Fondation Jean Piaget

Présentation

1967.
La conscience
In: L'aventure humaine: encyclopédie des sciences de l'homme, vol. 5: l'homme à la découverte de lui-même. Genève: Kister; Paris: Ed. de La Grange Batelière, pp. 48-52.
Texte PDF mis à disposition le 19.07.2007



Ce texte, bref mais dense, appartient à l'ensemble des écrits dans lesquels Piaget se livre à des réflexions épistémologiques sur la psychologie et sur ce qui la différencie de toute autre science de la nature, à savoir la conscience. Il considère tour à tour trois problèmes majeurs: celui de l'introspection ou de la prise de conscience, celui des notions qui s'appliquent exclusivement à la conscience et à ses objets, enfin la question délicate des rapports entre la conscience et le corps ou le cerveau. La section sur la prise de conscience s'appuie sur des faits connus qui montrent la progressivité de la prise de conscience et donc l'erreur des thèses classiques attribuant à l'introspection un accès immédiat à la réalité psychique. La section sur les notions qui permettent de cerner la conscience et ses objets, à savoir la signification, la compréhension, et l'implication signifiante (ou implication entre significations), est l'occasion pour Piaget de critiquer les applications à la conscience ou au objets conscients de notions qui n'ont de validité que sur le plan de la réalité physique (incluant les comportements des organismes), à savoir les notions de force, d'énergie et de travail. Enfin, sur la question des rapports entre conscience et organisme, Piaget montre que la seule position tenable est celle d'un isomorphisme entre les réalités conscientes et le fonctionnement neuronal, cet isomorphisme pouvant éventuellement s'accompagner d'un monisme de portée réduite entre une seule réalité étudiée sous l'angle particulier de la causalité par le neurologue et sous l'angle du comportement et des implications signifiantes par le psychologue. Signalons aussi la prise de position – déjà formulée par Piaget dans d'autres écrits – concernant les rapports entre les machines "logiques" que sont les ordinateurs et cette réalité à deux faces qu'étudient en synergie plus ou moins étroite le neurologue et le psychologue. Pour Piaget, les ordinateurs réalisent causalement, comme le fait le cerveau, des calculs logiques; mais à la différence du cerveau, on ne saurait leur attribuer la conscience.