Fondation Jean Piaget

La parenté des modes de conceptualisation biologique, psychologique et épistémologique



L’analogie entre les modes de conceptualisation de la connaissance biologique et de la connaissance psychologique et épistémologique constitue selon Piaget le signe qu'il existe entre ces deux types de connaissances, un rapport fondé ultimement sur la continuité de leur objet d’étude respectif.

Le tableau suivant résume la classification que propose Piaget de ces différentes perspectives biologiques, psychologiques et épistémologiques.


Théorie non-génétiques Théories génétiques

Pôle de l'objet ou du milieu Biologie: Fixisme vitaliste qui nie toute évolution
Psychologie: Théorie de l’intelligence faculté, spiritualité
Epistémologie: Connaissance intuitive des universaux : la forme est considérée comme une cause agissant sur la matière.
Biologie: Lamarckisme
Psychologie: Empirisme, associationnisme
Epistémologie: Épistémologie empiriste

Pôle du sujet Biologie: Préformisme qui considère l’évolution comme plus apparente que réelle.
Psychologie: Préformisme des structures mentales ou intellectuelles ; la pensée est un miroir de la logique intérieure à l’esprit
Epistémologie: Apriorisme kantien soustrayant la formation des notions aux influences de la réalité empirique
Biologie: Mutationnisme
Psychologie: Théorie de l’intelligence fondée sur les essais/erreurs
Epistémologie: Conventionnalisme en philosophie des sciences et Pragmatisme en philosophie

Interaction sujet x objet Biologie: Émergence
Psychologie: Gestalt
Epistémologie: Phénoménologie
Biologie: Modèle de la phénocopie
Psychologie: Modèle de l’équilibration
Epistémologie: Constructivisme


©Marie-Françoise Legendre

Toute extrait de la présente présentation doit mentionner la source: Fondation Jean Piaget, Piaget et l'épistémologie par M.-F. Legendre
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En vertu de l’ « innocence » de son jugement, l’enfant raisonne […] comme s’il était seul à penser : son point de vue sur sa famille lui paraît le seul possible et exclut toute autre perspective. Ce n’est donc pas pour lui un point de vue subjectif : c’est le point de vue réel et absolu. Dès lors, ne prenant pas conscience de la subjectivité de sa pensée, ou plus simplement de son moi, il se met lui-même sur un tout autre plan que ses frères : c’est ce qui l’empêche de voir qu’il est un frère pour ses frères, exactement au même titre que ces derniers sont des frères pour lui.

J. Piaget, Le jugement et le raisonnement chez l'enfant, 1924, 3e éd. et suivantes, p. 78