Fondation Jean Piaget

Les processus d'adaptation et d'organisation

Présentation
Citations (1): Concepts d'adaptation et d'organisation
Citations (2): Concepts d'assimilation et d'accommodation
Citations (2): Concepts d'assimilation et d'accommodation


Présentation

La vie et la connaissance constituent toutes deux une adaptation, pour l'une, de l'organisme au milieu, et pour l'autre, des structures de l'intelligence à la réalité à connaître. Cette adaptation est indissociable de leur organisation, c'est-à-dire de l'existence de structures préalables à tout échange avec l'extérieur et qui tendent à se conserver, cette conservation n’étant pas statique mais foncièrement dynamique. Fonction essentielle, l'adaptation exprime la nécessité pour l'organisme (au niveau biologique), ou le sujet (au niveau cognitif) de subir un certain nombre de modifications de façon à demeurer en accord avec le milieu ou les objets avec lesquels ils sont en interaction. L'adaptation, tant biologique que cognitive, comprend deux facteurs essentiels et se définit précisément en fonction de leur équilibre. Ce sont l'assimilation et l'accommodation qui constituent les deux principaux invariants fonctionnels de l'évolution.
Au niveau biologique, il y a assimilation en ce sens que toute réaction au milieu est relative à l'organisme et porte l'empreinte de ses structures. C'est ainsi qu'à des espèces différentes peuvent correspondre des réponses différentes à un même milieu. Il y a accommodation en ce sens que toute réaction à un milieu déterminé entraîne des modifications qui sont fonction de ce milieu. À une même structure héréditaire ou génotypique correspondent divers accommodats phénotypiques selon les milieux. Au niveau cognitif, tout acte d'intelligence consiste également en une assimilation d'un donné à des structures préalables (schèmes d'action ou d'opérations) qui est source de significations. Réciproquement, toute assimilation d'un objet ou d'une situation par le schème suppose son accommodation aux particularités de ceux-ci. Ce sont ces accommodations qui engendrent des différenciations et des mises en relations nouvelles entre les schèmes de départ. Tandis que la fonction propre de l'organisation consiste essentiellement à assurer la conservation des structures ou totalités au travers des modifications qu'elles subissent, la fonction d'adaptation est source de transformations. La complémentarité des fonctions d'organisation et d'adaptation traduit donc une double exigence de conservation, source de continuité, et de modifications, source de nouveautés. L'adaptation, aussi bien biologique que cognitive, peut être définie comme un équilibre entre l'assimilation et l'accommodation. Cet équilibre manifeste précisément la nécessité d'une coordination entre les contraintes endogènes de conservation, liées à l'organisation du système (processus d'assimilation), et les contraintes exogènes de modifications, liées aux exigences adaptatives du milieu (accommodations). Toutefois, alors que l'assimilation et l'accommodation biologiques caractérisent des échanges matériels ou substantiels avec l'environnement, l'assimilation et l'accommodation cognitives, sous leur forme sensori-motrice prolongeant la réactivité nerveuse, caractérisent des échanges de nature essentiellement fonctionnelle.

©Marie-Françoise Legendre

Toute extrait de la présente présentation doit mentionner la source: Fondation Jean Piaget, Piaget et l'épistémologie par M.-F. Legendre
Les remarques, questions ou suggestons peuvent être envoyées à l'adresse: Marie-Françoise Legendre.

Haut de page

Citations (1): Concepts d'adaptation et d'organisation

Complémentarité fonctionnelle de l’adaptation et de l’organisation
L'organisation est indissociable de l'adaptation, puisqu'un système organisé est ouvert sur le milieu et que son fonctionnement suppose ainsi des échanges avec l'extérieur dont la stabilité définit son caractère adapté. Du point de vue formel, cela signifie que (…) il faut distinguer les éléments A, B, C, … appartenant à l'organisme et les éléments A', B', C',… fournis par le milieu : la forme cyclique du système caractérise alors son organisation, tandis que la permanence des interactions A x A', etc. caractérise son adaptation. Mais il faut distinguer l'adaptation-état que nous venons ainsi de définir et l'adaptation-processus, (…) Cette adaptation-processus intervient nécessairement sitôt que le milieu se modifie et il se modifie sans cesse. B.C., pp. 241-242.
Du point de vue biologique, l’organisation est indissociable de l’adaptation : ce sont les deux processus complémentaires d’un mécanisme unique, le premier étant l’aspect interne du cycle dont l’adaptation constitue l’aspect extérieur. Or, en ce qui concerne l’intelligence, sous sa forme réfléchie aussi bien que pratique, on retrouve ce double phénomène de la totalité fonctionnelle et de l’interdépendance entre l’organisation et l’adaptation. N.I., p.13
La notion de totalité exprime l’interdépendance inhérente à toute organisation, intelligente autant que biologique. N.I., p. 16.
Le corrélatif de l’idée de totalité n’est autre (…) que l’idée de relation. La relation est, en effet, aussi une catégorie fondamentale, en tant qu’immanente à toute activité psychique et qui se combine avec toutes les autres notions. La raison en est que toute totalité est un système de relations de même qu’une relation est un segment de totalité. N.I., p. 16

Adaptation
On peut définir l’adaptation (…) comme un équilibre entre l’assimilation et l’accommodation. (…) La raison en est que sans assimilation, il n’y a pas accommodation au sens biologique du terme. B.C., pp. 242-243
(…) aucune variation exogène n’est possible sans une conservation générale de la structure qui varie sur ce point, donc sans une assimilation des éléments responsables ou de leurs effets à la structure qui subit la variation. B.C., p.244.
L’assimilation et l’accommodation ne sont pas deux fonctions séparées, mais ce sont les deux pôles fonctionnels, opposés l’un à l’autre, de toute adaptation. B.C., pp. 244-245.
(…) il y a adaptation lorsque l’organisme se transforme en fonction du milieu, et que cette variation a pour effet un accroissement des échanges entre le milieu et lui favorables à sa conservation. N.I., p. 11

Adaptation propre au comportement
L’adaptation propre au comportement, qu’elle soit héréditaire ou acquise (ou éventuellement les deux, par «assimilation génétique») constitue donc à nouveau un équilibre entre l’assimilation et l’accommodation. B.C., p. 254.

Intelligence et adaptation
Dire que l’intelligence est un cas particulier de l’adaptation biologique, c’est donc supposer qu’elle est essentiellement une organisation et que sa fonction est de structurer l’univers comme l’organisme structure le milieu immédiat. N.I., p. 10.
En bref, l’adaptation intellectuelle, comme toute autre, est une mise en équilibre progressive entre un mécanisme assimilateur et une accommodation complémentaire. L’esprit ne peut se trouver adapté à une réalité que s’il y a parfaite accommodation, c’est-à-dire si plus rien dans cette réalité ne vient modifier les schèmes du sujet. N.I., p. 13.

Double invariant fonctionnel de l’adaptation et de l’organisation
L’«accord de la pensée avec les choses» et l’«accord de la pensée avec elle-même» expriment ce double invariant fonctionnel de l’adaptation et de l’organisation. Or ces deux aspects sont indissociables : c’est en s’adaptant aux choses que la pensée s’organise et c’est en s’organisant elle-même qu’elle structure les choses. N.I., p. 14.
(…) l’adaptation surprenante des cadres logico-mathématiques à l’expérience physique constitue un cas particulier et particulièrement important de l’adaptation d’un fonctionnement interne de la pensée ou de l’organisme aux caractères de l’objet ou du milieu en général. B.C., p. 105.

Fonction d’organisation
(…) la fonction d'organisation est le fonctionnement d'une structure, même totale mais considérée comme sous-structure par rapport à celle qui la suivra immédiatement, y compris le cas où il y a continuité et automorphisme complet entre elles. Ou, plus simplement encore si une fonction est l'action qu'exerce le fonctionnement d'une sous-structure sur celui de la structure totale, on peut, comme on l'a vu, soutenir que, réciproquement, l'organisation comme fonction est l'action du fonctionnement total sur celui des sous-structures. B.C. p. 210.
(…) l’organisation en tant que fonctionnement n’est pas transmise héréditairement à la manière d’un caractère de forme ou de couleur, etc ; elle se continue et se poursuit, en tant donc que fonctionnement, à titre de condition nécessaire de toute transmission et non pas à titre de contenu transmis. B.C., p.210.
(…) la fonction et l’organisation consistent à conserver la forme d’un système d’interactions au travers d’un flux continuel de transformations dont le contenu se renouvelle sans cesse par échanges avec le dehors. B.C., p.212.

Organisation et conservation
(…) une organisation comporte deux principes corrélatifs, l'un de conservation au travers des transformations et l'autre de construction transformatrice liée à l'équilibration même qui assure la conservation. B.C. p. 190.
(…) la conservation propre à l'organisation n'est pas la simple permanence d'une structure statique mais bien le produit d'une équilibration continuelle. B.C. p. 194.

Organisations biologiques et cognitives
Tout acte d'intelligence suppose au préalable la continuité et la conservation d'une certain fonctionnement. (…) En d'autres termes, il n'existe pas d'enregistrement cognitif sans l'intervention d'un fonctionnement organisateur qui se conserve à partir de situations antérieures, celles-ci remontant de proche en proche jusqu'à des réactions innées. Cela ne signifie pas (…) qu'il y ait préformation, car le fonctionnement modifie les structures par son exercice même, mais cela témoigne d'une tendance à la conservation dont le succès augmente avec le développement et devient décisif à partir de certains niveaux. B.C., p.212.

Organisation des schèmes
(…) l’organisation des schèmes n’est que l’aspect interne de leur adaptation, laquelle est à la fois accommodation et assimilation. Le fait premier est donc l’activité assimilatrice elle-même, sans laquelle aucune accommodation n’est possible et c’est l’action combinée de l’assimilation et de l’accommodation qui rend compte de l’existence des schèmes et, par conséquent, de leur organisation. N.I., p. 339.

Organisation inhérente au développement cognitif
Nous savons aujourd'hui que cette organisation consiste en une construction de structures opératoires, à partir de la coordination générale des actions, et que cette construction s'effectue grâce à une série d'abstractions réfléchissantes (ou différenciations) et de réorganisations (ou intégrations). Nous croyons savoir en outre que ces processus sont dirigés par une autorégulation ou équilibration progressive, et qu'ils supposent bien entendu une interaction continuelle entre le sujet et les objets, c'est-à-dire un double mouvement d'assimilation aux structures et d'accommodation de celles-ci au réel. B.C. p. 125.

Invariants fonctionnels des formes cognitives
Tandis que les invariants fonctionnels ou conservation du fonctionnement organisateur et des «formes» générales qui s'y rattachent, ne sont jamais qu'approximatifs sur le terrain organique, sous la double menace des variations et de la mort, et cela à cause précisément de l’indissociation fondamentale des formes et des contenus, les «formes» cognitives peuvent, à cause de leur indépendance croissante eu égard aux contenus, atteindre des structures de conservation rigoureuse, comme c'est le cas en tous les domaines déductifs avancés. Il semble donc y avoir là une seconde fonction spéciale aux mécanismes cognitifs évolués. B.C., p. 218.

Haut de page

Citations (2): Concepts d'assimilation et d'accommodation

Tendance à l’assimilation
(…) la tendance vitale fondamentale à l’assimilation, débute ordinairement par de simples essais d’accommodation phénotypiques ou de connaissance empirique, mais (…) en vertu d’exigences internes d’équilibration, elle en arrive à des formes d’assimilation plus solides. A.V.P.I., p. 73.

Activité assimilatrice
(…) en tant qu’organisation se conservant au cours des processus d’assimilation le corps vivant est bien au point de départ de ce que deviendra le «sujet» de connaissances (…). (…) l’assimilation n’est pas une réaction quelconque, mais une activité qui varie selon les types d’organisation (…) ce que nous appelons ici «activité» exprime (…) un processus qui est à la fois fonctionnel, eu égard à la conservation de l’organisation, et historique, eu égard à la différenciation progressive et phylogénétique des types d’organisation. En un tel sens l’activité assimilatrice peut être dite, en un autre sens que les réactions chimiques ordinaires, source de choix et par conséquent de classification en action. (…) et surtout l’assimilation physiologique ou organique prépare l’assimilation purement fonctionnelle ou relative aux actions, c’est-à-dire le passage de l’échelle physiologique à celle du comportement. B.C., p. 230.

Assimilation
L’assimilation (…) est une fonction très générale se présentant sous trois formes indissociables : assimilation fonctionnelle ou reproductrice, consistant à répéter une action et à la consolider par cela même ; assimilation récognitive consistant à discriminer les objets assimilables à un schème donné ; et assimilation généralisatrice consistant à étendre le domaine de ce schème. L’assimilation n’est ainsi que le prolongement, sur le plan du comportement, de l’assimilation biologique au sens large, toute réaction de l’organisme au milieu consistant à assimiler celui-ci aux structures de celui-là. P.E.G., p. 74.
Mais un schème d’assimilation est sans cesse soumis aux pressions des circonstances et peut se différencier en fonction des objets auxquels il est appliqué. Nous appellerons accommodation cette différenciation en réponse à l’action des objets sur les schèmes. Il peut alors y avoir équilibre entre l’assimilation et l’accommodation. P.P.G., pp.85-86.
L'importance de la notion d'assimilation est double. D'une part, elle implique, comme on vient de le voir, celle de signification, ce qui est essentiel puisque toute connaissance porte sur des significations (…) D'autre part, elle exprime ce fait fondamental que toute connaissance est liée à une action et que connaître un objet ou un événement, c'est les utiliser en les assimilant à des schèmes d'action. B.C., pp. 21-22.

Assimilation et accommodation cognitives
(…) l’assimilation cognitive est elle aussi une intégration et (…) à l’accommodation cognitive correspondent alors, soit les accommodats phénotypiques instables, soit les adaptations héréditaires stables. Mais une différence importante subsiste cependant : le propre des mécanismes cognitifs étant de dissocier les contenus et les formes, celles-ci, une fois dégagés avec leur caractère de structures opératoires, ne peuvent plus être contredites par les objets auxquels elles s’appliquent, cette accommodation en quelque sorte permanente n’étant plus modifiable que par différenciation et complétions. A.V.P.I., p. 92.
(…) à la différence de l'assimilation et de l'accommodation organiques, ne portant que sur les substances et énergies nécessaires à la conservation de structures toujours particulières, l'assimilation et l'accommodation cognitives, tout en prolongeant ces processus biologiques, ne peuvent qu'élargir constamment leur champ (qui, à la limite, comprend tout le réel plus le monde progressif des possibles). Mais cet élargissement indéfini ne saurait se réduire à un entassement simplement additif, puisque le propre de l'assimilation est au contraire de constituer une intégration effective, autrement dit un jeu de mises en relation comportant la formation de totalités refermées cycliquement sur elles-mêmes. E.S.C., p. 180.

Complémentarité de l’assimilation et de l’accommodation
(…) l’union de l’accommodation et de l’assimilation suppose elle-même une organisation. Il y a organisation à l’intérieur de chaque schème d’assimilation puisque (…) chacun constitue un tout réel, conférant à chaque élément une signification relative à cette totalité. Mais il y a surtout organisation totale, c’est-à-dire coordination entre les schèmes divers d’assimilation. Or, (…) cette coordination ne se constitue pas autrement que les schèmes simples eux-mêmes, à cette différence près que chacun englobe l’autre, en une assimilation réciproque. N.I., p. 130.
(…) comme l’assimilation et l’accommodation constituent deux pôles toujours inséparables et non pas deux conduites distinctes, il est clair qu’alors l’assimilation nouvelle joue le rôle de construction (extension du domaine du schème, introduction de nouvelles articulations dans le cycle, etc.) et l’accommodation nouvelle celui de compensations (nouveaux ajustements en réciprocité ou en inversion de caractères imprévus de l’objet), chacune de ces deux orientations étant solidaire de l’autre en un tout indissociable. E.S.C., pp. 45-46.

Haut de page

Citations (2): Concepts d'assimilation et d'accommodation

Tendance à l’assimilation
(…) la tendance vitale fondamentale à l’assimilation, débute ordinairement par de simples essais d’accommodation phénotypiques ou de connaissance empirique, mais (…) en vertu d’exigences internes d’équilibration, elle en arrive à des formes d’assimilation plus solides. A.V.P.I., p. 73.

Activité assimilatrice
(…) en tant qu’organisation se conservant au cours des processus d’assimilation le corps vivant est bien au point de départ de ce que deviendra le «sujet» de connaissances (…). (…) l’assimilation n’est pas une réaction quelconque, mais une activité qui varie selon les types d’organisation (…) ce que nous appelons ici «activité» exprime (…) un processus qui est à la fois fonctionnel, eu égard à la conservation de l’organisation, et historique, eu égard à la différenciation progressive et phylogénétique des types d’organisation. En un tel sens l’activité assimilatrice peut être dite, en un autre sens que les réactions chimiques ordinaires, source de choix et par conséquent de classification en action. (…) et surtout l’assimilation physiologique ou organique prépare l’assimilation purement fonctionnelle ou relative aux actions, c’est-à-dire le passage de l’échelle physiologique à celle du comportement. B.C., p. 230.

Assimilation
L’assimilation (…) est une fonction très générale se présentant sous trois formes indissociables : assimilation fonctionnelle ou reproductrice, consistant à répéter une action et à la consolider par cela même ; assimilation récognitive consistant à discriminer les objets assimilables à un schème donné ; et assimilation généralisatrice consistant à étendre le domaine de ce schème. L’assimilation n’est ainsi que le prolongement, sur le plan du comportement, de l’assimilation biologique au sens large, toute réaction de l’organisme au milieu consistant à assimiler celui-ci aux structures de celui-là. P.E.G., p. 74.
Mais un schème d’assimilation est sans cesse soumis aux pressions des circonstances et peut se différencier en fonction des objets auxquels il est appliqué. Nous appellerons accommodation cette différenciation en réponse à l’action des objets sur les schèmes. Il peut alors y avoir équilibre entre l’assimilation et l’accommodation. P.P.G., pp.85-86.
L'importance de la notion d'assimilation est double. D'une part, elle implique, comme on vient de le voir, celle de signification, ce qui est essentiel puisque toute connaissance porte sur des significations (…) D'autre part, elle exprime ce fait fondamental que toute connaissance est liée à une action et que connaître un objet ou un événement, c'est les utiliser en les assimilant à des schèmes d'action. B.C., pp. 21-22.

Assimilation et accommodation cognitives
(…) l’assimilation cognitive est elle aussi une intégration et (…) à l’accommodation cognitive correspondent alors, soit les accommodats phénotypiques instables, soit les adaptations héréditaires stables. Mais une différence importante subsiste cependant : le propre des mécanismes cognitifs étant de dissocier les contenus et les formes, celles-ci, une fois dégagés avec leur caractère de structures opératoires, ne peuvent plus être contredites par les objets auxquels elles s’appliquent, cette accommodation en quelque sorte permanente n’étant plus modifiable que par différenciation et complétions. A.V.P.I., p. 92.
(…) à la différence de l'assimilation et de l'accommodation organiques, ne portant que sur les substances et énergies nécessaires à la conservation de structures toujours particulières, l'assimilation et l'accommodation cognitives, tout en prolongeant ces processus biologiques, ne peuvent qu'élargir constamment leur champ (qui, à la limite, comprend tout le réel plus le monde progressif des possibles). Mais cet élargissement indéfini ne saurait se réduire à un entassement simplement additif, puisque le propre de l'assimilation est au contraire de constituer une intégration effective, autrement dit un jeu de mises en relation comportant la formation de totalités refermées cycliquement sur elles-mêmes. E.S.C., p. 180.

Complémentarité de l’assimilation et de l’accommodation
(…) l’union de l’accommodation et de l’assimilation suppose elle-même une organisation. Il y a organisation à l’intérieur de chaque schème d’assimilation puisque (…) chacun constitue un tout réel, conférant à chaque élément une signification relative à cette totalité. Mais il y a surtout organisation totale, c’est-à-dire coordination entre les schèmes divers d’assimilation. Or, (…) cette coordination ne se constitue pas autrement que les schèmes simples eux-mêmes, à cette différence près que chacun englobe l’autre, en une assimilation réciproque. N.I., p. 130.
(…) comme l’assimilation et l’accommodation constituent deux pôles toujours inséparables et non pas deux conduites distinctes, il est clair qu’alors l’assimilation nouvelle joue le rôle de construction (extension du domaine du schème, introduction de nouvelles articulations dans le cycle, etc.) et l’accommodation nouvelle celui de compensations (nouveaux ajustements en réciprocité ou en inversion de caractères imprévus de l’objet), chacune de ces deux orientations étant solidaire de l’autre en un tout indissociable. E.S.C., pp. 45-46.

Haut de page







[…] c’est donc une question dépourvue de sens de se demander si la logique ou les mathématiques sont en leur essence individuelles ou sociales: le sujet épistémique qui les construit est à la fois un individu, mais décentré par rapport à son moi particulier, et le secteur du groupe social décentré par rapport aux idoles contraignantes de la tribu, parce que ces deux sortes de décentrations manifestent l’une et l’autre les mêmes interactions intellectuelles ou coordinations générales de l’action qui constituent la connaissance.