Fondation Jean Piaget

L'épistémologie cartésienne

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L'épistémologie cartésienne, que Piaget considère comme le point de départ de l'épistémologie moderne, dépasse le réalisme des anciens en mettant en évidence le rôle du sujet dans la connaissance. Cette épistémologie est tributaire d'innovations mathématiques et physiques qui ont amené Descartes à réviser l'épistémologie d'Aristote. En effet, le développement de l'algèbre met en évidence la possibilité d'une discipline fondée sur les opérations du sujet et leurs libres combinaisons. La découverte par Descartes lui-même de la géométrie analytique lui permet d'établir une correspondance entre l'algèbre, domaine des opérations, et la géométrie, domaine de l'étendue. Enfin les découvertes de Galilée sur le mouvement inertiel et la possibilité d'appliquer le calcul à des transformations physiques favorisent la prise de conscience du sujet épistémique, c'est-à-dire des instruments logico-mathématiques permettant d'assimiler rationnellement la réalité physique.

©Marie-Françoise Legendre

Toute extrait de la présente présentation doit mentionner la source: Fondation Jean Piaget, Piaget et l'épistémologie par M.-F. Legendre
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Citations

Épistémologie cartésienne

En mesure, dès lors, de s'opposer à l'épistémologie d'Aristote, Descartes fonde l'épistémologie moderne en dégageant au moins trois des idées centrales. En premier lieu, il découvre enfin l'existence du sujet connaissant, non plus d'un sujet contemplatif, c'est-à-dire passif, mais du sujet source de constructions, qui tout à la fois invente en mathématiques (au lieu de «découvrir» simplement) et qui structure la connaissance physique. En second lieu, il introduit (en liaison directe avec sa géométrie analytique) un parallélisme entre l'étendue et la pensée, ce qui lui permet de dépasser le mathématisme statique des Anciens et d'incorporer le mouvement au domaine des idées claires et distinctes: en liaison avec Galilée il conçoit ainsi une cinématique et une mécanique rationnelles, où les mouvements inertiaux permettent l'économie des «formes» aristotéliciennes. En troisième lieu, généralisant donc l'application possible des mathématiques à la physique, même en se contentant d'une physique trop pauvre, exclusivement réduite aux notions de figure et de mouvement, il fournit une théorie décisive de la causalité qui imprégnera toute l'épistémologie moderne: la causalité n'est que l'application de la déduction mathématique à des modèles réels, causa sen ratio! C'est ainsi que la prise de possession de nouveaux instruments mathématiques, solidaire dans les deux sens de cette réciprocité, de la découverte du Cogito ou du sujet de la connaissance, ont renouvelé les termes du problème épistémologique en dépassant le réalisme des Anciens. L.C.S., p. 21

Philosophie réflexive de Descartes
(...) la philosophie réflexive de Descartes consacre cette prise de conscience de l’activité du sujet.
Si Descartes continue à admettre, avec les Grecs, le caractère intuitif des vérités mathématiques, cette intuition n’est donc pas une contemplation : il s’agit au contraire de désarticuler les totalités fournies par l’intuition, en les réduisant à des éléments simples que l’algèbre se charge de recomposer opératoirement. I.E.G. I, p. 271

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L’instinct ne consiste pas exclusivement en montages héréditaires […]. L’instinct tire, d’une part, ses programmations et surtout sa « logique » d’un fonctionnement organisé qui tient aux formes les plus générales de l’organisation vitale. D’autre part, il prolonge cette programmation en actions individuelles ou phénotypiques qui comportent une marge importante d’accommodation et même d’assimilation en partie apprise et en certains cas quasi intelligente. […] ce qui s’évanouit avec la disparition de l’instinct, c’est exclusivement la partie centrale ou médiane, c’est-à-dire la régulation programmée […].