Fondation Jean Piaget

Description élargie

philosophie positive
La philosophie positive peut être considérée comme un substitut de l’ancienne métaphysique, c’est-à-dire de ce projet ambitieux qu’avaient nombre de philosophes du passé de pouvoir apporter une réponse ultime à la question de l’être ou (du fondement de l’être).

Un tel projet paraît aujourd’hui condamné à l’échec face à l’extraordinaire essor des sciences (l’une des dernières tentatives en ce sens de la philosophie française, celle de Bergson, illustre bien, par son aspect rapidement caduque, le caractère probablement irrémédiablement dépassé d’un tel projet). Mais le philosophe (ou le savant philosophe) plus intéressé par l’affirmation de l’être que par le souci, propre à la philosophie critique, de connaître les limites de la connaissance humaine a encore une carte à jouer: celle de la synthèse des savoirs construits par les sciences qui lui sont contemporaines.

Cette démarche philosophique est très bien illustrée par l’oeuvre de Spencer. Faire tenir l’ensemble des connaissances scientifiques au sein d’un seul système dans lequel ces connaissances ne soient pas juxtaposées, mais déductivement liées les unes aux autres, est le défi que s’était lancé le philosophe anglais au milieu du dix-neuvième siècle. Ce défi n’est pas sans valeur et ne cessera probablement jamais d’accompagner l’essor des sciences; c’est lui qui, en un sens, se cache derrière toute l’oeuvre de Piaget. Mais il implique, pour être réalisé dans de bonnes conditions, une connaissance approfondie des différentes sciences, ainsi que la possibilité de résoudre, par des méthodes garantissant la plus grande objectivité possible, les multiples problèmes particuliers que peut poser ce projet de système des sciences. Cette seconde exigence est l’une des raisons qui ont conduit Piaget à créer l’épistémologie génétique.