Fondation Jean Piaget

La notion de causalité

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L'interprétation de la causalité constitue pour Piaget un problème épistémologique important puisqu'elle soulève la question des apports respectifs du sujet et de l'objet dans la connaissance physique. Quel est, en effet, le rôle des activités opératoires du sujet dans le processus de l'explication causale? Piaget établit une distinction entre la causalité matérielle, physique ou physiologique, liée à des transformations spatio-temporelles irréversibles, et l'implication logique ou mathématique, caractérisée au contraire par des opérations réversibles. Or, si la causalité et l'implication sont irréductibles l'une à l'autre, elles présentent néanmoins un étroit parallélisme, toute explication physique consistant, pour Piaget, à mettre en relation la déduction logico-mathématique et l'expérience. Il interprète donc la causalité comme le résultat d'une attribution par le sujet de ses propres actions ou opérations aux objets eux-mêmes, consistant à concevoir les relations entre objets comme des systèmes de transformations isomorphes aux systèmes opératoires déductifs. Tandis que les transformations opératoires propres à l'implication logique résultent d'une abstraction à partir des coordinations générales de l'action telles que réunir, mettre en correspondance etc., la connexion causale exprime les coordinations entre objets, c'est-à-dire ce que font les objets en agissant les uns sur les autres. Elle est donc une composition opératoire mais qui englobe des éléments expérimentaux de provenance extérieure au sujet.

En tant que système des interactions entre objets, la causalité relève bien de la connaissance physique ou expérimentale. Mais comme celle-ci est dépendante des instruments opératoires dont dispose le sujet pour appréhender les phénomènes physiques, la causalité résulte toujours simultanément d'une assimilation des transformations physiques aux systèmes opératoires de la pensée et d'une accommodation aux données de l'expérience. De plus, elle ne consiste pas seulement à interpréter les transformations extérieures, mais à projeter les opérations dans le réel en concevant les transformations physiques sur le modèle des transformations opératoires. Les objets sont alors conçus comme des opérateurs effectuant des transformations au sein d'un système physique. Cette structuration déductive de l'expérience manifeste pour Piaget l'union indissociable de l'expérience et de la déduction intervenant en toute connaissance physique. La causalité dépasse ainsi la légalité en introduisant un caractère de nécessité entre les liaisons constatées puisqu'elle consiste, pour le sujet, à concevoir les relations entre objets sur le modèle de ses propres opérations.

Étant une assimilation des séquences extérieures aux actions ou opérations du sujet, la causalité s'élabore progressivement en fonction de la différenciation et de la coordination croissantes de ces actions. Piaget distingue en effet plusieurs formes de causalité au cours du développement psychogénétique qui remplissent toutes la même fonction d'explication mais sous des formes différentes. D'abord simple assimilation égocentrique et déformante des modifications du réel aux actions du sujet, la causalité s'objective peu à peu en fonction de la décentration progressive des actions et de leur intériorisation sous la forme d'opérations réversibles. Avec la pensée formelle, caractérisée par le raisonnement hypothético-déductif et la capacité d'effectuer des opérations sur les opérations du niveau antérieur, elle aboutit à concevoir les transformations réelles comme un cas particulier de transformations opératoires possibles dont elles tirent leur intelligibilité. Cette évolution de la causalité, solidaire d’un processus d'objectivation des connaissances lié à la conceptualisation croissante des actions ou opérations regroupées sous la forme de systèmes déductifs, se prolonge au niveau sociogénétique. À ce niveau également, on assiste à une transformation de la causalité qui conduit non seulement à une nouvelle hiérarchie des échelles d’approximation diminuant le degré de validité des formes causales antérieures (par exemple, l’espace newtonien ne demeure valable qu’à une certaine échelle et en fonction d’un certain degré d’approximation), mais également à un sacrifice de certains aspects relégués dans le domaine des apparences phénoménistes ou des relations égocentriques (par exemple, els explications finalistes ou anthropocentriques). L’évolution de la causalité se manifeste alors par une accommodation aux aspects de plus en plus profonds de la réalité, c'est-à-dire s'éloignant toujours davantage de l'action immédiate, pour donner lieu à une extraction de plus en plus fine des caractères généraux de la réalité. C'est ainsi qu'ont été élaborés divers modèles explicatifs correspondant à différents degrés d'approximation ou à différentes échelles des phénomènes physiques appréhendés par la pensée. L’évolution de la causalité au cours de l’histoire est donc analogue en ses formes initiales à ce que l’on retrouve dans le développement individuel. Si elle s’élève bien sûr à des niveaux beaucoup plus élevés, elle constitue à toutes ces étapes une assimilation du réel d’abord aux actions plus ou moins composées entre elles puis aux compositions opératoires du sujet caractérisées par leurs coordinations nécessaires. Au processus d'abstraction à partir des objets, qui caractérise l'évolution de la causalité, s'ajoute donc un processus complémentaire de généralisation constructive par compositions opératoires, s'accompagnant d'un pouvoir explicatif accru lié à la nécessité des compositions au jeu. C’est précisément ce dont témoigne l’intervention de la notion de groupe en physique qui fait de la réalité une actualisation de quelques possibles parmi un ensemble de possibles déductibles mais non entièrement réalisés.

Causalité et opérations se développent en étroite interrelations dans la mesure où il y a dès le départ interaction entre les compositions d’actions ou d’opérations et la causalité. En effet, Piaget considère que si l’évolution de la causalité est bel et bien liée au développement des opérations, celui-ci n’est pas indépendant de la causalité et ne la détermine pas à sens unique. Certes, le sujet ne peut comprendre les phénomènes qu’en attribuant aux objets des actions puis des opérations plus ou moins isomorphes aux siennes. Mais cela n’implique nullement que ces opérations se forment indépendamment de la causalité. Puisque le sujet ne peut prendre conscience de ses propres actions ou opérations qu’à travers leur résultats sur les objets, il y a dès le départ un contexte causal présidant à la constitution des opérations et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle Piaget qualifie d’«abstractions pseudo-empiriques» les formes d’abstraction réfléchissante élémentaires puisqu’elles ont besoin, pour s’effectuer, du support d’objets concrets et manipulables. L’indépendance graduelle de l’opératoire par rapport au causal n’est donc pas une donnée primitive mais le produit d’une épuration graduelle, les aspects proprement physiques et logico-mathématiques de l’action étant initialement peu différenciés comme en témoignent le caractère égocentrique des notions physiques intuitives et des modèles explicatifs initiaux.

Piaget voit dans la causalité un bon exemple de substitution de l’endogène à l’exogène, autrement dit d’une construction logico-mathématique à une expérience physique, permettant d’introduire une nécessité logique au sein d’un système qui n’était que localement cohérent. Il établit d’ailleurs une analogie entre la causalité, en tant que substitution de constructions endogènes à des constatations exogènes, et la phénocopie, en tant que remplacement des constructions phénotypiques par des constructions plus solides relevant de génotypes. À cet égard, la causalité constitue pour Piaget un exemple de ce qu’il appelle la phénocopie cognitive et dont la fonction est d’assurer une équilibration majorante grâce à un processus de reconstruction endogène puis de dépassement dû à une réorganisation qui permet de combiner de façon nouvelle les éléments tirés du système antérieur, bref d’effectuer une généralisation constructive et pas seulement extensionnelle.

©Marie-Françoise Legendre

Toute extrait de la présente présentation doit mentionner la source: Fondation Jean Piaget, Piaget et l'épistémologie par M.-F. Legendre
Les remarques, questions ou suggestons peuvent être envoyées à l'adresse: Marie-Françoise Legendre.

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Citations

Causalité en tant qu’a priori fonctionnel
Les catégories générales et nécessaires comme la causalité ne se présentent jamais sous une forme toute faite et surtout pas aux stades de départ : il existe un grand nombre de types de causalité, se succédant selon des stades réguliers et ce qu'il y a de commun entre eux n'est pas une “forme”, qui serait extrêmement pauvre en tant que commune à tous les stades, mais simplement une fonction ou un besoin fonctionnel d'explication, né de l'application de la déduction aux séquences temporelles régulières. Or, si l'a priori se réduit à une fonction ou à un fonctionnement on ne peut plus parler d'“idée” innée, en un sens structural. B.C., p. 375-376

Causalité
(…) la causalité est d’abord essentiellement une assimilation des séquences aux actions du sujet, après quoi elle se développe en fonction de leur composition même : celle-ci est déjà source des opérations logico-mathématiques, mais la composition causale ou explicative englobe, en plus, un élément de succession temporelle emprunté à l’expérience externe ou interne ; c’est en quoi cette composition est causale au lieu de demeurer simplement déductive ou implicative, mais l’élément de succession ne suffirait pas à constituer le lien causal sans une assimilation aux actions propres puis à la composition opératoire. I.E.G., Vol. II p. 258-259.
(…) à toutes les étapes de l’histoire de la physique et à tous les niveaux de la psychogenèse, la causalité, sous ses formes les plus générales, consiste toujours à attribuer aux objets des modes d’actions sur le modèle de nos propres opérations ou de nos propres structures logico-mathématiques. C’est ainsi que (…) un nombre impressionnant de phénomènes, de la microphysique à la relativité générale en passant par la théorie des cristaux, etc., semblent expliqués dans la mesure où l’on parvient à leur conférer une structure de «groupe» (…).A.V.P.I. p. 77.

Causalité et déduction opératoire
(…) la causalité représente le plus bel exemple, sans doute, d’interrelations entre les activités du sujet et les données d’expérience dans le mécanisme de la connaissance physique. En effet, si le caractère de production intervenant dans la causalité peut s’entendre en termes de transformations extérieures aussi bien que de déduction, son caractère de nécessité, par contre, qui précisément différencie le mieux la cause de la loi, ne saurait s’expliquer sans recourir à la déduction opératoire. L.C.S., p. 770.
Le propre de la causalité est ainsi de constituer une sorte d'assimilation (...) des transformations physiques aux transformations opératoires, mais il s'agit d'une forme particulière d'assimilation consistant, non pas seulement à interpréter les transformations extérieures au moyen d'un cadre opératoire (...), mais à projeter pour ainsi dire les opérations dans le réel en concevant les transformations physiques sur le modèle des transformations opératoires: c'est le cas notamment des «opérateurs» en microphysique et de la structure de «groupe» lorsqu'ils sont conçus comme immanents à un système physique déterminé et non pas seulement comme instruments d'intelligibilité et de calcul (...). Ainsi interprétée, la causalité représente le plus bel exemple, sans doute, d'interaction entre les activités du sujet et les données d'expériences dans le mécanisme de la connaissance physique. LC.S., pp.769-770
(La causalité) (…) réalise ainsi une fusion indissociable entre la déduction opératoire et les séquences expérimentales. D’une part, en effet, elle émane des actions et opérations du sujet sur les objets et constitue donc d’abord le système des opérations spatio-temporelles appliquées aux interactions entre objets: de ce premier point de vue elle tend déjà d’emblée à s’organiser en une déduction parallèle à la déduction logico-arithmétique (…) D’autre part, la causalité n’exprime pas seulement les actions du sujet sur les objets mais aussi les actions des objets les uns sur les autres. I.E.G., Vol. II, p. 328-329.

Déduction causale
En tous les cas, la déduction causale revient ainsi à fusionner la modification physique avec la transformation opératoire, par subordination du réel au possible, et à conférer aux généralisations des rapports légaux réels un caractère de nécessité, ou de probabilité en fonction de cette subordination même. I.E.G., Vol. II, p. 333.

Différences entre opérations et causalité
(…) les structures logico-mathématiques aboutissent (…) à des compensations entières par symétrie généralisées, tandis que la causalité, tout en comportant son mode particulier de compensations par productions et conservations combinées, demeure irréversible en ses séquences spatio-temporelles et ne connaît par conséquent que des équivalences approchées avec els compositions opératoires dont elle procède sous différentes formes qu’elle attribue aux objets et au réel. E.S.C., p. 163.

Point de départ psychologique de la causalité
Au total, le point de départ psychologique de la causalité n’est à rechercher ni dans les rapports purement phénoménistes fournis par l’expérience extérieure, ni dans les données introspectives de l’expérience externe mais bien dans une assimilation des données de l’expérience aux schèmes de l’action propre (…) cela revient à dire que la causalité ne saurait résulter d’aucune «expérience» proprement dite, mais bien, et dès le principe, d’une organisation de l’expérience en fonction du schématisme de l’action. I.E.G., Vol. II, p. 261-262.

Explication causale
Le processus suivi par l'explication causale consiste à insérer les modifications réelles dans un ensemble de transformations opératoires possibles, dont elles tirent alors leur intelligibilité en devenant des cas particuliers. I.E.G., Vol. II, p. 333
En bref, l’explication causale consiste à déduire les lois par une composition de transformations opératoires, mais avec mise en correspondance entre les transformations successives intervenant dans la déduction et les transformations physiques successives ou ordonnées: la causalité est donc une déduction incorporée à l’expérience, soit directement (…) soit par l’intermédiaire de modèles plus ou moins schématisés. LCS. P. 769.
(…) le principe général de l’explication causale reste toujours que, aux systèmes constitués par les faits observables et les lois, enregistrés de façon exogène, sont substitués des systèmes inférentiels, dont la structure est celle d’opérations du sujet et dont l’élaboration est ainsi endogène. A.V.P.I. p. 77

Explication causale et phénocopie cognitive
(…) l’élaboration de chaque explication causale ou physique semble ainsi constituer un équivalent cognitif des phénocopies biologiques à cette réserve près, il est vrai fondamentale, que si les processus exogènes sont de même nature dans les deux cas (action du milieu ou des objets), les processus endogènes sont par contre issus du génome dans la phénocopie biologique mais seulement des autorégulations internes du sujet dans le cas des équivalents cognitifs de la phénocopie. A.V.P.I. p. 81

Explication précausale
On peut appeler précausale toute explication qui n'est que conceptuelle et ne saurait s'appuyer sur un calcul algébrique de nature générale (logistique, etc.) ou sur une vérification expérimentale accompagnée de mesures au sens large (…) C., p. 183
Le propre des explications précausales se manifeste ainsi par le besoin de combler les lacunes du calcul ou de l'expérimentation éventuelle par un recours aux assimilations psychomorphiques. B.C., p. 184.

Liaisons causales et coordinations logico-mathématiques
Une action isolée, source d’un rapport causal défini (par ex. pousser un objet), est comparable à une action isolée, source d’un futur rapport opératoire de nature logico-mathématique (par ex. réunir deux objets en un seul tout), mais la différence entre elles réside en ceci que, dès le départ, la première de ces deux sortes d’actions englobe des éléments empruntés à l’objet lui-même (sa résistance ou masse, etc.) tandis que la seconde n’emprunte rien aux objets et se borne à leur imprimer une structure ou disposition émanant de l’action elle-même (…). Quant aux actions coordonnées entre elles (…) elles sont comparables aux coordinations qui sont à la source des compositions opératoires de caractère logico-arithmétique (…) mais la séquence causale par les premières de ces coordinations fait à nouveau intervenir, en plus de la coordination des actions elles-mêmes (…) une modification des objets comme tels (…) tandis que les secondes de ces coordinations (…) se bornent à relier les actions du sujet. I.E.G., Vol. II, p. 267.

Causalité et implication
Si la causalité physiologique et l'implication consciente sont irréductibles l'une à l'autre, elle n'en comportent pas moins des correspondances et même un parallélisme. Le fameux principe de parallélisme psychophysiologique n'est en réalité qu'un principe d'isomorphisme entre la causalité et l'implication. B.C., p. 79.

Dualité de la cause et de la loi
La dualité entre la cause et la loi exprime simplement le fait que l’ensemble des lois servant à expliquer une loi déterminée ne se trouve pas sur le même plan qu’elle, précisément parce qu’il constitue un ensemble et que seul le système total comme tel explique les lois particulières qui en font partie (…) c’est l’ensemble du système opératoire ainsi formé qui détient, en tant qu’ensemble, le pouvoir explicatif dû à ses connexions nécessaires. I.E.G., Vol. II, p. 308
(…) la cause se différencie de la loi à titre de système distinct de ses éléments: si une loi à elle seule n’est pas nécessaire, puisqu’elle résulte simplement d’une élaboration de constatations plus ou moins régulières, par contre la coordination déductive de deux ou plusieurs lois entre elles introduit un élément de plus dans la direction de la nécessité logique ou mathématique. Or, c’est précisément ce caractère nécessaire d’un ensemble de rapports légaux qui répond au besoin d’explication. I.E.G., Vol. II, p. 309.

Abstraction pseudo-empirique
(…) l’abstraction réfléchissante sous ses formes élémentaires n’est accessible au sujet qu’incarnée dans des objets. Seulement, cette incarnation ne signifie naturellement pas qu’elle va porter sur des caractères que les objets posséderaient indépendamment du sujet (comme leur poids ou leur grandeur) ; il ne s’agit au contraire que de caractères momentanément introduits par le sujet dans ces objets, comme de les ordonner en rangée iu en colonne et de constater que les correspondances ne varient pas pour autant. Nous parlerons en ce cas d’«abstraction pseudo-empirique», puisqu’il y a lecture sur els objets, mais lecture de propriétés dues aux actions du sujet. A.V.P.I., p. 83-84.

Généralisations constructives
(…) les généralisations physiques, dès leurs niveaux élémentaires, ont tendance à dépasser leur forme initialement inductive et simplement extensionnelle (passage du «quelques» au «tous») dans la direction de formes constructives et complétives par attribution de structures logico-mathématiques aux objets eux-mêmes alors considérés comme opérateurs. Cette transformation des généralisations revient donc à substituer aux variations extrinsèques des phénomènes constatés par des voies exogènes, des systèmes de variations intrinsèques en tant que nécessaires, ou qu’ouvertures nécessaires sur des possibilités déterminées, mais inférées ou construites déductivement par des voies endogènes. P.H.S., pp. 251-252

Interactions entre compositions opératoires et causalité
On peut ainsi supposer, puisque la causalité procède de l’action propre avant d’être généralisée aux relations entre objets et puisque les opérations de leur côté dérivent des actions et de leurs coordinations, que, plus on remonte haut, plus les actions du sujet seront indifférenciées, donc simultanément préopératoires et causales, tandis qu’avec le progrès des opérations il y aura tout à la fois différenciation et collaboration (…). E.C.,p.19

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[…] c’est vers trois ans […] qu’apparaissent, dans le langage, les flexions, les cas et les temps un peu compliqués, les premières propositions subordonnées, bref tout l’appareil nécessaire aux premiers raisonnements formulés. Or ces raisonnements ont aussi pour fonction de construire, derrière la réalité sensible et immédiate, une réalité supposée et plus profonde que le monde simplement donné.

J. Piaget, Le Langage et la pensée chez l’enfant, 1923, 3e éd. 1948, p. 203