Pierre Janet (1859-1947). Philosophe, psychiatre et psychologue français

Auteur en 1889 d’une thèse en philosophie sur "L’automatisme psychologique" puis, en 1893, d’une thèse en médecine sur "L’état mental des hystériques" qui font date dans l’histoire de la psychologie et de la psychiatrie, titulaire de la chaire de psychologie pathologique au Collège de France, Janet est le psychologue qui, avec James-Mark Baldwin, a le plus profondément marqué la pensée psychologique de Piaget. Son œuvre peut être partagée en deux étapes, l’une qui relève de l’analyse clinique des états de conscience, l’autre de l’étude des conduites.

Ses premiers travaux sur l’automatisme conscient sont proches des découvertes de Freud en ce qu’ils concernent le déterminisme inconscient ou subconscient des états névrotiques. La critique que Janet formulera cependant contre le poids attribué par Freud à la libido sexuelle dans ce déterminisme empêchera toute rencontre entre les deux hommes, malgré la proximité de leurs premières découvertes.

Si Piaget a initialement pu trouver des suggestions importantes dans la première psychologie de Janet, c’est surtout la seconde qui a nourri ses réflexions psychologiques.

En s’appuyant sur les observations de la clinique psychiatrique, mais aussi sur les données recueillies en psychologie animale, en ethnologie et en psychologie génétique, Janet a établi un tableau hiérarchique des conduites, des plus simples (les conduites animales) aux plus complexes et aux plus compliquées (les conduites expérimentales), qui intègre aussi bien les dimensions sociales et affectives des actions, que leur dimension intellectuelle ou cognitive. L’élément clé de cette classification est la notion de complication. Plus une conduite est compliquée à réaliser, plus elle est psychologiquement coûteuse pour le sujet. Dès lors, partagé entre plusieurs buts, celui-ci tendra à distribuer ses efforts selon sa capacité d’investissement de l’énergie psychique plus ou moins grande dont il dispose, capacité liée à son état de santé mentale.

Cette conception à la fois énergétique et économique de la vie mentale forme la base d’une théorie de l’affectivité comme activité de régulation des actions qui permettra à Piaget de donner un sens psychologique profond à la notion d’activité du sujet. Enfin, Janet a réalisé des analyses des conduites supérieures (les conduites intellectuelles ou les "conduites de réalité" par exemple) qui insistent sur le rôle constituant du sujet dans leur construction. En lisant, en écoutant et en discutant avec Janet, Piaget a pu ainsi enrichir son intuition psychologique et la notion qu’il pouvait se faire de son objet d’étude.

Citons parmi les publications de Janet, outre ses thèses de philosophie et de médecine, "Névroses et idées fixes" (1898), "Les obsessions et la psychasthénie" (1903), "Les névroses" (1909), "Les stades de l’évolution psychologique" (1926), "De l’angoisse à l’extase" (1926-1928), "L’évolution psychologique de la mémoire" (1928), "La force et la faiblesse psychologique" (1930), "Les débuts de l’intelligence" (1935) et "L’intelligence avant le langage" (1936).

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http://www.pierre-janet.com/

Laurent Fedi: Jean Piaget, disciple de Pierre Janet


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