Jean-Marie Guyau (1854-1888). Philosophe français

Beau-fils d’Alfred Fouillée, Guyau a, en dépit d’une mort précoce, laissé derrière lui une œuvre importante qui contient de profonds essais de philosophie morale (voisins de ceux de Nietzche), ainsi qu’une étude sur la genèse de l’idée de temps qui s’inscrit dans le programme tracé par Spencer pour le développement d’une psychologie génétique.

C’est surtout par ses thèses sur la morale que Guyau a contribué à la formation de la pensée de Piaget. Le philosophe français a développé sur ce terrain la notion d’une morale sans obligation ni sanction, basée sur ce qui lui apparaissait le caractère le plus essentiel de la vie, son extraordinaire fécondité. Plus généralement il y a dans la vie une source d’expansion naturelle, une prodigalité, qui ne se traduit pas seulement sur le plan moral par un altruisme et une bonté naturelle, mais également sur le plan intellectuel par le besoin d’aller toujours de l’avant dans la marche de l’esprit, et de créer sans cesse de nouvelles idées. Il y a ainsi chez Guyau une soif et une idéalisation d’une vie capable de vaincre la mort, que l’on retrouvera chez le jeune Piaget qui, lui aussi, après des périodes de doute parfois intense, choisira la vie comme raison d’existence.

Parmi les publications de Guyau citons "Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction" (1885), "L’irréligion de l’avenir, étude de sociologie" (1887) et enfin "La genèse de l’idée de temps" (1890).

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