La construction du réel chez l'enfant – Observation 155

[p.254] Jacqueline, dès 1;0 (10), sait utiliser les lois du balancement. Assise dans son nid-volant, elle imprime un élan croissant à l'appareil, puis se renverse en arrière, relève les jambes et se laisse balancer, parfaitement tranquille jusqu'à ce que le mouvement cesse. La différence entre cette attitude et celles qui caractérisaient son jeu jusqu'à ce jour est la suivante: jusqu'ici elle était constamment active lorsqu'elle se balançait dans le nid-volant, comme si ses propres mouvements étaient nécessaires à la durée du phénomène, tandis que maintenant elle sait que l'action est soumise elle-même et peut s'en remettre aux lois de l'activité du nid-volant comme tel.

De même, à 1;3 (10), Jacqueline, dans son parc, découvre la possibilité de se laisser tomber assise: elle se retient à la barre, et se baisse doucement jusqu'à quelques centimètres du sol, pour lâcher alors son point d'appui. Précédemment elle ne quittait pas la barre avant d'être convenablement posée, tandis que désormais elle se laisse aller et prévoit ainsi la trajectoire que suivra son mouvement de chute indépendamment de toute activité de sa part.

Notons encore comment, à 1;3 (12), elle sait faire marche arrière, lorsque sa robe s'accroche à un clou, et essayer de se détacher, au lieu de tirer simplement pour vaincre la résistance: son attitude témoigne ainsi de la conscience des relations de dépendance qui existent entre ses mouvements et les obstacles extérieurs.