Arnold Reymond (1874-1958). Historien et philosophe suisse

Auteur d’une thèse sur "Le subjectivisme et le problème de la connaissance", Reymond a abandonné pour des raisons de conscience la carrière de pasteur à laquelle il se destinait (il ne pouvait adhérer à la profession de foi qui était alors exigée des futurs pasteurs), pour se vouer complètement à l’étude et à l’enseignement de l’histoire et de la philosophie des sciences. C’est à ce titre qu’il interviendra sur la formation de la pensée du jeune Piaget, non seulement en facilitant son accès aux thèses les plus avancées d’épistémologie de la logique et des mathématiques, mais en le mettant en contact avec ces nouvelles sciences quétaient alors la sociologie et la psychologie.

Défenseur d’une philosophie chrétienne basée sur une foi religieuse restée intacte en dépit de ses démêlés avec l’église, Reymond n’a pas cessé, par ailleurs, de se méfier des ardeurs scientifiques de son élève. S’il n’a pu l’empêcher de se faire psychologue, il est pourtant parvenu à lui faire prendre conscience du caractère réducteur des explications un peu légères que des biologistes de l’époque donnaient de l’origine des normes logiques ou de la raison, problème qui intéressait Piaget lorsqu’il suivait les cours de Reymond, d’abord au gymnase, puis à l’université de Neuchâtel. Avec Godet, Reymond est ainsi la personne qui a pu marquer le plus directement et pendant plusieurs années les orientations premières de la pensée de son élève.

Parmi les ouvrages de Reymond, en plus de son "Essai sur le subjectivisme et le problème de la connaissance religieuse" (1900), citons "Logique et mathématiques" (1908) et "L’histoire des sciences exactes et naturelles dans l’antiquité gréco-romaine" (1924). La plupart de ses articles sont en outre recueillis dans les deux volumes de "Philosophie spiritualiste, Etudes et méditations, Recherches critiques" (1942).

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