Fondation Jean Piaget

Présentation

1951.
La genèse de l'idée de hasard chez l'enfant. Chap. 10: Conclusions: Hasard, probabilité et opérations
Paris: Presses Univ. de France. (2e éd. 1974), pp. 225-261
Texte PDF mis à disposition le 29.08.2010



[Texte de présentation; version 2 juillet 2010]

Dans leurs conclusions, Piaget et sa collaboratrice B. Inhelder s’appuient sur les réponses des enfants de différents niveaux de développement intellectuel pour montrer comment l'acquisition de la notion de hasard est, dans une première étape, liée à celle de la genèse des groupements d’opérations spatio-temporelles (pour ce qui est du hasard physique) et des groupements d’opérations logico-arithmétiques (pour ce qui est du hasard arithmétique). Ils montrent également comment cette acquisition d’une première notion de hasard va de pair avec une dissociation du possible et du nécessaire liée à l’acquisition de l’opération d’emboîtement des classes logiques (si A+A’=B, alors tout élément individuel tiré à l’aveugle de la collection B est nécessairement soit un A soit un A’, sans que l’on puisse déduire si cet élément sera un A ou au contraire un A’ en raison du caractère aléatoire du tirage). Cependant, il faut attendre le développement des opérations formelles liées au développement de la pensée hypothético-déductive et de la pensée combinatoire pour que les enfants accèdent à une pleine notion de hasard alors liée à l'acquisition de la notion de probabilité (et à ce que celle-ci implique de la notion de proportionnalité).

Enfin, dans la dernière section de ces conclusions, Piaget généralise la démonstration empirique du lien de dépendance existant chez l’enfant entre la maîtrise du hasard et le développement des opérations en l’appliquant au problème de la signification de la notion d’indétermination qui est au coeur de la microphysique. Il y traite aussi la question de l’opposition entre, d’un côté, l’irréversibilité d’un mélange physique composé d’un très grand nombre d’éléments et, de l’autre côté, la réversibilité toujours mathématiquement possible d’un retour au point de départ du même mélange lorsque la totalité des combinaisons possibles, y compris celles physiquement extrêmement peu probables, est prise en considération. Ce qui est mathématiquement possible, comme le réchauffement d’un corps sans apport d’énergie extérieur, est physiquement extrêmement improbable, d’où le caractère inéluctable du refroidissement de ce corps qu’exprime le principe de Carnot-Clausius en thermodynamique. On mesure ici tout l’intérêt épistémologique de l’étude de la genèse de l’idée de hasard chez l’enfant.