Fondation Jean Piaget


Brochures par ordre chronologique

1928 (avec D. de La Harpe).
Deux types d'attitudes religieuses: immanence et transcendance
Genève: Ed. de l'Association chrétienne d'étudiants de Suisse romande, 82 p.
Texte PDF mis à disposition le 05.08.2008
 - Présentation
Cette publication sous forme de brochure contient deux sections. La première, "Immanence et transcendance", est rédigée par Piaget; la seconde: "Raison et mysticisme chrétien", par Jean de la Harpe. Seule est présentée et mise à disposition ici la section rédigée par Piaget.

Dans cette section, avant de présenter une position personnelle quant à la question de la foi religieuse, Piaget analyse d'un double point de vue sociologique et psychologique la crise que connaît le protestantisme, alors partagé entre deux attitudes face à Dieu, l'une privilégiant la religion de l'immanence (c'est au sein de la pensée que l'être humain découvre des valeurs universelles qui le dépassent et l'obligent), l'autre la dogmatique de la transcendance, la croyance en un être suprême, et la valeur accordée aux dogmes supposés exprimer la volonté de cet être. Il montre comment ces deux attitudes expriment au moins en partie l'évolution des sociétés et le développement psychologique de l'individu. A la fin des années 1920, et pendant les années 1930, Piaget participe ainsi pleinement aux débats intellectuels de la communauté philosophique romande, en assumant son rôle de savant, mais en le complétant par une réflexion de portée philosophique. On le voit à ce titre reprendre à son compte les thèses du protestantisme libéral, qu'il va réinterpréter à partir de sa propre activité de recherche scientifique et en prenant appui sur la conception philosophique de son ultime maître en philosophie, Léon Brunschvicg (conception qui est une sorte de synthèse en l'idéalisme critique de Kant, qui laissait une place à la croyance en un Dieu transcendant, et l'immanentisme de Spinoza; on admirera en passant, à la page 21 du texte de Piaget, la très fine critique qu'il adresse à la conception morale et religieuse de Kant, où l'on y trouve encore, selon lui, un "résidu d'hétéronomie"…). Dès le début des années 1940, Piaget cessera de participer à des débats qui lui paraîtront vains. Mais toutes les recherches (y compris biologiques) et réflexions qu'il ne cessera d'entreprendre jusqu'au terme de sa vie seront en un sens la continuation de cet effort proposé dans les années 1920 et 1930 de résoudre les questions de fond sur la raison humaine, en prenant toujours appui sur les méthodes scientifiques – les seules à pouvoir, sur le long terme, dépasser les particularismes individuels ou sociaux, et à rendre possible une véritable progression des réponses, pour une partie au moins de ces questions.

1928.
Immanence et transcendance
In: Deux types d'attitudes religieuses : Immanence et transcendance
Genève: Ed. de l'Association chrétienne d'étudiants de Suisse romande, pp. 7-40.
Texte PDF mis à disposition le 05.08.2008
 - Présentation
Dans ce texte, avant de présenter une position personnelle quant à la question de la foi religieuse, Piaget analyse d'un double point de vue sociologique et psychologique la crise que connaît le protestantisme, alors partagé entre deux attitudes face à Dieu, l'une privilégiant la religion de l'immanence (c'est au sein de la pensée que l'être humain découvre des valeurs universelles qui le dépassent et l'obligent), l'autre la dogmatique de la transcendance, la croyance en un être suprême, et la valeur accordée aux dogmes supposés exprimer la volonté de cet être. Il montre comment ces deux attitudes expriment au moins en partie l'évolution des sociétés et le développement psychologique de l'individu. A la fin des années 1920, et pendant les années 1930, Piaget participe ainsi pleinement aux débats intellectuels de la communauté philosophique romande, en assumant son rôle de savant, mais en le complétant par une réflexion de portée philosophique. On le voit à ce titre reprendre à son compte les thèses du protestantisme libéral, qu'il va réinterpréter à partir de sa propre activité de recherche scientifique et en prenant appui sur la conception philosophique de son ultime maître en philosophie, Léon Brunschvicg (conception qui est une sorte de synthèse en l'idéalisme critique de Kant, qui laissait une place à la croyance en un Dieu transcendant, et l'immanentisme de Spinoza; on admirera en passant, à la page 21 du texte de Piaget, la très fine critique qu'il adresse à la conception morale et religieuse de Kant, où l'on y trouve encore, selon lui, un "résidu d'hétéronomie"…). Dès la fin des années trente et les années 1940, Piaget cessera de participer à des débats qui lui paraîtront vains. Mais toutes les recherches (y compris biologiques) et réflexions qu'il ne cessera d'entreprendre jusqu'au terme de sa vie seront en un sens la continuation de cet effort proposé dans les années 1920 et 1930 de résoudre les questions de fond sur la raison humaine, en prenant toujours appui sur les méthodes scientifiques – les seules à pouvoir, sur le long terme, dépasser les particularismes individuels ou sociaux, et à rendre possible une véritable progression des réponses, pour une partie au moins de ces questions.

1930.
Immanentisme et foi religieuse
Genève: Libr. H. Robert, 54 p.
Texte PDF mis à disposition le 17.12.2012
 - Présentation
[Texte de présentation: version du 16.12.2012]

Dans ce texte d’une conférence donnée dans le cadre de l’Association chrétienne d’Etudiants, Piaget prend une dernière(?) fois position par rapport au troisième des grands problèmes philosophiques mis en lumière par Kant : que pouvons-nous espérer, pouvons-nous donner sens à notre vie ? (les deux autres questions sont celles du savoir: « que pouvons-nous savoir ? », et celle propre à la raison pratique: « que devons-nous faire ? »). La réponse qu’il apporte à cette question qui concerne la foi en quelque chose qui dépasse le plan de la réalité phénoménale telle que nous la connaissons s’inscrit dans la directe filiation de la philosophie réflexive et critique sous la forme qu’elle a pu prendre à partir de Kant. Dans ce texte, Piaget rejette les croyances traditionnelles en un Dieu extérieur et transcendant, cause première de toute réalité, pour adopter, à la suite de Brunschvicg (et indirectement de Fichte?), l’immanentisme critique, c’est-à-dire la foi en un Dieu immanent à la pensée mais « transcendant par rapport au moi » individuel, et qui, sous la forme de la raison constituante, impose valeurs et normes idéales de l’intérieur même de la conscience humaine —individuelle et sociale—, lesquelles orientent la raison pratique aussi bien que théorique, tout en s’épurant elles-mêmes progressivement tout au long de l’histoire humaine et du développement psychogénétique des individus.

1935.
Les théories de l'imitation
Genève: Université de Genève Institut des sciences de l'éducation, 13 p. (Cahiers de pédagogie expérimentale et de psychologie de l'enfant; n. 6)

1946 (avec B. Inhelder).
Expériences sur la construction projective de la ligne droite
Neuchâtel; Paris: Delachaux et Niestlé, 1946, 17 p. (Cahiers de pédagogie expérimentale et de psychologie de l'enfant; n.s., n. 2)

1949.
Le droit à l'éducation dans le monde actuel
Paris: Libr. du recueil Sirey, 1949, 56p. Publié aussi dans Les droits de l'esprit: six études sur les aspects culturels de la déclaration des droits de l'homme, réunies par l'UNESCO, 1950, pp. 21-72, ainsi que dans Où va l'éducation?, Denoël-Gonthier 1972 (Biliothèque Médiations), pp. 41-133.
Texte PDF mis à disposition le 07.03.2010
 - Présentation
[Texte de présentation; version au 14 janvier 2010]

Dans ce texte, Piaget prend position sur l’article 26 de la déclaration des droits de l’humain, à partir de ce qu’enseignent les sciences sociales contemporaines et en tout premier lieu les recherches qu’il a lui-même conduites sur le développement intellectuel et moral de l’enfant et de l’adolescent. Ce texte, de très haute valeur, montre toutes les nuances dont son auteur est capable dans l’examen des conduites d’un développement psychologique et social qui réponde aux attentes du monde actuel, c’est-à-dire d’une société qui vise la paix et la collaboration entre les nations.

L’être humain (l’enfant, l’adolescent) a besoin de la société et des échanges avec autrui pour se développer complètement, ceci aussi bien sur le plan intellectuel que sur le plan moral, c’est-à-dire pour atteindre une pleine autonomie, réciprocité et compréhension intellectuelle et morale. Mais pour que la marche vers l’autonomie et la réciprocité se réalise, encore convient-il de mettre en place une éducation qui s’accorde avec l’objectif visé. Pour cela, l’éducation ne doit pas seulement viser la transmission des connaissances scientifiques et des règles de bonnes conduites. Elle doit surtout créer les conditions qui permettent à l’enfant et à l’adolescent d’exercer effectivement des activités qui donnent sens aux connaissances et aux règles reconnues comme objectives et bonnes par la société adulte en son état de développement le plus avancé — connaissances et règles qui, si elles ne sont enseignées que par les méthodes traditionnelles, resteront de purs apprentissages formels, sans implication concrète. L’éducation moderne se doit de permettre à chaque individu de développer le plus pleinement les potentialités qui lui sont propres, mais qui ne peuvent se réaliser que dans les conditions extérieures adéquates. Pour remplir leur rôle, l’école primaire et l’école secondaire se doivent enfin de prendre appui sur les connaissances acquises par les sciences psychologiques et sociales concernant aussi bien les étapes et les mécanismes du développement mental, que le rôle essentiel des interactions sociales dans ce développement.

Ce texte ne jette pas seulement une lumière sur les conditions d’une éducation qui, sans renier le rôle de la transmission, permet le plein développement de l’autonomie et de l’esprit de solidarité et de réciprocité souhaité pour faire face aux défis du monde moderne. Il a valeur historique quant aux réformes des systèmes éducatifs au milieu du XXe siècle, et en particulier en ce qui concerne l’extension de la scolarité obligatoire non seulement à l’école primaire, mais également à l’enseignement secondaire, avec pour ce dernier le souci de repousser le moment de la sélection à un âge suffisamment avancé, de laisser le plus ouvert les directions d’apprentissage possible (mathématiques, littéraires, artistiques, techniques, etc.), ceci afin que les différentes potentialités propres à chaque élève puissent suffisamment se développer et fonder ainsi les choix ultérieurs de formation.

Enfin, les dernières pages montrent comment ce qui vaut pour l’éducation intellectuelle et morale des enfants et des adolescents s’applique dans ce souhait de la société moderne de mettre en place une éducation pour la paix entre nations. Pour qu’une telle éducation atteigne son but, il convient de fournir à la seule prise de connaissance verbale des règles de bon fonctionnement entre nations (ou entre les individus des différentes nations) une base concrète acquise, par exemple, à travers des échanges réels entre les élèves de différentes nationalités, en d’autres termes des actions concrètes qui aident les individus à donner sens à ces règles et à abandonner le sociocentrisme (et l’égocentrisme) par lequel les membres de chaque nation croient détenir la vérité absolue dans la représentation qu’ils se font d’eux-mêmes et des membres des autres sociétés, en un mot d’abandonner, certes non sans difficulté, le sociocentrisme par lequel chaque nation se croit supérieure aux autres.

1954.
Les relations entre l'intelligence et l'affectivité dans le développement de l'enfant
Paris: Centre de documentation universitaire, 195 p. (Cours à la Sorbonne 1953-1954. Voir aussi des extraits de ce cours in Bulletin de psychologie, 7, pp. 143-150, 346-361, 522-535, 699-701. )
Texte PDF mis à disposition le 06.03.2007

1961.
Rapport sur les travaux de psychologie de l'enfant effectués dans les écoles de Genève en 1960-61
Genève: Impr. Reggiani & Jaccoud, 7 p.

1965 (avec B. Inhelder).
Rapport sur les travaux de psychologie de l'enfant effectués dans les écoles de Genève
Genève: Impr. L. Reggiani, 10 p.

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[…] une opération est essentiellement une action réversible, puisqu’à une opération donnée (comme +A ou +1) on peut toujours faire correspondre son inverse (–A ou –1): c’est cette réversibilité qui fait comprendre à l’enfant la conservation d’une quantité ou d’un ensemble en cas de modification de leur disposition spatiale, puisque, quand cette modification est conçue comme réversible, cela signifie qu’elle laisse invariante la quantité en question.

J. Piaget, Problèmes de psychologie génétique, 1964, (1ère publication en russe, en 1956), in Six études de psychologie, p. 149