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L'apparition des premières réactions circulaires primaires productrices de nouveaux schèmes et qui prolongent, en le dépassant, le simple exercice des schèmes réflexes, est liée au degré de maturation du système nerveux (à l'apparition des "activités corticales", p. 48). En d'autres termes, vers 1 mois, le développement héréditaire du cerveau offrirait les conditions cérébrales permettant au sujet l'affranchissement par rapport à l'inné et l'acquisition de premiers schèmes d'action dont l'organisation interne et la finalité ne sont plus héréditairement prédéterminées. En plus du développement cérébral – pour une large part inné ([1]) – qui conditionne cet affranchissement et ces acquisitions, seules relèvent encore de l'hérédité biologique, le besoin de répétition et le caractère autotélique du fonctionnement propres à tout schème, acquis comme inné. Pour Piaget, pour tout schème acquis, tout le reste (c'est-à-dire tout ce qui relève de l'organisation, de la structure et de la finalité qui lui sont propres) résulte des réactions circulaires, de leur coordination et des processus d'assimilation et d'accommodation qui leur sont inhérentes, auxquels s'ajouteront par la suite des processus de construction supérieur (par exemple l'abstraction réfléchissante) liés au développement de l'intelligence représentative et de la fonction symbolique (JP45).
A revenir aux faits, c'est quelques semaines après la naissance de chacun de ses enfants, que Piaget observe chez eux les toutes premières réactions circulaires: ceux-ci s'efforcent de répéter ou de prolonger le résultat d'une association au départ ad hoc entre un schème réflexe et l'objet auquel il s'applique par hasard et qui peut être lié au fonctionnement d'une autre activité innée (ce qui est le cas dans l'exemple de la succion du pouce: d'un côté des mouvements réflexes buccaux, de l'autre des mouvements réflexes diffus, de la tête et des bras). Ce qui oriente à ce tout début des réactions circulaires primaires l'effort de répétition ou de conservation de la conduite en cours n'est cependant pas encore l'objet extérieur en tant que tel (ici le pouce), mais le seul fonctionnement déjà vécu des schèmes activés et associés, en tant qu'il aboutit (dans l'exemple, à la succion du pouce) et procure de ce fait un plaisir fonctionnel ou autotélique. Ainsi, dans le cas de la succion, grâce à cette réaction circulaire et aux assimilations et accommodations réciproques des schèmes réflexes alors en jeu, les mouvement du bras et de la main sont-ils progressivement et activement coordonnés aux mouvements innés de la bouche propre à la succion. En bref, le nouveau schème de succion du pouce résulte de l'effort produit par l'enfant pour que se répète le sentiment diffus éprouvé lors de la liaison, au début purement par hasard, des mouvements du bras et de la main avec ceux de la bouche.
Au delà de cet exemple prototypique du schème de la succion du pouce, d'autres observations illustrent la progression des réactions circulaires primaires en cette deuxième étape du développement sensori-moteur dont l'aboutissement sera l'apparition des réactions circulaires secondaires que Piaget classera dans la troisième étape de ce développement. Piaget s'arrête par exemple longuement sur la façon dont chacun de ses enfants a appris progressivement, toujours par réaction circulaire primaire, à orienter successivement son regard vers différents objets pour les examiner tour à tour, ou bien à suivre avec attention un objet du regard lorsqu'il est en mouvement, sans pour autant déjà s'intéresser à ces objets en tant que réalité externe, mais seulement en tant que "tableaux sensoriels" sans extériorité. En fonction des particularités des objets regardés, le schème initialement indifférencié et "indifférenciant" de la vision donne naissance, toujours par réaction circulaire primaire, à de multiples schèmes tels que: regarder tel objet particulier s'offrant ou non au regard et vers lequel l'attention de l'enfant se porte plusieurs fois par jour (en proportion du besoin de fonctionner de ce schème acquis), par exemple tel objet suspendu au sommet du berceau, que l'enfant peut reconnaître et distinguer d'un autre objet pareillement suspendu, ou regarder "jusqu'à plus soif" les parties saillantes d'un objet, ou encore suivre des yeux tout objet ou tel objet particulier en mouvement (y compris les personnes, ce d'autant plus si celles-ci, ou le biberon, sont devenus par ailleurs, dans d'autres contextes de fonctionnement, des indices pour le schème de la nutrition), etc. Cette multiplication des schèmes de vision issue de la multiplicité des objets et des situations dans lesquelles se produisent les réactions circulaires primaires propres à la vision va dès lors de pair avec la multiplication très rapides des tableaux visuels – encore sans extériorité – auxquels s'accommodent chacun des schèmes qui les assimilent en les différenciant. Il en va d'ailleurs de même pour les sons simplement entendus, ou bien entendus et imités, ou bien encore originellement produits par le bébé à partir des deuxième ou troisième mois. Les réactions circulaires qui les concernent amènent un enrichissement également rapide de l'univers sonore.
A un niveau encore un peu plus avancé de construction des conduites primaires, chaque tableau ou chaque complexe intersensoriel qui alimente tout schème issu de la coordination active (c'est-à-dire non réflexe) de plusieurs schèmes intervenant dans une réaction circulaire primaire (vision x audition, vision x préhension, etc.) commence à s'objectiver, à devenir réalité externe, pour le sujet, sans pour autant qu'il devienne déjà indépendant de l'activité en cours (c'est-à-dire qu'il soit considéré par ce sujet comme existant indépendamment de l'action dans laquelle celui-ci est engagé, contrairement à ce qu'il adviendra quelques mois plus tard, avec l'acquisition de la notion d'objet permanent). Ce qui motive les réactions circulaires primaires et les schèmes qui en sont issus n'est plus seulement le plaisir autotélique lié au déroulement de l'action tout entière dans laquelle s'insère l'objet qui l'alimente, mais aussi l'intérêt porté à ces tableaux sensoriels en voie d'objectivation et que l'enfant sait alors reconnaître en tant qu'aliment du schème activé: produire et entendre un son particulier, tourner son regard et regarder un objet produisant un son à tel ou tel endroit, voir un objet saisi ou au contraire saisir un objet vu, apporter à la bouche et sucer un objet saisi, etc.). Ces derniers exemples, et bien d'autres encore, minutieusement décrits et analysés par Piaget dans ce chapitre, illustrent la fécondité de ce premier type de réaction circulaire constitutif non seulement des premières habitudes se différenciant de plus en plus clairement des schèmes réflexes dans les deuxième et troisième mois après la naissance, mais aussi de connaissances empiriques et pratiques également élémentaires acquises tout au long de la vie d'un individu, alors même que celui-ci aura développé des mécanismes plus puissants de création de schèmes, dont les réactions circulaires et tertiaires apparaissant au troisième puis au cinquième niveau de développement des conduites sensori-motrices.
Pour souligner toute la finesse des analyses faites par Piaget des nombreuses observations effectuées par lui, avec l'aide de son épouse ([2])), il convient de mentionner que ce ne sont pas moins de cinq sous-niveaux qui sont distingués par lui dans la progression des conduites de préhension, à partir de la conduite réflexe innée jusqu'aux coordinations sensori-motrices primaires les plus avancées, telles qu'elle se manifestent dans le cas de la coordination vision-préhension complète qui se traduit par le fait que l'enfant peut tout aussi bien saisir ce qu'il voit (donc diriger visuellement la préhension) et non plus seulement voir ce que ses mains saisissent.
Pour terminer ce long résumé, notons enfin que ce chapitre, comme la plupart des autres, contient de précieuses considérations de méthode. Mentionnons-en une, qui vaut son pesant d'or, à propos de la signification qu'il convient de donner aux premiers sourires des enfants. En illustrant son propos par quelques observations faites sur ses trois enfants, Piaget considère que ces premiers sourires n'ont pas une fonction primitivement sociale mais ne font qu'exprimer la satisfaction que l'enfant de quelques jours ou quelques semaines peut ressentir lors de l'aboutissement d'une action réflexe ou d'un schème acquis par répétition circulaire primaire (que celui-ci implique la présence d'une personne ou non). Pour appuyer son choix qui prend le contre-pied de celui de Charlotte Bühler qui soutenait l'autre interprétation selon laquelle le sourire a dès le départ une fonction sociale, il cite (p. 69) une critique que le psychologue C.W. Valentine avait déjà opposée à en 1930 à la psychologue autrichienne. Ce à quoi celle-ci avait répliqué "en opposant les statistiques sur lesquelles elle se fonde aux quelques observations recueillies" par son critique. Mais pour Piaget, une telle réplique n'a pas la portée que lui attribuait son auteur, dans la mesure où "une observation bien prise, et surtout lorsqu'elle est due à un aussi bon observateur que C. W. Valentine, prime toutes les statistiques" (p. 70). Cette prise de position rejoint ainsi la thèse partagée par des savants et des philosophes des sciences de renom selon laquelle une et une seule expérience cruciale bien conduite suffit à renverser une induction statistique.
[1] Extrait d'un entretien de Piaget avec Gilbert Voyat et Bärbel Inhelder (1979).
[2] Extrait d'une émission DESTINS, de Jean Dumur – TSR.
(Précisons que, pour Piaget, il est tout à fait possible, comme il le dira au chapitre 4 de l'ouvrage, que des acquisitions de niveau n+1 apparaissent déjà au niveau n auquel se situe de manière générale un sujet; ce à quoi il s'oppose c'est la thèse selon laquelle ce sujet pourrait acquérir des comportements de niveau n+1 sans avoir préalablement atteint le niveau n. En conséquence, il se pourrait tout à fait que certaines habitudes acquises caractéristiques du niveau 2, telles qu'elles seront présentées dans le prochain chapitre, apparaissent dès la première étape du développement sensori-moteur, c'est-à-dire dans ces premières semaines qui suivent la naissance et lors desquelles Piaget observait seulement chez ses enfants des schèmes réflexes et une différenciation de ces schèmes en fonction de la variation de leurs conditions d'exercice.)
Enfin, en conclusion de cette introduction, Piaget mentionnera brièvement l'un des deux ou trois thèses les plus profondes de son épistémologie – thèse portant sur la double direction de la progression de l'intelligence qui, d'un côté, produit une connaissance et des explications de plus en plus objectives de la "réalité extérieure" (notion à entendre dans un sens en accord avec le constructivisme), et de l'autre prend une conscience toujours plus profonde des mécanismes les plus généraux producteurs d'organisations vivantes pouvant s'adapter à leur milieu.
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