Fondation Jean Piaget


Chapitres de Q à R

1914.
Quelques mollusques de Colombie
In: Voyage d'exploration scientifique en Colombie / O. Fuhrmann et Eug. Mayor. Neuchâtel: Attinger, pp. 253-269. (Suivi des pl. IX et X.)

1933.
Quelques remarques sur l'égocentrisme de l'enfant: conférence
In: Compte rendu du Congrès international de l'enfance, Paris - 1931 / éd. sous la dir. du Comité d'organisation du Congrès. Paris: F. Nathan, pp. 279-287.
Texte PDF mis à disposition le 12.02.2012
 - Présentation
[Texte de présentation, version du 23 janvier 2012.]

Dans ce texte rédigé en réponse à des critiques qui lui ont été adressées au sujet de l’égocentrisme des jeunes enfants, Piaget précise ce qu’il entend par cette notion. Il distingue très clairement celle-ci de la conception commune qui identifie égocentrisme et égoïsme (ce dernier impliquant une conscience et une valorisation excessive du soi). Par égocentrisme, Piaget a foncièrement en vue le fait qu’un jeune enfant s’ignore soi-même et ne parvient dès lors pas à instaurer des relations de réciprocité avec autrui, ou à se concevoir comme une réalité prenant place parmi les autres réalités qui lui font face, et qui offrent des perspectives autres que la sienne. En bref, la forme d’égocentrisme que Piaget attribue aux jeunes enfants est foncièrement et d’abord de nature épistémique (due au manque de décentration du sujet); de là résulte une sorte d’égocentrisme social aussi bien que cognitif dans le rapport que le jeune enfant entretient avec autrui ou avec la réalité physique (d’où ces formes primitives de causalité que sont les explications dynamiques, artificialistes, finalistes, etc.). Par ailleurs, si Piaget a étudié l’évolution d’une forme encore plus particulière d’égocentrisme, à savoir l’égocentrisme verbal, laquelle diminue avec l’âge, et s’il reconnaît que cette forme d’égocentrisme est plus ou moins présente chez les jeunes enfants selon les milieux dans lesquels ils sont observés, il n’en reste pas moins que cette forme d’égocentrisme reste pour lui un indice valable — mais un indice seulement, de l’égocentrisme épistémique, intellectuel et social de la pensée encore immature du jeune enfant.

A noter enfin que ce texte de 1933 et qui a donc été rédigé quelque deux ans avant la découverte des structures opératoires de l’intelligence, contient une information biographique intéressante: Piaget y annonce qu’il est en train de rédiger un ouvrage sur «le jeu et la pensée symbolique» chez l’enfant, ouvrage qui sera finalement publié en 1945 sous le titre «La formation du symbole chez l’enfant», et qui complète avec un décalage de quelques années les deux ouvrages sur «La naissance de l’intelligence» (1936) et «La construction du réel chez l’enfant» (1937).

1966.
Qu'est-ce que la psychologie?
In: Université de Genève, séance d'ouverture du semestre d'hiver 1966-67: allocution du recteur, hommage à Jean Piaget / Denis van Berchem, Paul Fraisse, Jean Piaget. Genève: Georg, 1966, pp. 21-29. (Publié aussi in: I.S.E. Echo, 1967, n. 9, pp. 10-18. A Jean Piaget: en l'honneur de son 80ème anniversaire. Ed. hors commerce. Université de Genève, Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, Centre d'études et de recherches sur les applications psychopédagogiques de l'audiovisuel, 1976, pp. 14-18.
Texte PDF mis à disposition le 01.07.2011
 - Présentation
[Texte de présentation / version du 23 juin 2011.]

Dans cette très brève intervention à l’occasion d’un hommage de l’Université de Genève à son illustre membre, Piaget prend position par rapport à 5 problèmes généraux de la psychologie scientifique: (1) l’articulation de la psychologie générale (science du sujet en tant qu’universel) et de la psychologie en tant que science de l’individu (Piaget réduit un peu imprudemment ici la psychologie différentielle à la seule psychologie appliquée, ce qui est discutable, quand bien même, à l’inverse de la psychologie générale, cette branche de la psychologie qu’est la psychologie différentielle s’est essentiellement développée dans le cadre de la psychologie appliquée); (2) la question de la pleine appartenance au domaine des sciences de la nature; cette appartenance ne contraint nullement de réduire simplement la réalité psychologique à la réalité physique (une telle réduction n’est possible qu’en enrichissant la matière avec laquelle cette réduction est tentée); (3) de plus, toujours sous l’angle des rapports de la psychologie scientifique avec les autres disciplines scientifiques, s’il est vrai que la première prend appui sur la neurologie (et tend dans certaines limites à s’y réduire), en sens inverse, la psychologie explique les notions utilisées par les autres sciences (elle explique par exemple les origines du nombre, ou encore en quoi certaines structures dites naturelles par les mathématiciens eux-mêmes le sont); (4) le problème des rapports entre la psychologie de l’intelligence et l’épistémologie, rapports qui, aux yeux de Piaget, s’expliquent par le caractère indissociable de ces deux disciplines, (les solutions psychologiques au problème de la genèse des connaissances impliquant toujours une thèse épistémologique consciente ou inconsciente: primat du sujet sur l’objet, primat de l’objet sur le sujet, ou encore interactions multiples entre le sujet et l’objet nécessaires à la formation des connaissances); d’où (5) une dernière remarque portant sur le caractère nécessairement interdisciplinaire de la psychologie (Piaget donne l’exemple des relations encore débutantes entre la psychologie et la linguistique ou l’économie, ou plus développées entre la psychologie et la physiologie ou la neurologie, mais au contraire trop peu exploitées entre la psychologie de l’intelligence et la biologie générale).

Ce texte de circonstances est tout particulièrement intéressant dans ce qu’il éclaire les liens de Piaget avec la philosophie.

On y trouve en effet des traces significatives de la permanence d’un choix philosophique fondamental formulé par Piaget à l’aube de ses premières recherches de psychologie: ne pas se prononcer sur des questions qui échappent à la science en une certaine étape de son développement, tout en laissant ouverte la possibilité pour la science à venir d’apporter des réponses scientifiquement fondées à ces questions.

Autre aspect éclairant: ce texte illustre une certaine continuité dont Piaget a ici tout à fait conscience entre l’ancienne philosophie transcendantale de la connaissance (l’apriorisme kantien) et les découvertes de la psychologie génétique qui, aux côtés des constats l’épistémologie historico-critique, confirment tout en la révisant la critique kantienne, en montrant que toute expérience repose en effet sur des conditions apriori (en un sens transcendantal ou logique et non pas empirique et temporel), mais construites progressivement au cours de la psychogenèse (et de la sociogenèse voire de la phylogenèse) cognitive de l’intelligence humaine.

Dans le dernier paragraphe, Piaget exprime le souhait que, après son départ de l’Université, celle-ci n’oublie pas l’avenir du Centre international d’épistémologie «à peu près seul de son espèce en ce monde intellectuellement trop divisé».

1978.
Le réel, le possible et le nécessaire
In: Actes du 21e Congrès international de psychologie, Paris, 18-25 juillet 1976. Paris: P.U.F., pp. 249-257.
Texte PDF mis à disposition le 05.02.2012
 - Présentation
[Texte de présentation — version du 16 janvier 2012.]

Texte de l'exposé donné par Piaget lors de la cérémonie en son honneur qui lui a été consacrée dans le cadre du 21e congrès international de psychologie (Paris, juillet 1976). Piaget y résume les recherches réalisées au CIEG au milieu des années 1970. Ces recherches ont permis de mieux cerner trois étapes majeures de la co-évolution du possible et du nécessaire, mais aussi du réel chez l'enfant, ainsi que les mécanismes généraux de différenciation et d'intégration qui entraînent, le premier, la multiplication des possibles, et le second, la nécessité logico-mathématique de plus en plus forte (au sens logique de ce terme) résultant de la formation des structures opératoires. Si la première étape de cette co-évolution se caractérise par une relative indifférenciation du réel, du possible (lequel ne fait que prolonger très directement le réel) et du nécessaire (présence de pseudo-nécessités attachées au réel), la deuxième étape voit les trois modalités se différencier (le possible "se déployant en familles de co-possibles", le nécessaire prenant une forme logique en fonction de la construction des structures opératoires concrètes), la troisième étape se caractérisant enfin par "l'intégration des trois modalités en un système total tel que le réel apparaisse au sujet comme un ensemble d'actualisations parmi les possibles, et restant par ailleurs subordonnée aux systèmes de liaisons nécessaires".

1982 (avec J. Vonèche).
Reflections on Baldwin
/ [ transl. by John M. Broughton and J. Vonèche]
In: The cognitive-developmental psychology of James Mark Baldwin: current theory and research in genetic epistemology / ed. by John M. Broughton and D. John Freeman-Moir. Norwood NJ: Abelx Publishing, pp. 80-86.

1928.
La règle morale chez l'enfant
In: Zweiter Sommerkurs für Psychologie in Luzern, August 1928. Luzern: Stiftung Lucerna, pp. 32-45.
Texte PDF mis à disposition le 18.11.2007
 - Présentation
Si l'on excepte une brève note parue en 1927 dans les Archives de psychologie sur "Le respect de la règle dans les sociétés d'enfants", le présent texte est le premier portant sur le développement moral chez l'enfant. Déjà sont présentes, sous une forme encore rudimentaires, les notions et les thèses exposées dans l'ouvrage de 1932 sur "Le jugement moral chez l'enfant". Dans la réponse qu'il donnait au début des années 1970 au psychologue R. I. Evans qui lui demandait de résumer en quelques mots l'essentiel de ses recherches sur le développement moral, Piaget, après avoir souligné que ces travaux étaient "de l'histoire ancienne", ajoutait que c'est à la suite d'une question "d'un de ses collègues" qu'il les avait entrepris (JP73, p. 86). Bien que la réflexion sur la valeurs n'a jamais quitté Piaget, il est clair que l'essentiel de son intérêt portait dès le début de sa psychologie génétique sur le développement de l'intelligence et des connaissances chez l'enfant (ceci en synergie complète avec la place centrale qu'occupait déjà l'épistémologie dans son enseignement et ses travaux de recherche). Peut-être ce collègue était-il Pierre Bovet, le premier directeur de l'Institut J.-J. Rousseau? En tout cas, dans ce texte sur "La règle morale chez l'enfant", Piaget mentionne deux auteurs, Baldwin et surtout Bovet, qui ont les premiers su mettre en lumière, sur le plan psychogénétique, le caractère sui generis de la conscience morale. Les travaux initiaux réalisés par Piaget et ses collaboratrices à l'Institut lui permettront, dès cet écrit de 1928, d'enrichir cette connaissance de la genèse de la morale en décrivant comment l'enfant passe d'une forme de "respect unilatéral" envers l'adulte – respect reposant sur un mélange de crainte et d'amour – à une forme de respect mutuel, ou encore d'une morale dite hétéronome (où la contrainte occupe une place importante) à la morale autonome basée sur l'autonomie du jugement mais aussi le sentiment de justice, la coopération et, précisément, le respect mutuel. Mérite également d'être signalée la façon dont, dans cet écrit, Piaget affirme ne pas voir de contradiction entre le point de vue du sociologue et celui du psychologue, le premier faisant, par méthode, abstraction des "consciences individuelles", le second abstraction de l'histoire des sociétés, mais deux approches qui sont parallèles et se complètent. L'accord est possible parce que tous deux admettent que "le sentiment de la règle n'émane pas de l'individu comme tel, mais d'un rapport entre individus" (p. 33).

1944.
Les relations entre la morale et le droit (étude sociologique)
In: Mélanges d'études économiques et sociales offerts à William E. Rappard. Genève: Georg, pp. 19-54. (Publié aussi in: Etudes sociologiques / Jean Piaget, 1965, pp. 172-202.
Texte PDF mis à disposition le 06.03.2007

1964.
Relations between the notions of time and speed in children
In: Piaget rediscovered: a report of the Conference on cognitive studies and curriculum development, March 1964 / Richard E. Ripple and Verne N. Rockcastle (ed.). Ithaca NY: School of education Cornell University, pp. 40-48. (4 conférences de J. Piaget. Voir aussi les titres: Development and learning, The development of mental imagery et Mother structures and the notion of number.)

1937.
Remarques psychologiques sur les relations entre la classe logique et le nombre et sur les rapports d'inclusion
In Recueil de travaux publiés à l'occasion du quatrième anniversaire de la Fondation de l'Université: juin 1937. Lausanne: F. Rouge, pp. 59-85. (Intégré dans les premiers paragraphes du chap. 7 de La genèse du nombre chez l'enfant / Jean Piaget et Alina Szeminska. Neuchâtel; Paris: Delachaux et Niestlé, 1941.)
Texte PDF mis à disposition le 09.09.2007
 - Présentation
Ce texte appartient au petit groupe d'articles rédigés au milieu des années 1930, période décisive lors de laquelle Piaget découvre les structures opératoires qui sous-tendent la pensée logico-mathématique de l'enfant et dont la construction rend compte de l'apparition vers 7-8 ans environ d'une première forme – concrète – de raison opératoire. Comme la notion de nombre, la notion de classe concerne des opérations portant sur des totalités et les parties qu'elles contiennent. La question psychologique que se pose ici Piaget est de savoir dans quelle mesure les opérations de totalisation portant sur les classes d'un côté, sur le nombre de l'autre, sont parentes et dans quelle mesure leurs développements respectifs chez l'enfant peuvent être mis en relation. Pour répondre à cette question, Piaget examine au moyen de la modélisation logique les réponses apportées par les enfants entre 5 et 8-9 ans à des problèmes d'inclusion de classes et de jugements sur la quantité d'éléments contenus dans une sous-classe comparativement à la quantité d'éléments contenus dans la classe englobante. Dans ses conclusions, il insiste sur ce qui est, selon lui, la clé du passage du préopératoire à l'opératoire: la réversibilité des opérations logico-mathématiques qui, contrairement à la matérialité des actions même intériorisées, permet de penser simultanément une totalité et ses parties. Si l'enfant est capable de penser simultanément un tout et ses parties, à les considérer simultanément dans son champ de conscience ou d'attention, c'est précisément parce qu'il a acquis ces opérations réversibles, regroupées en structure et obéissant, grâce à cette réversibilité, à des lois de groupe (modélisables au moyen d'une algèbre logique ou mathématique – voir JP37_5).

1979.
Remarques finales
In: Théories du langage, théories de l'apprentissage / Centre Royaumont pour une science de l'homme: le débat entre Jean Piaget et Noam Chomsky; organisé et recueilli par M. Piattelli-Palmarini; trad. des textes anglais par Yvonne Noizet. Paris: Editions du Seuil, pp. 506-512.

1979.
Remarques introductives
In: Théories du langage, théories de l'apprentissage / Centre Royaumont pour une science de l'homme: le débat entre Jean Piaget et Noam Chomsky; organisé et recueilli par M. Piattelli-Palmarini; trad. des textes anglais par Yvonne Noizet. Paris: Editions du Seuil, pp. 95-100.

1960.
Reply to comments concerning the part played by equilibration processes in the psychobiological development of the child
In: Discussions on child development: a consideration of the biological, psychological, and cultural approaches to the understanding of human development and behaviour, vol. 4 / J. M. Tanner, Bärbel Inhelder (ed.). London: Tavistock publications, pp. 77-83. (Voir aussi sous le titre: The general problems of the psychobiological development of the child. La 2e partie du vol. 4 contient différentes discussions avec interventions de Piaget pp. 89-94, 95-96, 98-105, 106, 108-109, 110-111, 116-119, 120-121, 121-123, 124, 126. Réimpr. 1963, 1969, 1971.)

1979.
Réponse à René Thom
In: Théories du langage, théories de l'apprentissage / Centre Royaumont pour une science de l'homme: le débat entre Jean Piaget et Noam Chomsky; organisé et recueilli par M. Piattelli-Palmarini. Paris: Editions du Seuil, pp. 510-512.

1937.
La réversibilité des opérations et l'importance de la notion de "groupe" pour la psychologie de la pensée
In: Onzième congrès international de psychologie, Paris, 25-31 juillet 1937: rapports et comptes rendus / H. Piéron et I. Meyerson (éd.). Agen: Impr. Moderne, pp. 433-435.

1938.
La réversibilité des opérations et l'importance de la notion de "groupe" pour la psychologie de la pensée
In: Onzième congrès international de psychologie, Paris, 25-31 juillet 1937: rapports et comptes rendus / H. Piéron et I. Meyerson (éds.). Agen: Impr. Moderne, pp. 433-434.
Texte PDF mis à disposition le 14.10.2009

1915.
Revision de quelques mollusques glaciaires du Musée d'histoire naturelle de Berne
In: Mitteilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern aus dem Jahre 1914, pp. 215-277.

1950 (avec B. Inhelder).
Le rôle des opérations dans le développement de l'intelligence
In: Twelfth International congress of psychology, held at the University of Edinburgh, July 23rd to 29th 1948: proceedings and papers. Edinburgh; London: Oliver and Boyd, 1950, pp. 102-103.

1977.
The role of action in the development of thinking
/ [transl. by Hans G. Furth]
In: Advances in tesearch and theory / ed. by Willis F. Overton, Jeanette M. Gallagher. New York: Plenum Press, pp. 17-42.

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[…] c’est en réalisant un équilibre toujours plus mobile et plus stable que les opérations finissent par prendre une forme logique proprement dite au terme d’une évolution débutant par des conduites étrangères à toute logique stricte […].