Emile Yung (1854-1918). Biologiste suisse

Collaborateur de Carl Vogt à Genève dès 1876, membre, pour la petite histoire, de ce petit groupe d’alpinistes qui avaient choisis de s’appeler les "Amis de la Varappe", du nom d’un couloir du Salève, Yung ne pouvait qu’avoir de la sympathie pour le jeune Piaget lorsque celui-ci lui demanda son aide quelque 35 années après que lui-même ait pu trouver des appuis précieux auprès de savants renommés.

Emile Yung, après avoir assisté Vogt pendant plusieurs années dans ses enseignements de biologie à l’université de Genève, le remplaça à la suite de sa mort en 1895. Les séjours de recherche qu’il réalisa au laboratoire maritime de Roscoff en Bretagne lui firent connaître de nombreux biologistes français, dont le lamarckien Delage. Ses travaux portaient sur la physiologie et le système nerveux des mollusques, point de départ de recherches sur le système physiologique de l’escargot, puis, en 1903, sur le sens olfactif de cet animal. La jonction entre la biologie et la psychologie était faite (Yung avait d’ailleurs déjà réalisé plusieurs recherches sur les comportements des animaux).

Vers 1910, Yung parvint à démontrer que, en dépit de la présence d’un œil au bout de leurs tentacules céphaliques, les escargots sont aveugles. Plusieurs de ses recherches avaient explicitement pour but de vérifier la thèse du lamarckisme selon laquelle "la fonction crée l’organe". S’il est parvenu à certains résultats positifs relativement à cette thèse, il reconnaissait lui-même ne pas avoir pu prouver l’essentiel, à savoir la transmission héréditaire des modifications individuelles. En définitive, il apparaît que le principal soutien du jeune Piaget lorsque celui-ci multipliera ses recherches sur les limnées des lacs de Suisse romande s’inscrit tout à fait dans ce courant lamarchien de la biologie française qu’illustraient par ailleurs, sur un plan plus spéculatif ou théorique, les travaux de le Dantec et de Rabaud.

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