Emmanuel Kant (1724-1804). Philosophe allemand

Professeur de logique et de métaphysique à Königsberg (aujourd’hui Kaliningrad), auteur de l’un des écrits les plus importants de toute la philosophie occidentale, la "Critique de la raison pure", Kant a profondément changé la notion de connaissance en montrant comment une connaissance objective est possible alors même que l’esprit humain ne peut appréhender la réalité que par l’intermédiaire d’un certain nombre de "concepts de l’entendement" et de "formes de la sensibilité", qui proviennent du sujet et ne peuvent être tirés de l’expérience sensible (dans la mesure où ils en sont au contraire la condition). Cette insistance sur le rôle du sujet dans la constitution des sciences a, d’une certaine façon, ouvert la voie qui aboutira un siècle et demi plus tard à la psychologie et à l’épistémologie génétiques.

C’est en s’interrogeant sur les conditions de possibilité de sciences telles que la géométrie euclidienne ou la physique newtonienne que Kant a ét amené à ce qu’il a lui-même appelé une révolution copernicienne dans la conception de la connaissance. Alors que l’attitude spontanée du sens commun est de considérer que, pour qu’il y ait connaissance, il convient que l’esprit se règle ou se moule sur les formes alors supposées préexister de la réalité, une réflexion critique systématiquement conduite pendant près d’une dizaine d’années a amené Kant à la thèse selon laquelle c’est au contraire en réglant (inconsciemment) ses affirmations selon les formes et les concepts apriori (logiquement antérieurs à l’expérience) que la pensée humaine parvient à formuler des jugements ayant valeur de connaissance relativement à la réalité offerte par cette expérience et qu’elle contribue à organiser. Ces concepts et ces formes apriori sont, entre autres, le temps et l’espace. En s’appuyant sur eux, la pensée humaine peut, par exemple, produire et étudier des objets tels qu’un triangle ou un nombre, au sujet desquels il lui est possible d’émettre des jugements synthétiques apriori, c’est-à-dire affirmer quelque chose à la fois d’instructif, de constructif et de nécessaire par rapport à la réalité étudiée.

Même si le détail de la conception de Kant n’a pas résisté au progrès des sciences, la thèse générale de l’apriorisme se retrouvera, sous une forme certes modifiée, au cœur même de la solution de Piaget, dans la mesure où toute connaissance dépend d’une assimilation du réel à des schèmes ou à des formes logico-mathématiques d’organisation construites par le sujet.

Après sa contribution majeure sur la nature et la portée de la raison, de l’entendement et de la sensibilité comme source de connaissances universelles, Kant a porté sa réflexion critique sur l’action et la morale humaines en mettant en lumière les principes apriori, et donc internes au sujet, auxquels celui-ci peut librement se soumettre et qui sont ainsi susceptibles de déterminer sa conduite. Ce faisant, il a amené en pleine lumière la notion d’autonomie morale, qui sera reprise par Piaget dans ses travaux sur la genèse du jugement moral chez l’enfant.

Parmi les publications de Kant, en plus de la "Critique de la raison pure" (1781), citons les "Prolégomènes à toute métaphysique future visant à se présenter comme science" (1786), la "Critique de la raison pratique" (1788) et enfin la "Critique de la faculté de juger" (1790), dans laquelle l’auteur formule une idée tout à fait moderne de la finalité, susceptible de relier l’un à l’autre le déterminisme naturel et la liberté humaine.

Liens URL:
http://atheisme.free.fr/Biographies/Kant.htm
http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Emmanuel_Kant
http://www.chez.com/kant/maquette/noframe/index.html
http://dmoz.org/World/Français/Sciences/Sciences_humaines_et_sociales/Philosophie/Philosophes/K/Kant,_Emmanuel/

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