans
( 1881 - 1973 )
Juriste et philosophe du droit

Enseignant à l’institut des hautes études internationales de Genève dès le milieu des années trente, puis à l’université de Harvard, Kelsen est l’auteur d’une théorie pure du droit qui est l’une des plus importantes contributions de ce siècle à la science juridique. Les normes, les lois, les obligations, les sanctions juridiques, etc., sont des faits normatifs autonomes par rapport aux objets des autres sciences, la morale comprise. L’étude de ces faits relève ainsi d’une science du droit appartenant certes aux sciences sociales, mais qui est libre de toute soumission par rapport aux autres disciplines.
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Hans Kelsen (1881-1973)

Juriste et philosophe du droit, enseignant à l’institut des hautes études internationales de Genève dès le milieu des années trente, puis à l’université de Harvard, Kelsen est l’auteur d’une théorie pure du droit qui est l’une des plus importantes contributions de ce siècle à la science juridique. Les normes, les lois, les obligations, les sanctions juridiques, etc., sont des faits normatifs autonomes par rapport aux objets des autres sciences, la morale comprise. L’étude de ces faits relève ainsi d’une science du droit appartenant certes aux sciences sociales, mais qui est libre de toute soumission par rapport aux autres disciplines.

Contrairement aux objets des sciences naturelles, dont les relations relèvent de la causalité, les faits normatifs étudiés par le droit sont produits par des actes juridiques libres. Les liens qui les relient les uns aux autres (par exemple un acte illicite et sa sanction) ne relèvent pas de la causalité, mais de ce que Kelsen appelle l’imputation. Les différents droits que le savant peut étudier étant le produit d’actes juridiques, se pose le problème de leur fondement, ou de la source ultime de ces actes. Pour Kelsen, dans nos sociétés modernes, cette source est l’Etat, considéré comme point d’imputation et comme personnalité juridique, ainsi que ceux qui, par leur fonction au sein de cet Etat, ont pouvoir de créer le droit (dans les sociétés anciennes, la source du droit est la société toute entière, qui délègue à chacun de ces membres ce pouvoir de création).

Ce bref résumé permet de comprendre en quoi Piaget et Kelsen sont proches, et en quoi ils s’opposent. Piaget trouve auprès de Kelsen une confirmation de l’attitude méthodologique qui consiste à considérer les normes comme pouvant être l’objet d’une étude positive, qui n’a pas pour but de les fonder, mais d’étudier leur fondement ou leur genèse. La distinction établie par Kelsen entre le domaine de la causalité et le domaine de l’imputation conforte également l’opposition que Piaget voit entre le domaine de la causalité et celui de l’implication logique. Mais Piaget se refuse à introduire des frontières tranchées entre les sciences, et à opposer les sciences sociales et morales aux sciences naturelles (en particulier la biologie). C’est ce qui lui permet d’éviter de suspendre dans le vide la logique, le droit ou la morale.

Parmi les ouvrages de Kelsen mentionnons sa "Théorie pure du droit" (1934; la première édition a été traduite en français en 1953, la seconde, en 1962).


Köhler Wolfgang
( 1887 - 1967 )
Psychologue allemand

Physicien de formation, Köhler occupe en 1921 la chaire de psychologie à Berlin puis, fuyant la montée du nazisme, il émigre aux Etats-Unis en 1934 où il enseigne alors jusqu’à sa mort. Il est l’un des trois fondateurs, avec Max Wertheimer et Kurt Koffka, de l’école de la "Gestaltpsychologie". La thèse centrale de cette école porte sur les relations entre les totalités et leurs parties. Selon cette thèse, le tout est différent de la somme des parties et obéit à des lois dites de bonnes formes (symétrie, simplicité, etc.) qui structurent les relations entre les parties d’une totalité. Les "Gestalt" existent mentalement et physiquement selon le postulat d’isomorphisme décrivant la correspondance supposée exister entre la série des événements neurophysiologiques et la série des événements psychologiques.
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Wolfgang Köhler (1887-1967). Psychologue allemand

Physicien de formation, Köhler occupe en 1921 la chaire de psychologie à Berlin puis, fuyant la montée du nazisme, il émigre aux Etats-Unis en 1934 où il enseigne alors jusqu’à sa mort. Il est l’un des trois fondateurs, avec Max Wertheimer et Kurt Koffka, de l’école de la "Gestaltpsychologie". La thèse centrale de cette école porte sur les relations entre les totalités et leurs parties. Selon cette thèse, le tout est différent de la somme des parties et obéit à des lois dites de bonnes formes (symétrie, simplicité, etc.) qui structurent les relations entre les parties d’une totalité. Les "Gestalt" existent mentalement et physiquement selon le postulat d’isomorphisme décrivant la correspondance supposée exister entre la série des événements neurophysiologiques et la série des événements psychologiques.

Entre autres recherches, Köhler a réalisé dans les années dix d’importants travaux sur l’intelligence des singes supérieurs, dans lesquels il interprète "l’insight", c’est-à-dire la solution soudaine que ces singes peuvent trouver à un problème pratique qu’il leur pose, comme la conséquence d’une réorganisation soudaine du contenu de leur champ perceptif.

Ces recherches sur les singes sont de la même veine que celles sur l’intelligence sensori-motrice des enfants réalisées une quinzaine d’année plus tard par Piaget. Les deux auteurs savent créer des situations originales susceptibles de révéler les compétences intellectuelles des sujets qu’ils étudient. Mais deux différences essentielles les séparent. Premièrement, Köhler n’étudie pas la genèse de l’intelligence pratique mais seulement la forme qu’elle peut prendre en son étape terminale. Et deuxièmement, ses recherches sur les singes se sont pas encadrées par une grille d’analyse de richesse comparable à celle, à la fois biologique, psychologique et épistémologique, utilisée par Piaget pour étudier les conduites de ses trois enfants.

En dépit de ces différences, et contrairement aux thèses issues du courant de la psychologie associationniste, les conceptions auxquelles ont abouti Köhler et ses collègues gestaltistes ont trouvé un certain écho auprès de Piaget, non pas qu’il s’en soit inspiré pour édifier ses propres explications psychologiques, mais par leur insistance sur le rôle des structures ou des totalités dans les conduites intelligentes.

Les thèses et expériences de Köhler sont publiées dans "Intelligenzprüfungen am Menschenaffen" (1917, trad. fr. "L’intelligence chez les singes supérieurs", 1927), "Gestalt Psychology" (1929, trad. fr. "La psychologie de la Forme", 1964) et "Dynamics in Psychology" (1940).


Kronecker Léopold
( 1823 - 1891 )
Mathématicien allemand

Kronecker fut un spécialiste de la théorie des nombres et de la théorie des fonctions mathématiques. Il défendit la thèse selon laquelle toute la mathématique repose sur le concept de nombre entier et il peut en ce sens être considéré comme un précurseur de l’intuitionnisme en philosophie des mathématiques (Brouwer, Poincaré, etc.). Sa conception est entièrement contenue dans cette formule lapidaire qu’on lui prête : "Dieu fit le nombre entier, le reste est l’œuvre de l’homme".

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L

Lalande André
( 1867 - 1963 )
Philosophe français

Professeur de philosophie à la Sorbonne et membre de l’Académie des sciences morales et politiques, Lalande est l’auteur du dictionnaire de philosophie le plus connu en langue française, le "Vocabulaire technique et critique de la philosophie", dont la première édition date de 1925, et la neuvième, la dernière parue du vivant de son auteur, de 1962. Après une thèse sur "L’idée de dissolution opposée à celle d’évolution", soutenue en 1899 et dans laquelle, tout en étant marqué par la philosophie évolutionniste de Spencer, il lui opposait l’idée selon laquelle les transformations des réalités physiques et mentales (l’intelligence, la morale, etc.) vont à l’encontre de ce mouvement de différenciation sur lequel insistait le philosophe britannique, Lalande n’a eu de cesse de défendre l’universalité de la raison face aux thèses de philosophes comme Bergson, qui soutenaient le caractère créateur et différenciateur des réalités biologiques et psychologiques.
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André Lalande (1867-1963). Philosophe français

Professeur de philosophie à la Sorbonne et membre de l’Académie des sciences morales et politiques, Lalande est l’auteur du dictionnaire de philosophie le plus connu en langue française, le "Vocabulaire technique et critique de la philosophie", dont la première édition date de 1925, et la neuvième, la dernière parue du vivant de son auteur, de 1962.

Après une thèse sur "L’idée de dissolution opposée à celle d’évolution", soutenue en 1899 et dans laquelle, tout en étant marqué par la philosophie évolutionniste de Spencer, il lui opposait l’idée selon laquelle les transformations des réalités physiques et mentales (l’intelligence, la morale, etc.) vont à l’encontre de ce mouvement de différenciation sur lequel insistait le philosophe britannique, Lalande n’a eu de cesse de défendre l’universalité de la raison face aux thèses de philosophes comme Bergson, qui soutenaient le caractère créateur et différenciateur des réalités biologiques et psychologiques.

Partageant avec Emile Meyerson la croyance selon laquelle l’esprit humain est tout entier guidé dans sa progression par le seul principe d’identité, Lalande en est arrivé à distinguer dans l’histoire des sciences et de la morale une raison constituée, faite de multiples lois et concepts de portée de plus en plus universelle, mais qui peuvent naître et disparaître au cours de cette histoire, et une raison constituante, composée de l’action permanente de ce seul principe.

Tout en sympathisant avec cette distinction entre une raison statique et une raison dynamique, Piaget refusera d’opposer, comme le faisait Lalande, d’un côté le monde de la vie biologique, et de l’autre le monde de la matière et de l’esprit. Pour lui il y a à la fois, dans la vie de l’esprit, un caractère créateur et différenciateur, et un caractère intégrateur tendant vers l’universalité. Pour Piaget, la raison constituante ne saurait être ainsi réduite au principe d’identité. Elle est le fait d’une organisation qui tout à la fois s’enrichit et se différencie au cours de son histoire, et réunit dans une unité de plus en plus vaste et équilibrée la totalité des êtres. En d’autres termes, Piaget n’oppose pas l’un et le multiple; il trouve le moyen de les rassembler grâce aux notions conjointes d’organisation biologique et d’organisation intellectuelle, qui sous-tendent la notion d’intelligence opératoire.

Citons parmi les publications de Lalande, en plus de sa thèse sur "l’Idée directrice de la dissolution opposée à celle de l’évolution dans la méthode des sciences physiques et morales" (1899), ses "Lectures sur la philosophie des sciences" (1893), "Raison constituante et raison constituée" (1925, réédité dans "André Lalande par lui-même", 1967), "Théorie de l’induction et de l’expérimentation" (1929), et enfin "Vocabulaire technique et critique de la philosophie" (1ère éd. 1925).


Lamarck Jean-Baptiste
( 1744 - 1829 )
Naturaliste français

Créateur de la notion de biologie, au sens d’une science unique des organisations vivantes, Lamarck est le premier naturaliste à avoir pleinement développé une théorie de l’origine des espèces en faisant l’hypothèse de l’existence d’un mécanisme naturel de transformation venant compléter la thèse supra-scientifique de l’existence d’un plan divin de la nature. Pour vivre les organismes sont contraints d’interagir avec leur milieu. Ils doivent se nourrir, se déplacer, etc. Les circonstances ne cessant de varier, ils s’efforcent de s’adapter à ces variations par les moyens qui leur sont accessibles. Cet effort d’adaptation se traduit par des modifications de formes ou de propriétés des organismes, et pour peu que ces modifications se produisent sur deux individus qui vont s’unir pour se reproduire, leurs descendants hériteront de ces transformations et seront ainsi dès le départ mieux adaptés au nouveau milieu.
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Jean-Baptiste Lamarck De Monet (1744-1829). Naturaliste français

Créateur de la notion de biologie, au sens d’une science unique des organisations vivantes, Lamarck est le premier naturaliste à avoir pleinement développé une théorie de l’origine des espèces en faisant l’hypothèse de l’existence d’un mécanisme naturel de transformation venant compléter la thèse supra-scientifique de l’existence d’un plan divin de la nature.

Profondément marqué par les succès de la physique newtonienne, c’est par une approche complémentaire, à la fois biologique (c’est-à-dire finaliste) et physique qu’il aborde cette question de la transformation ou du "perfectionnement" des êtres vivants au cours de l’histoire de la vie. Pour vivre les organismes sont contraints d’interagir avec leur milieu. Ils doivent se nourrir, se déplacer, etc. Les circonstances ne cessant de varier, ils s’efforcent de s’adapter à ces variations par les moyens qui leur sont accessibles. Cet effort d’adaptation se traduit par des modifications de formes ou de propriétés des organismes, et pour peu que ces modifications se produisent sur deux individus qui vont s’unir pour se reproduire, leurs descendants hériteront de ces transformations et seront ainsi dès le départ mieux adaptés au nouveau milieu.

Lamarck ne se fonde sur aucun fait pour concevoir ce mécanisme, hormis la constatation des modifications des formes ou des propriétés des organismes individuels en fonction des circonstances dans lesquelles ils vivent. C’est de là qu’il part pour édifier cette conception de l’hérédité des caractères acquis, qui sera dès lors largement dépendante d’idées empruntées à la physique (comme celles d’interaction et d’équilibre).

D’autres biologistes spéculeront après lui sur le mécanisme en jeu, en contribuant à enrichir son explication, et c’est dans ce courant, le lamarckisme, que s’inscrira le jeune Piaget lorsqu’il sera à son tour confronté au problème d’imaginer comment les comportements adaptatifs des organismes peuvent agir sur l’évolution des espèces. Même si ultérieurement Piaget prendra quelque distance avec une forme d’explication qui, selon lui, accorde une place trop importante au rôle des circonstances dans l’évolution biologique, il n’en retiendra pas moins l’essentiel de la doctrine de Lamarck, à savoir l’idée d’un perfectionnement des êtres vivants, et l’idée selon laquelle les adaptations individuelles des organismes à leur milieu sont des éléments clé de l’évolution, ces deux idées étant toutefois complétées par celle d’équilibre (et d’équilibration) interne à l’organisme.

Parmi les publications de Lamarck, citons sa "Philosophie zoologique" (1809) et "l’Histoire des animaux sans vertèbres" (1815-1822).


Leibniz Gottfried Wilhelm
( 1646 - 1716 )
Philosophe et mathématicien allemand

Diplomate, esprit éclectique et touche à tout de génie, métaphysicien, farouche défenseur du rationalisme face à l’empirisme de Locke, mathématicien créateur, en même temps que Newton, du calcul différentiel et intégral, Leibniz a complètement modifié l’ancienne notion que les philosophes et mathématiciens se faisaient de la logique en la concevant, en partie à la suite de Hobbes, comme un calcul des idées et comme un langage universel au moyen duquel l’ensemble des jugements et des raisonnements de la pensée pourraient être exprimés, en les débarrassant de toute ambiguïté. C’est en esquissant cette entreprise de refonte de la logique que Leibniz en est arrivé à jeter les premières bases du calcul des idées, alors conçu selon le modèle fourni par l’algèbre numérique.
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Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716). Philosophe et mathématicien allemand

Diplomate, esprit éclectique et touche à tout de génie, métaphysicien, farouche défenseur du rationalisme face à l’empirisme de Locke, mathématicien créateur, en même temps que Newton, du calcul différentiel et intégral, Leibniz a complètement modifié l’ancienne notion que les philosophes et mathématiciens se faisaient de la logique en la concevant, en partie à la suite de Hobbes, comme un calcul des idées et comme un langage universel au moyen duquel l’ensemble des jugements et des raisonnements de la pensée pourraient être exprimés, en les débarrassant de toute ambiguïté. C’est en esquissant cette entreprise de refonte de la logique que Leibniz en est arrivé à jeter les premières bases du calcul des idées, alors conçu selon le modèle fourni par l’algèbre numérique.

Par ailleurs Leibniz est l’auteur d’un système de philosophie dans lequel la réalité est conçue comme composée de "monades", qui sont des entités inétendues, spirituelles et actives, dont chacune, du point de vue qui est le sien, exprime dans les moindres détails, mais de façon plus ou moins claire, la totalité des autres (la correspondance entre les monades étant alors supposée résulter d’une harmonie préétablie par Dieu). Si Piaget n’a pas été directement marqué par Leibniz, il l’a été indirectement dans la mesure où la logique et la philosophie de cet auteur se reflètent dans des travaux tels que ceux du logicien français Louis Couturat (pour ce qui est de l’algèbre logique), et, du philosophe Fouillée, mais aussi dans l’organicisme généralement adopté par les biologistes français qui ont influencé Piaget.

Des rares ouvrages publiés par Leibniz on rappellera ici les "Nouveaux essais sur l’entendement humain" (1710) et la "Monadologie" (1714).

Liens URL:
http://www.bibmath.net/bios/index.php?action=affiche&quoi=leibniz
http://mathematiques.ac-bordeaux.fr/viemaths/hist/mthacc/leibniz.htm
http://philonet.fr/auteurs/Leibniz.html


Lévy-Bruhl Lucien
( 1857 - 1939 )
Philosophe et sociologue français

Professeur d’histoire de la philosophie moderne à la Sorbonne, adhérant aux thèses sociologiques de Durkheim, Lévy-Bruhl a consacré de longues études aux formes primitives de la mentalité humaine, telles qu’elles ressortaient à ses yeux des enquêtes de terrains réalisées par les ethnologues dans les sociétés sans écriture. Dans ses premiers travaux sur la causalité enfantine et sur la représentation du monde chez l'enfant, Piaget s'inspirera des caractéristiques attribuées par Lévy-Bruhl à la "mentalité primitive".
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Lévy-Bruhl Lucien (1857-1939). Philosophe et sociologue français

Professeur d’histoire de la philosophie moderne à la Sorbonne, adhérant aux thèses sociologiques de Durkheim, Lévy-Bruhl a consacré de longues études aux formes primitives de la mentalité humaine, telles qu’elles ressortaient à ses yeux des enquêtes de terrains réalisées par les ethnologues dans les sociétés sans écriture.

Bien que restant superficielles, les descriptions qu’il a faites des formes de pensée et des formes d’explication fréquemment employées dans ces sociétés fournissent l’un des cadres d’assimilation utilisés par Piaget lors de ses premiers travaux sur la genèse de la causalité et de la représentation du monde chez l’enfant. Piaget a pu ainsi montrer les parentés qui existent entre la mentalité dite primitive et la mentalité du jeune enfant (causalité par participation, animisme, etc.). Toutefois les thèses de Lévy-Bruhl sont limitées par le fait que le philosophe français n’a pas considéré l’intelligence pratique à l’œuvre dans ces peuples. De plus, comme bon nombre de ses commentateurs d’ailleurs, il ne disposait ni des instruments d’étude, ni des connaissances, ni des faits lui permettant de découvrir les structures profondes de pensée qui organisent les descriptions et les explications mythologiques du monde, et de comparer les logiques en jeu dans les différentes formes de pensée.

Parmi les ouvrages de Lévy-Bruhl, citons "La philosophie d’Auguste Comte" (1900), "La morale et la sciences des moeurs" (1903), "Les fonctions mentales dans les sociétés inférieures" (1910) et "La mentalité primitive" (1922).


Locke John
( 1632 - 1704 )
Politicien et philosophe anglais

Appartenant à la grande tradition de l’empirisme anglais, dont il est l’un des principaux auteurs, Locke a été fortement marqué par la théorie physique de Newton et par les succès rencontrés par elle dans son explication des phénomènes naturels. Newton accordait beaucoup plus de place que Descartes à l’expérience dans l’édification de la physique, et défendait la thèse selon laquelle les seules hypothèse acceptable en science sont celles qui sont tirées de l’expérience. Prenant appui sur cette conception de la science, Locke a non seulement soutenu avec force l’empirisme en philosophie de la connaissance, mais il a aussi prôné l’étude empirique des phénomènes de l’esprit. Le résultat de son analyse de l’entendement humain le conduit à la thèse selon laquelle la connaissance est composée d’idées simples (rouge, dur, volonté, attention, etc.), issues de l’expérience directe des choses et de notre esprit, et d’idées complexes, qui sont des combinaisons des premières. Les idées complexes ne sont vraies que lorsque les idées simples se trouvent constamment liées ensemble dans l’expérience (cette thèse prendra une forme plus développée chez Hume, avec la théorie de l’association des idées).
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John Locke (1632-1704). Politicien et philosophe anglais

Appartenant à la grande tradition de l’empirisme anglais, dont il est l’un des principaux auteurs, Locke a été fortement marqué par la théorie physique de Newton et par les succès rencontrés par elle dans son explication des phénomènes naturels. Newton accordait beaucoup plus de place que Descartes à l’expérience dans l’édification de la physique, et défendait la thèse selon laquelle les seules hypothèse acceptable en science sont celles qui sont tirées de l’expérience. Prenant appui sur cette conception de la science, Locke a non seulement soutenu avec force l’empirisme en philosophie de la connaissance, mais il a aussi prôné l’étude empirique des phénomènes de l’esprit. Le résultat de son analyse de l’entendement humain le conduit à la thèse selon laquelle la connaissance est composée d’idées simples (rouge, dur, volonté, attention, etc.), issues de l’expérience directe des choses et de notre esprit, et d’idées complexes, qui sont des combinaisons des premières par l'entendement. S'il y a ainsi chez Locke une conception active de l'entendement, il n'en reste pas moins que, selon lui, les idées complexes ne sont vraies que lorsqu'elles sont confirmées par la seule constance des liens entre idées simples observés dans l’expérience (cette thèse prendra une forme plus développée chez Hume, avec la théorie de l’association des idées).

La théorie de la connaissance à laquelle aboutit Locke est exposée dans "l’Essai sur l’entendement humain" (1690).

Lien URL:
http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/John_Locke


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M

Mandelbrot Benoît
( 1924 -      )
Mathématicien franco-américain né à Varsovie (Pologne), créateur de la théorie des "fractales", Benoît Mandelbrot a été invité à participer aux deux premières années de travaux du CIEG (1955-56 et 1956-57). Excellent connaisseur de la théorie cybernéticienne de l'information dont il avait fait une application remarquée dans le domaine de la linguistique, c'est à ce titre qu'il a pu contribuer au premier modèle de l'équilibration proposé par Piaget en 1957.
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Mathématicien franco-américain né à Varsovie (Pologne), Benoît Mandelbrot a été invité à participer aux premiers travaux du CIEG, de 1955 à 1957. Il est aujourd'hui avant tout connu en tant que créateur, dans les années 1970, de la théorie mathématiques des "fractales" qui permet de modéliser des formes naturelles, telles que celles des nuages ou celles des bords d'une mer, se produisant à n'importe quelle échelle et qui ne peuvent être expliquées ni par les lois déterministes de la physique ni par celles du hasard. Déjà attiré par la modélisation mathématique des objets des sciences naturelles et sociales, il s'était intéressé dans les années cinquante à la théorie cybernétique de l'information de Shannon et l'avait utilisée pour rendre compte mathématiquement de la fréquence d'utilisation des mots dans une langue, en lien avec le coût plus ou moins grand de stockage des mots en mémoire. C'est en tant que spécialiste de la statistique mathématique, de la théorie des équilibres physiques et de la théorie de l'information et de la décision que Piaget l'invita à son Centre et c'est à ce titre que Benoît Mandelbrot pu apporter des contribuations permettant à l'épistémologiste genevois de proposer en 1957 son premier modèle de l'équilibration.

Liens URL:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Benoit_Mandelbrot


Mays Wolfe
( 1912 - 2005 )
Philosophe anglais

Élève de Wittgenstein, collègue du mathématicien Alan Turing et du philosophe Michael Polyani à l’université de Manchester, fondateur et rédacteur en chef du "Journal of the British Society of Phenomenology", puis plus tard Senior Research Fellow à la "Manchester Metropolitan University", Wolfe Mays s’est très tôt intéressé à des problèmes touchant aussi bien à la logique, à l'intelligence artificielle alors naissante (il a participé à la construction d'une des premières machines électoniques) et à l’histoire des sciences qu’à la pédagogie et à l'acquisition des connaissances chez l’enfant. Ce qui l’a conduit à soutenir activement la création, en 1955, du Centre international d’épistémologie génétique, cela après avoir rencontré Piaget lors d'une invitation de ce dernier à l'université de Manchester, en 1952.
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Wolfe Mays (1912 - 2005). Philosophe anglais

Élève de Wittgenstein, collègue du mathématicien Alan Turing et du philosophe Michael Polyani à l’université de Manchester, fondateur et rédacteur en chef du "Journal of the British Society of Phenomenology", puis plus tard Senior Research Fellow à la "Manchester Metropolitan University", Wolfe Mays s’est très tôt intéressé à des problèmes touchant aussi bien à la logique, à l'intelligence artificielle alors naissante (il a participé à la construction d'une des premières machines électoniques) et à l’histoire des sciences qu’à la pédagogie et à l'acquisition des connaissances chez l’enfant. Ce qui l’a conduit à soutenir activement Piaget lors de la création, en 1955, du Centre international d’épistémologie génétique. Piaget a rencontré Mays lors des trois conférences qu’il a données en 1952 à l’université de Manchester, où il avait été invité par le philosophe Michael Polyani. Après que Mays se soit chargé d’introduire et de traduire ces conférences dans un ouvrage de 1953 ("Logic and psychology", Manchester University Press), il fut invité la même année par Piaget a Genève, qui lui demanda de compléter la demande de subvention auprès de la Fondation Rockfeller en vue de la création du Centre. Tout en apportant plusieurs ouvrages de philosophie analytique à Genève, Mays rédigea un rapport comprenant deux parties. La première contient une comparaison de l’épistémologie génétique avec différents courants de philosophie des sciences (entre autres celle du philosophe G. Ryle), et la seconde, un résumé des travaux de Piaget. Outre cette importante contribution au développement de l’épistémologie génétique, Mays est l’auteur d’un long compte rendu en anglais des trois volumes de "l’Introduction à l’épistémologie génétique" parus en 1950 (et qui ne sont toujours pas traduits en anglais). Il a également participé aux premières recherches du Centre, notamment celle sur la question des rapports entre les jugements analytiques et les jugements synthétiques, qui a été l’occasion d’un bref échange intellectuel entre Piaget et Quine (le quatrième volume des Etudes d’épistémologie génétique est entièrement consacré à cette question et contient un texte sur "Les liaisons analytiques et synthétiques dans les comportements du sujet" co-signés par Apostel, Mays, Morf et Piaget).

Par la suite, tout en poursuivant ses propres recherches philosophiques en Angleterre, Mays conservera un intérêt durable pour l’épistémologie génétique, et notamment pour les questions portant sur la logique et sur les valeurs sociales. Il rédigera ainsi plusieurs articles discutant les conceptions de Piaget sur ces questions.

Lien URL:
http://www.hlss.mmu.ac.uk/polphil/news/articles/77/


McCulloch Warren
( 1892 - 1962 )
Psychiatre et logicien américain

Le logicien et psychiatre Warren McCulloch et son jeune et brillant collègue Walter Pitts appartiennent au groupe des auteurs qui, avec Wiener, ont fondé la cybernétique dans les années quarante. McCulloch et Pitts ont publié en 1943 un article sur "le calcul logique des idées immanentes dans l’activité nerveuse". Ils y montrent comment les neurones avec leurs deux états, activé ou non-activé, peuvent être la base d’une machinerie capable de réaliser un véritable calcul logique, complètement isomorphe à celui que Russell et Whitehead avaient exposé dans les "Principia mathematica". La conjonction logique, la disjonction, la négation et les autres connecteurs logiques sont matérialisés par des configurations particulières de liens excitateurs ou inhibiteurs entre les groupes de neurones, configurations matérialisant telle ou telle proposition logique.
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Warren McCulloch (1892-1962). Psychiatre et logicien américain

Le logicien et psychiatre Warren McCulloch et son jeune et brillant collègue Walter Pitts appartiennent au groupe des auteurs qui, avec Wiener, ont fondé la cybernétique dans les années quarante. McCulloch et Pitts ont publié en 1943 un article sur "le calcul logique des idées immanentes dans l’activité nerveuse". Ils y montrent comment les neurones avec leurs deux états, activé ou non-activé, peuvent être la base d’une machinerie capable de réaliser un véritable calcul logique, complètement isomorphe à celui que Russell et Whitehead avaient exposé dans les "Principia mathematica". La conjonction logique, la disjonction, la négation et les autres connecteurs logiques sont matérialisés par des configurations particulières de liens excitateurs ou inhibiteurs entre les groupes de neurones, configurations matérialisant telle ou telle proposition logique.

C’est selon le même principe que sont alors construits à peu près à la même époque les ordinateurs. L’étude logique de ce que peuvent réaliser les réseaux logiques nerveux se rattache par ailleurs directement aux travaux sur le fondement des mathématiques réalisés par des auteurs tels que Gödel ou Turing, le père spirituel de l’intelligence artificielle.

McCulloch et Piaget se sont rencontrés dès les années qui ont suivi la création du Centre international d'épistémologie génétique, et on trouve dans la correspondance de McCulloch conservée à la Société Américaine de Philosophie 27 pièces qui réfèrent à Piaget entre 1953 et 1964.

Parmi les nombreuses publications de McCulloch, on peut mentionner: Embodiments of the Mind (MIT, 1965), recueil de textes qui contient les articles qui sont aux sources de la cybernétique: "What is a Number, that a Man May Know It, and a Man, that He May Know a Number," "Why the Mind is in the Head," "What the Frog's Eye Tells the Frog's Brain" (avec Jerome Lettvin, Humberto Maturana, and Walter Pitts), "Machines that Think and Want" et "A Logical Calculus of the Ideas Immanent in Nervous Activity (avec Walter Pitts).

Liens URL:
http://www.papert.org/articles/embodiments.html
http://www.amphilsoc.org/mole/view?docId=ead/Mss.B.M139-ead.xml;query=;brand=default


Meili Richard
( 1900 - 1991 )
Psychologue suisse

Ayant d’abord choisi de devenir ingénieur, Richard Meili s’est ensuite tournée vers la pédagogie avant d’aller à Berlin pour étudier la psychologie auprès de Wolfgang Köhler, Max Wertheimer et Kurt Lewin les grands noms de l’École de la Gestalt. En 1925 il soutient une thèse sur le rangement des objets. Il devient chef des travaux pratiques à Genève chez Claparède où il rencontre Jean Piaget. En 1948, il est nommé professeur de psychologie appliquée à l'université de Berne.
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Richard Meili (1900-1991) Psychologue suisse

Ayant d’abord choisi de devenir ingénieur, Richard Meili s’est ensuite tournée vers la pédagogie avant d’aller à Berlin pour étudier la psychologie auprès de Wolfgang Köhler, Max Wertheimer et Kurt Lewin les grands noms de l’École de la Gestalt. En 1925 il soutient une thèse sur le rangement des objets. Il devient chef des travaux pratiques à Genève chez Claparède où il rencontre Jean Piaget. En 1943 il devient conseiller d’orientation à Winterthur et il est nommé professeur de psychologie appliquée à l’Université de Berne en 1948.

Les intérêts de Meili ont été multiples tout au long de sa carrière combinant les réflexions théoriques avec des visées appliquées. Ses travaux concernent le diagnostic, l’orientation professionnelle, les méthodes d’analyse factorielle ainsi que la structure de l’intelligence et ses rapports avec la personnalité. Fortement marqué par les idées gestaltistes, il n’était pour autant pas un dogmatique et savait rester ouvert aux autres courants théoriques.

Les ouvrages suivants illustrent sa polyvalence: "Psychologische Diagnostik: Eine Einführung für Psychologen und Erzieher" (1937), "Psychologie der Berufsberatung" (1945), "Struktur der Intelligenz" (1981).


Mendel Johann Gregor
( 1822 - 1884 )
Religieux et botaniste autrichien

Ordonné prêtre en 1847, le moine Mendel a réalisé au milieu du dix-huitième siècle des recherches de botanique qui sont l’une des sources de la théorie contemporaine de l’hérédité biologique. En étudiant la reproduction par croisement de pois ne différant entre eux que par la couleur de leur fleur (des rouges et des blanches), Mendel a découvert que la distribution statistique des couleurs obéissait à une loi précise, qui peut être mathématiquement décrite. Cette découverte sera à l'origine de la conviction chez un grand nombre de biologistes de la fin du 19e siècle et du début du 20e que le patrimoine héréditaire est composé de particules ou de "gènes" dont on croira, avant que de nouvelles expériences ne la démentent, qu’ils obéissent à la loi: un gène pour un caractère.
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Johann Gregor Mendel (1822-1884). Religieux et botaniste autrichien

Ordonné prêtre en 1847, le moine Mendel a réalisé au milieu du dix-huitième siècle des recherches de botanique qui sont l’une des sources de la théorie contemporaine de l’hérédité biologique.

En étudiant la reproduction par croisement de pois ne différant entre eux que par la couleur de leur fleur (des rouges et des blanches), Mendel a découvert que la distribution statistique des couleurs obéissait à une loi précise, qui peut être mathématiquement décrite. Dans le cas très simple qui a permis cette découverte, les observations de Mendel peuvent être schématiquement résumées de la façon suivante. Lorsqu’on croise un pois de couleur rouge avec un pois de couleur blanche, le pois qui en résulte est de couleur rouge. Lorsqu’on croise deux pois de couleur blanche, il en résulte un pois de couleur blanche. En revanche lorsqu’on croise deux pois de couleur rouge, si on obtient généralement un pois de même couleur, il arrive que ce pois soit blanc.

Cette constatation suggère immédiatement l’existence de "particules héréditaires représentatives" qui déterminent, l’une la couleur rouge, l’autre la couleur blanche. Lorsqu’un individu reçoit de ses parents un déterminant de la couleur rouge et un autre de la couleur blanche, sa couleur apparente est rouge; la couleur blanche n’est pas exprimée. Néanmoins le déterminant de la couleur blanche est bien présent chez lui puisque, croisé avec un autre pois rouge ou avec un pois blanc, il peut en résulter l’apparition d’un pois de couleur blanche. La probabilité de cette apparition est décrite par la loi statistique découverte par Mendel. Celle-ci est restée ignorée jusqu’à ce qu’au début du vingtième siècle des auteurs, tels que le hollandais de Vries ou le français Cuénot, ne la retrouve (par exemple lors du croisement de souris grises et de souris blanches). Dès lors la conviction s’imposera chez un grand nombre de biologistes que le patrimoine héréditaire est effectivement composé de particules ou de "gènes" dont on croira, avant que de nouvelles expériences ne la démentent, qu’ils obéissent à la loi: un gène pour un caractère.

Référence bibliographique:
Experiments in Plant Hybridization (1866; texte d'une conférence donnée en 1865)

Lien URL:
http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Johann_Gregor_Mendel
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gregor_Mendel
http://www.mendelweb.org/MWtoc.html
http://www.mendel-museum.org/


Meyerson Emile
( 1859 - 1933 )
Philosophe français

Né en Pologne, chimiste de formation, arrivé en France en 1882, Meyerson s’est ensuite tourné vers l’étude de l’histoire de la pensée scientifique et philosophique, mais aussi du fonctionnement de la pensée commune, dans le but d’élaborer une théorie de la raison et de l’explication scientifique compatible avec son expérience vécue de la recherche en chimie. L’ensemble de ses travaux, dont ceux sur la causalité et sur les principes de conservation, aboutissent d’ailleurs à concevoir la raison comme se réduisant à l’action du principe d’identité, la diversité provenant toute entière de la réalité. Il n’est pourtant pas possible de rationaliser de part en part le réel, qui reste dès lors en partie irréductible à ce principe (c’est le cas par exemple de la sensation en tant que qualité).
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Emile Meyerson (1859-1933). Philosophe français

Né en Pologne, chimiste de formation, arrivé en France en 1882, Meyerson s’est ensuite tourné vers l’étude de l’histoire de la pensée scientifique et philosophique, mais aussi du fonctionnement de la pensée commune, dans le but d’élaborer une théorie de la raison et de l’explication scientifique compatible avec son expérience vécue de la recherche en chimie.

A l’opposé des philosophes de l’école positiviste, qui rejettent la portée scientifique de la recherche des causes, Meyerson lui accorde une place centrale au sein des sciences. De son expérience personnelle, ainsi que de ses travaux d’histoire des sciences et de la philosophie, il tire la thèse selon laquelle l’explication rationnelle revient à découvrir sous la transformation d’une réalité quelconque l’existence d’un invariant. L’ensemble de ses travaux, dont ceux sur la causalité et sur les principes de conservation, aboutissent d’ailleurs à concevoir la raison comme se réduisant à l’action du principe didentité, la diversité provenant toute entière de la réalité. Il n’est pourtant pas possible de rationaliser de part en part le réel, qui reste dès lors en partie irréductible à ce principe (c’est le cas par exemple de la sensation en tant que qualité).

Si Piaget pourra trouver chez Meyerson maintes descriptions des principes de conservation présents dans la pensée scientifique aussi bien que dans la pensée commune, il se refusera pourtant à suivre l’interprétation qu’en donne le philosophe. Ce n’est pas le principe abstrait d’identité qui, à ses yeux, explique leur importance pour la pensée humaine, mais le fait qu’ils soient liés à la construction de structures opératoires. Signalons encore les liens d’amitié qui existaient entre Piaget et le neveu du philosophe français, le psychologue Ignace Meyerson.

Parmi les principaux ouvrages de Meyerson citons "Identité et réalité" (1907), "De l’explication dans les sciences" (1921) et "Du cheminement de la pensée" (1931).


Monod Jacques
( 1910 - 1976 )
Biologiste français

Collaborateur de l’Institut Pasteur, dont il devint directeur en 1971, Monod est, avec François Jacob et André Lwoff, l’auteur qui a permis une complète réconciliation de la biologie française avec la théorie darwinienne de l’évolution et avec la génétique moléculaire. Les recherches de Monod sur une bactérie appelée à devenir célèbre ("Escherichia coli. ") le conduisirent progressivement à découvrir comment le système génétique de cette bactérie détermine la synthèse des protéines, qui elles-mêmes jouent un rôle catalyseur dans la production des composantes chimiques complexes d’une cellule vivante. Ses recherches lui ont valu d'obtenir le prix Nobel de médecine en 1965.
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Jacques Monod (1910-1976). Biologiste français

Collaborateur de l’Institut Pasteur, dont il devint directeur en 1971, Monod est, avec François Jacob et André Lwoff, l’auteur qui a permis une complète réconciliation de la biologie française avec la théorie darwinienne de l’évolution et avec la génétique moléculaire.

Alors que les biologistes français de la fin du dix-neuvième siècle et du début du vingtième recherchaient généralement dans la physiologie et dans l’étude biochimique du vivant des arguments en faveur du lamarckisme, les études de Monod sur une bactérie appelée à devenir célèbre ("Escherichia coli. ") le conduisirent progressivement à découvrir comment le système génétique de cette bactérie détermine la synthèse des protéines, qui elles-mêmes jouent un rôle catalyseur dans la production des composantes chimiques complexes d’une cellule vivante. En bref les recherches de Monod et de ses collègues ont permis de révéler une partie importante du processus mystérieux par lequel le germen détermine la fabrication du soma. Ce processus est d’une grande complexité et recourt abondamment à des mécanismes de régulation qui activent ou qui inhibent la fabrication des briques de la vie.

D’autres équipes de chercheurs, de plus en plus nombreuses, développeront ce type de recherches qui, toutes ensembles, modifieront considérablement la science du vivant en faisant passer au tout premier plan une biologie moléculaire devenant dès les années cinquante incontournable dans la résolution des problèmes biologiques, et en particulier des problèmes de l’adaptation, de l’hérédité et de l’évolution. Avec le recul, on sait aujourd’hui que rien, dans les découvertes de la biologie moléculaire, ne permet de trancher définitivement l’alternative entre les explications lamarckienne et darwinienne de l’évolution, et que Piaget avait peut-être vu juste dans les objections qu’il adressait à Monod en pleine période de dogmatisme néo-darwinien.

Parmi les écrits de Monod, citons l’ouvrage discuté par Piaget: "Hasard et nécessité" (1970).

Liens URL:
http://www.pasteur.fr/infosci/archives/mon0.html
http://ijm2.ijm.jussieu.fr/ijm/institut/Biographie
http://nobelprize.org/nobel_prizes/medicine/laureates/1965/monod-bio.html


Morgan Thomas H.
( 1866 - 1945 )
Biologiste américain

Morgan est l’un des auteurs qui a contribué à développer la théorie génétique de l’hérédité et de l’évolution. Ses travaux sur la mouche Drosophile, historiquement très importants, lui ont permis de développer la théorie des chromosomes et de découvrir des phénomènes tels que celui du "crossing-over", qui peuvent se produire lors de la fécondation d’une cellule sexuelle femelle par une cellule sexuelle mâle, et du couplage des chromosomes isolés provenant de chacune des deux cellules. Morgan a résolument soutenu l’explication darwinienne de l’évolution des espèces et l’importance de ses découvertes est l’une des raisons pour lesquelles cette explication a fini par s’imposer au cours du vingtième siècle (non sans quelques fortes résistances idéologiques aujourd’hui oubliées).
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Thomas H. Morgan (1866-1945). Biologiste américain

Morgan est l’un des auteurs qui a contribué à développer la théorie génétique de l’hérédité et de l’évolution. Ses travaux sur la mouche Drosophile, historiquement très importants, lui ont permis de développer la théorie des chromosomes et de découvrir des phénomènes tels que celui du "crossing-over", qui peuvent se produire lors de la fécondation d’une cellule sexuelle femelle par une cellule sexuelle mâle, et du couplage des chromosomes isolés provenant de chacune des deux cellules. Morgan a résolument soutenu l’explication darwinienne de l’évolution des espèces et l’importance de ses découvertes est l’une des raisons pour lesquelles cette explication a fini par s’imposer au cours du vingtième siècle (non sans quelques fortes résistances idéologiques aujourd’hui oubliées).

Parmi les ouvrages de Morgan, mentionnons "Evolution et adaptation" (1903) et "La théorie du gène" (1928) et enfin "Embryologie et génétique" (2e éd. 1934, avec une traduction française de Jean Rostand parue en 1936).


Müller Georg Elias
( 1850 - 1934 )
Psychologue allemand

Müller étudie la philosophie et l’histoire à l’Université de Leipzig. Il s’y familiarise avec la psychophysique et ses méthodes. Sa thèse soutenue à Göttingen en 1872 est la première étude empirique portant sur l’attention sensorielle. Il fonde un laboratoire en 1881 et obtient une chaire qu’il occupera durant 40 ans jusqu’à sa retraite. Ses recherches portent sur les aux de la vision de l’apprentissage et de la mémoire. Il s’intéressa en particulier à la perception des couleurs et à l’effet des associations en fonction de leur distribution dans le temps. Ce n’est pas la simple contiguïté des associations qui rend compte d’un apprentissage; celui est également déterminé par les capacités d’organisation et d’anticipation du sujet. Concernant la mémoire, Müller découvre l’inhibition rétroactive: confronté immédiatement à une tâche nouvelle après une période d’apprentissage, la mémorisation du matériau initial est entravée ce qui n’est pas le cas si la mémorisation se fait après une période de repos.
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Georg Elias Müller (1850-1934). Psychologue allemand

Müller étudie la philosophie et l’histoire à l’Université de Leipzig. Il s’y familiarise avec la psychophysique et ses méthodes. Sa thèse soutenue à Göttingen en 1872 est la première étude empirique portant sur l’attention sensorielle. Il fonde un laboratoire en 1881 et obtient une chaire qu’il occupera durant 40 ans jusqu’à sa retraite.

La carrière de Müller a été consacrée aux domaines de la vision de l’apprentissage et de la mémoire. Il s’intéressa en particulier à la perception des couleurs et à l’effet des associations en fonction de leur distribution dans le temps. Ce n’est pas la simple contiguïté des associations qui rend compte d’un apprentissage; celui est également déterminé par les capacités d’organisation et d’anticipation du sujet. Concernant la mémoire, Müller découvre l’inhibition rétroactive: confronté immédiatement à une tâche nouvelle après une période d’apprentissage, la mémorisation du matériau initial est entravée ce qui n’est pas le cas si la mémorisation se fait après une période de repos.

Müller peut être qualifié comme un expérimentaliste classique. Il n’a jamais cherché à construire une oeuvre théorique dépassant l’explication de ses données d’expérience.

Parmi ses nombreux écrits mentionnons Zur Grundlegung der Psychophysik (1878), les 3 volumes de Zur Analyse des Gedächtnistätigkeit und des Vorstellungsverlauf (1911-1913-1917) et Über die Farbempfindungen (1930).


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[…] le caractère le plus remarquable de la connaissance humaine quant à son mode de formation, comparé aux transformations évolutives de l’organisme et aux formes de connaissance accessibles à l’animal, est sa nature collective autant qu’individuelle. L’ébauche d’un tel caractère s’observe certes chez plusieurs espèces animales et en particulier le Chimpanzé. Cependant la nouveauté chez l’homme est que la transmission extérieure ou éducative (par opposition à la transmission héréditaire ou interne de l’instinct) a abouti à une organisation telle qu’elle a pu engendrer des civilisations.