Fondation Jean Piaget

Description élargie

objectivité
Depuis Kant, la notion d'objectivité contient deux aspects indissociables. Est objectif non plus seulement ce qui s'impose au sujet parce qu'il se présente à lui comme indépendant de lui (l'objet), mais également ce qui s'impose à lui parce qu'obéissant à des lois que le sujet peut reconnaître grâce aux formes et aux notions apriori de l'intuition sensible et de l'entendement. Piaget complétera Kant en montrant comment ces formes et ces notions sont progressivement construites par le sujet, et comment elles dépendent de différents regroupements de l'action, puis des opérations.

L’objectivité est l’une des caractéristiques principales des connaissances véritables, au sens le plus étroit du terme. Une connaissance est objective si et seulement si, premièrement, elle décrit, explique ou démontre correctement les propriétés de l’objet sur lequel elle porte (d’où le choix du terme adopté pour la désigner), et, deuxièmement, cette adéquation ou cette rectitude de la description, de l’explication ou de la démonstration est la conséquence d’un processus pouvant être accompli par toute personne ayant les capacités cognitives ou techniques nécessaires (par exemple la maîtrise d’une méthodologie expérimentale, d’une technique mathématique, mais aussi celle d’un schème opératoire).

Bien que certains philosophes ou savants nient l’existence d’une telle objectivité, le problème épistémologique fondamental n’est pas de savoir si, étant entendu ce qui précède, il existe ou non une connaissance objective (l’existence des sciences, et spécialement des connaissances mathématiques, tend à le prouver). Il est plutôt de savoir ce que signifient de telles connaissances et comment elles sont possibles. Kant sera le premier auteur à formuler de façon très claire ce problème et à lui apporter une solution, l’apriorisme, qui évite le piège de l’empirisme dont Hume a montré qu’il conduit au scepticisme, du moins en ce qui concerne les sciences de la nature. Cette question sera ensuite reprise par plusieurs auteurs, dont Piaget qui s’appuiera pour y répondre sur l’étude psychogénétique de la pensée logico-mathématique et de la pensée physique, ainsi que sur l’étude de l’équilibration des structures cognitives.