LA PSYCHOLOGIE COMME «BYPRODUCT»

A l'intérieur de frontières plus spécifiquement psychologiques, J. M. Baldwin a fourni sous le nom de «logique génétique» des vues pénétrantes sur la construction des structures cognitives. Plusieurs autres tentatives pourraient encore être citées.

Mais si l'épistémologie génétique a repris la question, c'est dans la double intention de constituer une méthode apte à fournir des contrôles et surtout de remonter aux sources, donc à la genèse même des connaissances, dont l'épistémologie traditionnelle ne connaît que les états supérieurs, autrement dit certaines résultantes. Le propre de l'épistémologie génétique est ainsi de chercher à dégager les racines des diverses variétés de connaissance dès leurs formes les plus élémentaires et de suivre leur développement aux niveaux ultérieurs jusqu'à la pensée scientifique inclusivement. Mais si ce genre d'analyse comporte une part essentielle d'expérimentation psychologique, il ne se confond nullement pour autant avec un effort de pure psychologie. Les psychologues eux-mêmes ne s'y sont pas trompés et dans une citation que l'American Psychological Association a bien voulu adresser à l'auteur de ces lignes on trouve ce passage significatif : «Il a abordé des questions jusque-là exclusivement philosophiques d'une manière résolument empirique et a constitué l'épistémologie comme une science séparée de la philosophie mais reliée à toutes les sciences humaines», sans oublier naturellement la biologie. Autrement dit, la grande société américaine a bien voulu admettre que nos travaux comportaient une dimension psychologique, mais à titre de byproduct comme le précise encore la citation, et en reconnaissant que l'intention en était essentiellement épistémologique. (L'épistémologie génétique, Paris, Presses Universitaires de France, 1970, pp. 6-7.)