Fondation Jean Piaget

Présentation approfondie

Ethologue suisse

Ariane Etienne a étudié la psychologie et la philosophie à Munich avant de poursuivre ses études à l'Institut des Sciences de l'Education à Genève. Assistante de Piaget et d'Inhelder dès 1958, elle participe aussi à des travaux avec Ajuriaguerra en psychiatrie et Posternak en physiologie. Elle va ensuite se perfectionner en neurophysiologie expérimentale à l'Université de Michigan durant une année, ce qui lui permet d'être acceptée en 1961 dans l'institut le plus prestigieux d'étude du comportement animal de cette époque, le Max Planck Institut für Verhaltensphysiologie à Seewiesen (Allemagne), où elle travaille sur les Anatidés (canards) sous la direction de Konrad Lorenz lui-même, avant de passer sous l'aile d'Erich Von Holst, et finalement du zoologiste Horst Mittelstaedt. Elle commence chez celui-ci une thèse sur la perception de la proie chez les libellules, qu'elle soutiendra à Genève en 1965. Engagée à la demande de Piaget pour y enseigner l'éthologie, elle va cependant passer d'abord quelques années à Cambridge, dans l'unité de Pat Bateson, où elle s'intéresse à la permanence de l'objet chez le poussin, avant de revenir définitivement à Genève en 1972. En 1976, Ariane Etienne est nommée professeure, le laboratoire d'Ethologie est pleinement opérationnel, et ses travaux sur la permanence chez le hamster la mènent fortuitement à s'intéresser à des questions relatives à l'orientation spatiale; c'est cela qui deviendra le domaine d'étude unique du laboratoire jusqu'à sa fermeture en 2001. Relatifs à des mécanismes peu discutés parmi les psychologues, les travaux de l'équipe Etienne sur l'orientation spatiale, restés d'abord marginaux, ont pris du relief quand des travaux d'autres équipes, notamment en neurobiologie, ont mis en évidence l'importance cognitive de ces mécanismes, dans le courant des années 90.

En effet, durant ces années, son équipe a en particulier réalisé des travaux sur un mécanisme d'orientation peu décrit et initialement peu étudié : l'intégration du chemin (ou intégration du trajet), à savoir la capacité que beaucoup d'animaux (y compris l'humain) ont, lors d'un trajet, de calculer, de manière automatique et inconsciente, leur position sur la base de leurs mouvements. Etudier ce mécanisme dans les années 80 était très novateur, car peu de chercheurs en avaient réalisé l'importance. Ce n'est que plus tard, à mesure que des recherches faites par d'autres, notamment en neurobiologie, mettaient de plus en plus en évidence le rôle majeur de ce mécanisme dans l'orientation et la mémoire spatiale, que les études strictement comportementales d'Ariane Etienne ont pris tout leur sens, et ont donné lieu à des publications dans des revues prestigieuses.

Passionnée par la recherche (au point qu'elle avait fait construire à ses frais, dans les sous-sols de sa maison, une réplique en plus petit du laboratoire universitaire, animalerie comprise), Ariane Etienne n'en néglige pas pour autant l'enseignement. Elle jouera un rôle de pionnière en introduisant dans ses cours, outre l'éthologie classique, et les questions issues de son propre domaine de recherche, des concepts d'écologie comportementale et de sociobiologie, tout à fait à l'avant-garde dans le domaine de l'éthologie, alors que ces idées novatrices peinent à s'imposer dans les milieux francophones des études biologiques du comportement, et encore plus parmi les sciences humaines.

Lien URL vers le groupe d'enseignement et de recherche en éthologie créé par Ariane Etienne à l'Université de Genève. Le visiteur peut y découvrir la Liste de ses publications.