Fondation Jean Piaget

Auteurs

Les auteurs décrits dans ce glossaire appartiennent à l’environnement intellectuel proche ou lointain en interaction avec lequel Jean Piaget s’est formé et a progressivement construit son oeuvre. Les biographies exposéees ici sont susceptibles d’être modifiées et complétées. Tout feed-back susceptible d’en corriger les erreurs ou d’en enrichir le contenu est le bienvenu. Il peut être adressé directement à J.-J. Ducret, ou en déposant un message sur le Forum du site.

P Q R S T V W Y 


P

Papert Seymour
( 1928 - 2016 )
Mathématicien et cybernéticien

Membre du petit groupe de collaborateurs non genevois qui ont accompagné Piaget tout au long des travaux du Centre international génétique, Papert fut sans conteste l’une des sources les plus originales de développement de la théorie constructiviste de l’intelligence. Vivement intéressé par la cybernétique et l’informatique qui, à la fin des années quarante, connaissaient un essor spectaculaire, Papert a dès son arrivée au Centre d’épistémologie, en 1958, considérablement renforcé le lien entre la psychologie génétique et la cybernétique établi par Piaget lui-même dès le milieu des années quarante. Après avoir esquissé à Genève des modélisations informatiques du processus d’équilibration cognitive, Papert part en 1963 pour Boston, où il devient le proche collaborateur de Marvin Minsky, au laboratoire d’intelligence artificielle du Massachisetts Institute of Technology, puis au Media Lab du même institut, dans lequel sont aujourd’hui créées les nouvelles technologies liées à l’informatique et à la cybernétique.
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Seymour Papert (1928-). Mathématicien et cybernéticien

Membre du petit groupe de collaborateurs non genevois qui ont accompagné Piaget tout au long des travaux du Centre international génétique, Papert fut sans conteste l’une des sources les plus originales de développement de la théorie constructiviste de l’intelligence. Vivement intéressé par la cybernétique et l’informatique qui, à la fin des années quarante, connaissaient un essor spectaculaire, Papert a dès son arrivée au Centre d’épistémologie, en 1958, considérablement renforcé le lien entre la psychologie génétique et la cybernétique établi par Piaget lui-même dès le milieu des années quarante. Après avoir esquissé à Genève des modélisations informatiques du processus d’équilibration cognitive, Papert part en 1963 pour Boston, où il devient le proche collaborateur de Marvin Minsky, au laboratoire d’intelligence artificielle du Massachisetts Institute of Technology, puis au Media Lab du même institut, dans lequel sont aujourd’hui créées les nouvelles technologies liées à l’informatique et à la cybernétique. Le lien permanent qu’il conservera avec le Centre permettra à Piaget et à ses collaborateurs genevois d’être constamment informés des travaux les plus récents dans ces disciplines et en intelligence artificielle, en fournissant ainsi un bagage de notions qui viendront sans cesse féconder l’élaboration des théories de la construction et du fonctionnement de l’intelligence humaine.

Après avoir participé avec Minsky à la mise en place d’un programme de recherche en intelligence artificielle qui aboutira à la théorie de la société de l’esprit (Marvin Minsky, 1986), Papert s’intéressera de plus en plus à l’apport de l’informatique aux processus d’apprentissage chez l’enfant. Avec ses collaborateurs il créera ainsi un nouveau langage de programmation, Logo, qui rencontrera un vif succès dans le monde de l’éducation. La conception de l’apprentissage qui guide les travaux de Papert et de son équipe est résolument constructiviste et basée sur le refus d’établir des frontières entre les savoirs ou les sciences en jeu (mathématique, musique, langue, sciences de l’ingénieur, etc.). A travers l’usage de l’ordinateur et de la programmation Logo (aujourd’hui Lego-Logo), les enfants sont invités à construire des réalités de tout ordre: des robots avec leur comportement, mais aussi, plus classiquement, de la musique, des êtres géométriques, etc. "C’est en créant que l’on apprend", telle est la thèse piagétienne que Papert met en valeur dans la révolution pédagogique qu’il poursuit aujourd’hui.

Parmi les ouvrages de Papert, mentionnons un livre, rédigé avec Marvin Minsky, qui a profondément marqué l’évolution des recherches en intelligence artificielle, "Perceptrons" (1969), ainsi que "Mindstorms: children, computers and powerful ideas" (1980, trad. fr. "Jaillissement de l’esprit: ordinateurs et apprentissage", 1981), et "The children’s machine: rethinking school in the age of the age of the computer" (1993, trad. fr. "L’enfant et la machine à connaître: repenser l’école à l’ère de l’ordinateur", 1994).

Lien URL: http://www.papert.org/


Pareto Vilfredo
( 1848 - 1923 )
Economiste suisse

Professeur à l’université de Lausanne, Vilfredo Pareto a laissé une profonde influence sur l’économie politique et la sociologie du vingtième siècle en raison de son usage de la méthode mathématique pour modéliser les phénomènes sociologiques, et en raison du rôle central accordé à la notion d’action dans ses théories. Selon lui, les actions humaines sont plus souvent illogiques ou non logiques que logiques, guidées par les sentiments et les passions plus que par la raison (celle-ci n’est souvent qu’une justification donnée après coup par les individus à des actions guidées par des mobiles inconscients). Pareto se livre à des analyses psychologiques et logiques systématiques souvent très fines des actions sociales. La tournure à la fois concrète et mathématique qu’il donne à ces analyses ont pu séduire Piaget, qui s’inspirera en partie de ses schémas, même s’il n’adopte pas une conception à ses yeux certainement trop pessimiste de l’homme.
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Vilfredo Pareto (1848-1923). Economiste suisse

Professeur à l’université de Lausanne, Vilfredo Pareto a laissé une profonde influence sur l’économie politique et la sociologie du vingtième siècle en raison de son usage de la méthode mathématique pour modéliser les phénomènes sociologiques, et en raison du rôle central accordé à la notion d’action dans ses théories. Selon lui, les actions humaines sont plus souvent illogiques ou non logiques que logiques, guidées par les sentiments et les passions plus que par la raison (celle-ci n’est souvent qu’une justification donnée après coup par les individus à des actions guidées par des mobiles inconscients). Pareto se livre à des analyses psychologiques et logiques systématiques souvent très fines des actions sociales. La tournure à la fois concrète et mathématique qu’il donne à ces analyses ont pu séduire Piaget, qui s’inspirera en partie de ses schémas, même s’il n’adopte pas une conception à ses yeux certainement trop pessimiste de l’homme.

Parmi les ouvrages de Pareto, citons son "Cours d’économie politique" (1896-1897).

Lien URL:
http://www2.unil.ch/cwp/pareto_bio.htm


Platon
( -428 - -347 )
Philosophe grec

De naissance aristocratique, Platon se destinait d’abord aux arts jusqu’à sa rencontre avec Socrate qui l’orienta vers la philosophie. Il fonda à Athènes en 387 une institution scientifique, l’Académie où il enseigna la philosophie durant une vingtaine d’années. L’influence de Platon sur la pensée occidentale fut immense allant de la métaphysique aux mathématiques en passant par la théorie de la connaissance, l’éthique, la politique, etc. L’œuvre de Platon contient une conception de la connaissance dont on retrouve la trace chez tous les penseurs qui ont placé au cœur de leur réflexion la raison et l’intelligence telles qu’elles se manifestent en mathématique.
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Platon (-428-347). Philosophe grec

De naissance aristocratique, Platon se destinait d’abord aux arts jusqu’à sa rencontre avec Socrate qui l’orienta vers la philosophie. Il fonda à Athènes en 387 une institution scientifique, l’Académie où il enseigna la philosophie durant une vingtaine d’années.

L’influence de Platon sur la pensée occidentale fut immense allant de la métaphysique aux mathématiques en passant par la théorie de la connaissance, l’éthique, la politique, etc. L’œuvre de Platon contient une conception de la connaissance dont on retrouve la trace chez tous les penseurs qui ont placé au cœur de leur réflexion la raison et l’intelligence telles qu’elles se manifestent en mathématique.

En cherchant à s’opposer aux attaques livrées à son époque contre l’idée d’une science universelle, Platon en est arrivé à livrer la première analyse réflexive approfondie de cette discipline que les mathématiciens venaient à peine de reconstruire sur une base toute nouvelle, théorique et non plus pratique. C’est ainsi que Platon a été conduit à découvrir les liens internes qui unissent les idées mathématiques les unes aux autres, et à fonder ainsi cette doctrine de l’idéalisme qui restera une source d’inspiration constante pour les futurs philosophes de la connaissance.

Progressivement enrichie, la thèse de l’intériorité des idées mathématiques sera au cœur des recherches de Brunschvicg sur la nature du jugement de connaissance, et donc au cœur de l’interprétation que Piaget donnera à son tour de la pensée humaine, notamment à travers la notion d’implication signifiante. Mais bien sûr cet accord, au sens quasi musical du terme, que l’on peut déceler entre les thèses du vieux Platon et les thèses de Piaget ne signifie pas l’absence de différences essentielles. Ainsi l’un des buts du savant suisse sera d’expliquer comment des notions peuvent s’articuler les unes aux autres de manière atemporelle et nécessaire, c’est-à-dire par pure intériorité mathématique, à partir d’étapes de la pensée où les liens restent empiriques et non nécessaires. Pour Platon une telle démarche était proprement inconcevable dans la mesure où il considérait le monde des idées comme indépendant de la pensée humaine. Dès lors qu’au contraire on conçoit ce monde comme une construction humaine, la recherche d’une telle explication s’impose impérativement.

Platon a privilégié la forme du dialogue dans ses écrits, qui ont une valeur littéraire autant que philosophique. Parmi ceux-ci, mentionnons "l’Apologie de Socrate", "Théétète", "Le sophiste", "Parménide" et enfin "La république".


Poincaré Henri
( 1854 - 1912 )
Physicien et mathématicien français

Mathématicien et physicien de génie, Poincaré a livré également de brèves et très fines études de philosophies des sciences, dans lesquelles il expose sa conception épistémologique de la vérité scientifique. Cette conception allie un conventionnalisme modéré quant à la signification des principes fondamentaux des différentes sciences à une forme originale d’apriorisme qui attribue à la notion mathématique de groupe un rôle décisif dans la structuration de l’expérience physico-géométrique. Cette forme d’apriorisme apparaît aussi dans la thèse selon laquelle l’arithmétique repose sur un certain nombre d’intuitions, telles que celle de l'unité arithmétique.
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Henri Poincaré (1854-1912). Physicien et mathématicien français

Mathématicien et physicien de génie, Poincaré a livré également de brèves et très fines études de philosophies des sciences, dans lesquelles il expose sa conception épistémologique de la vérité scientifique. Cette conception allie un conventionnalisme modéré quant à la signification des principes fondamentaux des différentes sciences à une forme originale d’apriorisme qui attribue à la notion mathématique de groupe un rôle décisif dans la structuration de l’expérience physico-géométrique. Cette forme d’apriorisme apparaît aussi dans la thèse selon laquelle l’arithmétique repose sur un certain nombre d’intuitions, telles que celle de l’unité arithmétique.

Poincaré n’est pas le premier auteur à avoir reconnu l’importance de la notion de groupe pour la pensée scientifique. Mais il est peut-être le premier à avoir cherché à l’appliquer, de manière certes spéculative, au domaine de la psychologie et de la neurophysiologie. Les essais précis et lumineux dans lesquels il s’y exerce, et où il relie explicitement la notion mathématique de groupe à la notion kantienne d’apriori, ont facilité la découverte, par Piaget, des structures de l’intelligence sensori-motrice d’abord, puis représentative. Nourri par une foule d’observations sur la genèse des comportements sensori-moteurs de ses trois enfants, puis sur le développement de la pensée enfantine, Piaget pourra pourtant aller bien plus loin que Poincaré et reconnaître la présence de groupes à plusieurs étapes de cette évolution (ces groupes ont des statuts différents selon qu’ils se rattachent directement aux structures neurophysiologiques des sujets, ou selon qu’ils sont liés aux actions de ceux-ci, puis à leur pensée représentative naissante, et enfin à la pensée opératoire).

Parmi les essais de Poincaré, on peut aussi mentionner la description qu’il fait des processus subsconscients de l’invention mathématique.

Ses articles de philosophie des sciences sont recueillis dans quatre ouvrages "La Science et l’hypothèse" (1902), "La valeur de la science" (1904), "Science et méthode" (1908) et "Dernières pensées" (1913).

Liens URL:
http://www.bibmath.net/bios/index.php?action=affiche&quoi=poincare
http://www.h-poincare.com/public/histoire/poincare1.htm
http://www.annales.org/archives/x/poincare.html


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Q

Quine Willard Van Ornam
( 1908 - 2000 )
Logicien et philosophe américain

Quine est l’une des grandes figures de cette philosophie logique et linguistique qui a dominé la théorie des sciences au vingtième siècle. Empiriste et sceptique, comme Hume, Quine s’oppose au réalisme logique de Frege et de Russell. Il ne croit pas qu’il puisse exister de propositions en soi, qui seraient vraies ou fausses "de toute éternité". Il doute d’ailleurs qu’il existe un fossé radical entre les vérités analytiques ou nécessaires et les vérités empiriques ou synthétiques. Mais bien que s’opposant par son scepticisme à la philosophie analytique, il en conserve les méthodes d’analyse logique et linguistique. So
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Willard Van Ornam Quine (1908-). Logicien et philosophe américain

Quine est l’une des grandes figures de cette philosophie logique et linguistique qui a dominé la théorie des sciences au vingtième siècle. Empiriste et sceptique, comme Hume, Quine s’oppose au réalisme logique de Frege et de Russell. Il ne croit pas qu’il puisse exister de propositions en soi, qui seraient vraies ou fausses "de toute éternité". Il doute d’ailleurs qu’il existe un fossé radical entre les vérités analytiques ou nécessaires et les vérités empiriques ou synthétiques. Mais bien que s’opposant par son scepticisme à la philosophie analytique, il en conserve les méthodes d’analyse logique et linguistique.

Vu l’importance théorique accordée à l’expérience, qu’il n’a pourtant pas prise au sérieux dans les faits (comme tous les philosophes des sciences de l’école analytique, il se contente d’un mode d’argumentation purement discursif), Quine défend le projet d’une épistémologie naturaliste. Les conceptions psychologiques que l’on trouve dans ses ouvrages quant à l’apprentissage des concepts ou du langage sont empruntées au behaviorisme et aux théories associationnistes de l’apprentissage.

Piaget a pris connaissance des thèses de Quine dans les années cinquante, lorsqu’il a créé le Centre international d’épistémologie génétique. Ses conceptions épistémologiques étant à la fois proches de celles du philosophe américain (rôle de l’expérience dans l’acquisition des connaissances, y compris logico-mathématiques) et très éloignées (refus de l’associationnisme, acceptation de l’existence de deux formes de connaissance, physique et logico-mathématique), il a mis au programme du Centre la question des rapports entre liaisons (ou jugements) synthétiques et analytiques face à laquelle Quine avait adopté une position contraire au positivisme logique. Les faits expérimentaux alors recueillis tendront à conforter la thèse d’une opposition épistémologiques entre ces deux sortes de liaisons ou de jugements, basée sur une différence de nature entre les deux formes d’expérience, logico-mathématique et physique.

Quine a publié un grand nombre d’articles et plusieurs ouvrages, parmi lesquels "Logique élémentaire" (1941, trad. fr. 1972), "Méthodes de logique" (1950, trad. fr. 1972), "Le mot et la chose" (1960, trad. fr. 1978), "Relativité de l’ontologie et autres essais" (1969, trad. fr. 1977) et "Philosophie de la logique" (1970, trad. fr. 1975).

Lien URL: http://www-history.mcs.st-andrews.ac.uk/Biographies/Quine.html


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R

Rabaud Etienne
( 1868 - 1956 )
Biologiste français

Professeur à la Sorbonne, Rabaud participe de cette tradition de la biologie française qui s’est opposée autant aux explications darwiniennes de l’évolution qu’à une conception qui voit dans le matériel héréditaire des organismes – les "déterminants" ou les gènes – la clé de cette évolution. Pour Rabaud, le facteur central d’une telle explication doit être l’interaction, ou les échanges, d’un organisme avec son milieu. Lorsque les conditions du milieu se modifient, ces échanges peuvent entraîner une rupture d’équilibre au sein de l’organisme, provoquant des changements physiologiques susceptibles de se répercuter sur le fonctionnement des cellules sexuelles.
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Etienne Rabaud (1868-1956). Biologiste français

Professeur à la Sorbonne, Rabaud participe de cette tradition de la biologie française qui s’est opposée autant aux explications darwiniennes de l’évolution qu’à une conception qui voit dans le matériel héréditaire des organismes – les "déterminants" ou les gènes – la clé de cette évolution. Pour Rabaud, le facteur central d’une telle explication doit être l’interaction, ou les échanges, d’un organisme avec son milieu. Lorsque les conditions du milieu se modifient, ces échanges peuvent entraîner une rupture d’équilibre au sein de l’organisme, provoquant des changements physiologiques susceptibles de se répercuter sur le fonctionnement des cellules sexuelles.

Rabaud est, avec le Dantec et, peut-être, Emile Yung, le biologiste du début du siècle qui a certainement le plus influencé Piaget. Notons d’ailleurs que Rabaud présentera en 1928, dans le cadre de la société zoologique française, l’appel lancé aux malacologistes par Piaget en vue d’aider à résoudre "un problème d’hérédité chez la limnée des étangs" (titre d’un article publié par Piaget la même année).

Parmi les livres de Rabaud, mentionnons "Le transformisme et l’expérience" (1911), "Recherches sur l’hérédité et la variation, étude expérimentale et théorie physiologique" (1919), et "L’adaptation et l’évolution" (1922).


Reymond Arnold
( 1874 - 1958 )
Historien et philosophe suisse

Auteur d’une thèse sur "Le subjectivisme et le problème de la connaissance", Reymond a abandonné pour des raisons de conscience la carrière de pasteur à laquelle il se destinait (il ne pouvait adhérer à la profession de foi qui était alors exigée des futurs pasteurs), pour se vouer complètement à l’étude et à l’enseignement de l’histoire et de la philosophie des sciences. Professeur du jeune Piaget au gymnase puis à l'université de Neuchâtel, auteur d'ouvrages traitant aussi bien de logique mathématique que d'histoire des sciences, il est l'un des maîtres qui a le plus contribué aux années de formation de la pensée de son brillant élève.
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Arnold Reymond (1874-1958). Historien et philosophe suisse

Auteur d’une thèse sur "Le subjectivisme et le problème de la connaissance", Reymond a abandonné pour des raisons de conscience la carrière de pasteur à laquelle il se destinait (il ne pouvait adhérer à la profession de foi qui était alors exigée des futurs pasteurs), pour se vouer complètement à l’étude et à l’enseignement de l’histoire et de la philosophie des sciences. C’est à ce titre qu’il interviendra sur la formation de la pensée du jeune Piaget, non seulement en facilitant son accès aux thèses les plus avancées d’épistémologie de la logique et des mathématiques, mais en le mettant en contact avec ces nouvelles sciences quétaient alors la sociologie et la psychologie.

Défenseur d’une philosophie chrétienne basée sur une foi religieuse restée intacte en dépit de ses démêlés avec l’église, Reymond n’a pas cessé, par ailleurs, de se méfier des ardeurs scientifiques de son élève. S’il n’a pu l’empêcher de se faire psychologue, il est pourtant parvenu à lui faire prendre conscience du caractère réducteur des explications un peu légères que des biologistes de l’époque donnaient de l’origine des normes logiques ou de la raison, problème qui intéressait Piaget lorsqu’il suivait les cours de Reymond, d’abord au gymnase, puis à l’université de Neuchâtel. Avec Godet, Reymond est ainsi la personne qui a pu marquer le plus directement et pendant plusieurs années les orientations premières de la pensée de son élève.

Parmi les ouvrages de Reymond, en plus de son "Essai sur le subjectivisme et le problème de la connaissance religieuse" (1900), citons "Logique et mathématiques" (1908) et "L’histoire des sciences exactes et naturelles dans l’antiquité gréco-romaine" (1924). La plupart de ses articles sont en outre recueillis dans les deux volumes de "Philosophie spiritualiste, Etudes et méditations, Recherches critiques" (1942).


Ribot Théodule
( 1839 - 1916 )
Philosophe français

Philosophe de formation, nommé professeur de psychologie expérimentale en 1885 à la Sorbonne, puis peu après au Collège de France, Ribot est l’un des auteurs qui ont contribué à la naissance de la psychologie scientifique française en diffusant l’idée d’une psychologie expérimentale telle qu’elle se développait alors en Angleterre et surtout en Allemagne. Parmi les différentes approches proposées par celui-ci pour étudier les phénomènes psychologiques, il privilégie la méthode psychopathologique. Ribot avait parmi ses élèves des auteurs tels que Pierre Janet. Ce sont eux qui se chargeront d’accomplir pleinement le programme de recherche esquissé par leur maître.
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Théodule Ribot (1839-1916). Philosophe français

Philosophe de formation, nommé professeur de psychologie expérimentale en 1885 à la Sorbonne, puis peu après au Collège de France, Ribot est l’un des auteurs qui ont contribué à la naissance de la psychologie scientifique française en diffusant l’idée d’une psychologie expérimentale telle qu’elle se développait alors en Angleterre et surtout en Allemagne (en Angleterre, ce que Ribot considérait comme une psychologie expérimentale était plutôt la continuation de la psychologie interne à la philosophie empiriste). Fortement marqué par les travaux de Spencer, il est co-traducteur de ses principes de psychologie. Parmi les différentes approches proposées par celui-ci pour étudier les phénomènes psychologiques, il privilégie la méthode psychopathologique. N’étant pas lui-même psychiatre, il utilise les monographies publiées par des médecins pour réaliser des études sur les maladies de l’attention, de la volonté, de la mémoire, etc. Ribot avait parmi ses élèves des auteurs tels que Pierre Janet. Ce sont eux qui se chargeront d’accomplir pleinement le programme de recherche esquissé par leur maître.

Parmi les ouvrages de Ribot, on trouve "La psychologie allemande contemporaine, école expérimentale" (1879), "Les maladies de la mémoire" (1881), "Les maladies de la volonté" (1883), "La psychologie de l’attention" (1889), "L’évolution des idées générales" (1897), et "Logique des passions" (1904).


Rignano Eugenio
( 1870 - 1930 )
Philosophe italien

Rignano s’est intéressé à des phénomènes aussi différents que le comportement d’organismes inférieurs et les fonctionnements psychiques et sociaux des humains. Sa philosophie comprend aussi bien la biologie que la psychologie. Le thème unificateur de ses différents travaux est l’idée que la vie est téléologique. Elle est basée sur la mémoire qui est à la source du fonctionnement biologique et mental. Les processus vivants ont une finalité et sont guidés par la mémoire qui permet d’envisager le futur en fonction de ses expériences passées et de s’y adapter. Parmi ses ouvrages ayant une signification psychologique on peut mentionner "La memoria biologica" (1922), "La psychologie du raisonnement" (1920) et "Problemi della psiche" (1928).

Roszkowski Waclaw
( 1886 - 1944 )
Biologiste polonais

Docteur de l’université de Lausanne, Waclaw Roszkowski a, sous la direction du professeur Henri Blanc, réalisé des recherches sur la faune du lac Léman, et c'est à ce titre qu'il a tenu un rôle certainement important dans la formation zoologique de la pensée du jeune Piaget, en contredisant l'interprétation naïve que celui-ci, alors encore au gymnase de Neuchâtel, avait été amené à donner de l'origine de formes lacustres de limnées.
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Waclaw Roszkowski (1886-1944). Biologiste polonais

Biologiste polonais ayant passé son doctorat à l’université de Lausanne, sous la direction du professeur Henri Blanc, Waclaw Roszkowski a pu jouer un rôle important dans la formation de la pensée du jeune Piaget. Les critiques qu’il a été amené à formuler à l’encontre des premières recherches en malacologie de l’adolescent neuchâtelois ont certainement fouetté l’amour-propre de ce dernier et contribué à mettre au premier plan de ses intérêts biologiques la question de l’adaptation des limnées. Il est ainsi vraisemblable que la controverse entre les deux auteurs ait accéléré le passage, chez Piaget, de l’histoire naturelle classique (ou les questions de description de la nature sont prioritaires) à la biologie de l’évolution (où expliquer l’évolution des espèces devient le problème central). Mais il est aussi possible qu’elle ait longtemps freiné une "assimilation équilibrée" des thèses dawiniennes, Piaget trouvant et utilisant très vite des arguments empruntés au lamackisme pour tenter de contrer les critiques de Roszkowski.

Nous n’avons hélas pas d’informations supplémentaires au sujet de Roszkowski que celles trouvées dans ses lettres à Piaget, dont certaines sont reproduites sur ce cédérom (voir la Correspondance). Nous savons que Roszkowski, après avoir reçu son doctorat à l’université de Lausanne, est retourné en Pologne pour travailler à la station ichyologique de Ruda Maleniecka. Dans une lettre du 22 août 1913, adressée depuis cette station, il écrit qu’il aurait souhaité travailler sur les limnées de Pologne, mais qu’il n’en a malheureusement pas le temps, dans la mesure où il est “occupé par des autres choses”.


Russell Bertrand
( 1872 - 1970 )
Philosophe et mathématicien anglais

Philosophe et mathématicien de formation, prix Nobel de littérature en 1950, Russell est l’une des personnalités scientifiques les plus attachantes du vingtième siècle. A côté de ses travaux scientifiques et à l’égal d’Einstein, il n’a cessé de s’engager politiquement et socialement en faveur d’un monde plus juste, ou de mettre en garde contre les dangers d’un mauvais usage de la science. Ses recherches sur la logique et sur le fondement logique des mathématiques lui assurent une place importante dans l’histoire de la philosophie et des sciences, et c'est à ce titre que Piaget sera conduit à discuter ses thèses (réalisme des idées, atomisme logique et logicisme).
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Bertrand Russell (1872-1970). Philosophe et mathématicien anglais

Philosophe et mathématicien de formation, prix Nobel de littérature en 1950, Russell est l’une des personnalités scientifiques les plus attachantes du vingtième siècle. A côté de ses travaux scientifiques et à l’égal d’Einstein, il n’a cessé de s’engager politiquement et socialement en faveur d’un monde plus juste, ou de mettre en garde contre les dangers d’un mauvais usage de la science.

Russell s’est toujours intéressé aux problèmes de la théorie de la connaissance, passant progressivement d’un idéalisme métaphysique (l’existence en soi d’un monde des idées) à une position beaucoup plus prudente, proche de l’atomisme logique, qui met en rapport la déduction logique et l’expérience sensible. Mais ce sont ses recherches sur la logique et sur le fondement logique des mathématiques qui lui assurent une place importante dans l’histoire de la philosophie et des sciences.

Après une thèse sur les fondements de la géométrie, Russell s’est attelé, d’abord seul, puis avec l’aide du mathématicien Whitehead, à la tâche de donner à la totalité des mathématiques une forme axiomatique et à faire reposer la totalité de l’édifice sur un nombre réduit de principes. Partant d’une logique axiomatisée des propositions, des classes et des relations, Russell en tire des définitions des nombres cardinaux et ordinaux qui font apparaître l’arithmétique des nombres finis comme une sous-partie de la logique des classes et de celle des relations. Cela fait, les deux auteurs introduiront les axiomes nécessaires à la construction des parties supérieures de la mathématiques, et notamment l’axiome de l’infini.

Bien que précédé par Frege dans la tentative de faire reposer l’arithmétique finie sur la logique des classes et des relations, c’est avant tout ce travail de Russell qui formera l’un des points de départ des importantes recherches de Piaget sur la genèse de la notion de nombre chez l’enfant. L’un des problèmes de Piaget était alors de savoir si réellement le nombre est (et peut être) conçu comme un cas spécial de réalité logique, ou si, au contraire, comme le soutenaient les opposants de Russell (dont Poincaré), il n’est pas irréductible à la réalité logique. Bien que Piaget ne suivra pas la thèse réductionniste de Russell, il s’en inspirera en montrant comment, dans la pensée de l’enfant, il existe en effet des liens entre, d’un côté, les opérations logiques et les réalités sur lesquelles elles portent, et, de l’autre, les opérations arithmétiques et les nombres.

Parmi les nombreux ouvrages de Russell citons les "Principes de mathématiques" (1903), les "Problèmes de philosophie" (1912), les "Principia mathematica" (1910-1913, rédigé avec Whitehead), "l’Introduction à la philosophie des mathématiques" (1919), "L’analyse de l’esprit" (1921) et "Signification et vérité" (1959).

Liens URL:
http://www.mcmaster.ca/russdocs/russell.htm
http://www.radio-canada.ca/par4/Maitres/Mentors/russell_cadre.html


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S

Sabatier Auguste
( 1839 - 1901 )
Philosophe et théologien

Théologien protestant, fondateur de la faculté de théologie protestante de Paris, Sabatier est l’auteur qui, le premier, semble avoir lancé la pensée du jeune Piaget dans la direction de l’étude de la genèse psychologique des idées (ultérieurement des notions scientifiques). Sabatier a en effet développé une interprétation originale de la foi religieuse en montrant comment celle-ci naîtrait de l’aspiration de l’esprit humain vers un idéal. De plus il a montré comment, au cours de l’histoire, cette aspiration se traduit par l’expression d’un certain nombre de croyances pouvant prendre la forme de dogmes religieux, et qui se succèdent dans un ordre non quelconque.
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Auguste Sabatier (1839-1901). Philosophe et théologien

Théologien protestant, fondateur de la faculté de théologie protestante de Paris, Sabatier est l’auteur qui, le premier, semble avoir lancé la pensée du jeune Piaget dans la direction de l’étude de la genèse psychologique des idées (ultérieurement des notions scientifiques). Sabatier a en effet développé une interprétation originale de la foi religieuse en montrant comment celle-ci naîtrait de l’aspiration de l’esprit humain vers un idéal. De plus il a montré comment, au cours de l’histoire, cette aspiration se traduit par l’expression d’un certain nombre de croyances pouvant prendre la forme de dogmes religieux, et qui se succèdent dans un ordre non quelconque. Bien que Piaget ne sera jamais intéressé à reprendre et à poursuivre les recherches de Sabatier (du moins si l’on en croit ses écrits), il a pu à travers elles découvrir pour la première fois comment la psychologie et l’histoire peuvent contribuer à résoudre des problèmes délicats et importants pour l’homme.

Mentionnons trois ouvrages de Sabatier: "De la vie intime des dogmes et de leur puissance d’évolution" (1890), "Esquisse dune philosophie de la religion d’après la psychologie et l’histoire" (1897) et "Les religions d’autorité et la religion de l’esprit" (1904).


Saussure Ferdinand de
( 1857 - 1913 )
Ferdinand de Saussure (1857-1913). Linguiste suisse

De Saussure est l’un des linguistes les plus importants de l’histoire moderne de la linguistique, à la fois par la méthode originale qu’il a introduite dans l’étude des phénomènes, l’analyse structurale, et par les définitions qu’il a été amené à proposer des notions de base de cette discipline (la langue, la parole, le signe, etc.). Cette analyse, qui sera l’une des sources du structuralisme français dans les années soixante et septante, a été utilisée par le linguiste dès son mémoire de 1887 sur "le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes". Lorsque Piaget fera référence à de Saussure dans ses recherches sur la formation du symbole chez l’enfant, ce n’est pourtant pas cette approche qui retiendra son attention, mais exclusivement l’opposition établie par le linguiste entre les notions de signe et de symbole, le premier se signalant par son caractère arbitraire, le second par son caractère "motivé". Le recours à de Saussure reste d’ailleurs superficiel dans la mesure où la psychologie sous-jacente aux thèses du linguiste reste trop élémentaire pour pouvoir contribuer au problème de la construction psychologique de la fonction symbolique chez l’enfant.

Selz Otto
( 1881 - 1944 )
Philosophe et psychologue allemand

Membre de l’Ecole de Würzburg, Selz s’est essentiellement consacré à l’étude des processus de pensée. Convaincu que ceux-ci étaient indépendants des contenus liés aux sensations il met l’accent sur la part active de l’esprit dans toute cognition en faisant un large usage de la notion kantienne de schème. Ses recherches sur les opérations mentales dans les activités de résolution de problèmes en font un des principaux précurseurs, avec Karl Duncker, du paradigme de l’"information processing theory". Elles ont directement inspiré les travaux du psychologue Adriaan D. De Groot sur les processus de pensée chez les joueurs d’échecs.
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Otto Selz (1881-1944). Philosophe et psychologue allemand

Membre de l’Ecole de Würzburg, Selz s’est essentiellement consacré à l’étude des processus de pensée. Convaincu que ceux-ci étaient indépendants des contenus liés aux sensations il met l’accent sur la part active de l’esprit dans toute cognition en faisant un large usage de la notion kantienne de schème. Ses recherches sur les opérations mentales dans les activités de résolution de problèmes en font un des principaux précurseurs, avec Karl Duncker, du paradigme de l’"information processing theory". Elles ont directement inspiré les travaux du psychologue Adriaan D. De Groot sur les processus de pensée chez les joueurs d’échecs. Piaget mentionne ses thèses dans son ouvrage sur "La psychologie de l'intelligence".

Parmi sa production scientifique citons "Über die Gesetze des Geordneten Denkablaufs" (1913) et "Zur Psychologie des Produktiven Denkens und des Irrtums" (1922). Un ouvrage retraçant son apport à la psychologie cognitive et reproduisant quelques passages de ses écrits psychologiques a été publié en 1990 par N.H. Frijda et A.D. De Groot: "Otto Selz, his contribution to psychology".

Le lien URL suivant donne de précieuses indications sur l'usage par Selz de la notion de schème: http://www.erudit.org/revue/philoso/1999/v26/n2/004992ar.html


Sinclair Hermine
( 1919 - 1997 )
Linguiste, psycholinguiste

Linguiste de formation et spécialiste des langues indo-iranienne, Hermine Sinclair s'est orientée au milieu de sa carrière vers la la psychologie de l'enfant, découverte lors d'un séjour à Genève dans les années 1960. Elle est la première à discerner les implications de la psychologie génétique de Piaget pour l'étude du développement du langage. Elle s'engage au milieu des mêmes années à la faculté de psychologie et des sciences de l'éducation de Genève, sous la direction de Pierre Gréco, dans une recherche de doctorat qui lui permet de mettre en lumière les liens entre développement de l'intelligence et développement du langage.
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Hermine Sinclair (1919-1978). Linguiste, psycholinguiste

Linguiste de formation et spécialiste des langues indo-iranienne, Hermine Sinclair s'est orientée au milieu de sa carrière vers la la psychologie de l'enfant, découverte lors d'un séjour à Genève dans les années 1960. Elle est la première à discerner les implications de la psychologie génétique de Piaget pour l'étude du développement du langage. Elle s'engage au milieu des mêmes années à la faculté de psychologie et des sciences de l'éducation de Genève, sous la direction de Pierre Gréco, dans une recherche de doctorat qui lui permet de mettre en lumière les liens entre développement de l'intelligence et développement du langage.

Quelques références:
- Acquisition du langage et développement de la pensée, Paris (1967).
- avec M. Stambak: Les jeux de fiction entre enfants de trois ans (1993).

Lien URL:
http://www.piaget.org/GE/Fall96/index.html#sinclair
http://www.piaget.org/GE/2000/GE-28-2.html#article1


Spearman Charles
( 1863 - 1945 )
Psychologue anglais

Spearman a d’abord fait carrière dans l’armée pour d’entreprendre une reconversion académique à 34 ans. Il étudia la psychologie en Allemagne et passa sa thèse à Leipzig sous l’égide de Wundt puis travailla avec Külpe et Müller avant de revenir en Angleterre. Il devient professeur de psychologie à Londres chaire qu’il occupa durant 25 ans. Ses contributions majeures se situent dans les domaines de la psychologie cognitive et de la psychologie différentielle. Il proposa la théorie des deux types de facteurs supposés rendre compte des aptitudes individuelles: le facteur général (G) sous-jacent à toutes les capacités intellectuelles d’un individu, et les facteurs spécifiques relatifs à la réussite de tâches particulières (les capacités de mémoire, d’attention, etc.).
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Charles Spearman (1863-1945). Psychologue anglais

Spearman a d’abord fait carrière dans l’armée pour d’entreprendre une reconversion académique à 34 ans. Il étudia la psychologie en Allemagne et passa sa thèse à Leipzig sous l’égide de Wundt puis travailla avec Külpe et Müller avant de revenir en Angleterre. Il devient professeur de psychologie à Londres chaire qu’il occupa durant 25 ans.

Ses contributions majeures se situent dans les domaines de la psychologie cognitive et de la psychologie différentielle. Il proposa la théorie des deux types de facteurs supposés rendre compte des aptitudes individuelles: le facteur général (G) sous-jacent à toutes les capacités intellectuelles d’un individu, et les facteurs spécifiques relatifs à la réussite de tâches particulières (les capacités de mémoire, d’attention, etc.). Cette théorie est basée sur de nouvelles procédures mathématiques, l’analyse factorielle qu’il développe dans les années trente. Il énonce trois étapes dans la "noogenèse" de l’intelligence qui concernent l’appréhension de l’expérience et l’éduction des relations et des corrélats.

"The abilities of man" (1927) constitue un texte classique en psychologie qui constitue le prolongement de son premier ouvrage: "The nature of intelligence and the principles of cognition" (1923).


Spencer Herbert
( 1820 - 1903 )
Ingénieur et philosophe anglais

Spencer est le créateur d’un système de philosophie évolutionniste qui a eu une très grande influence sur de nombreux savants et philosophes de la seconde moitié du dix-neuvième siècle et du début du vingtième, Piaget compris. Selon cet auteur, la totalité des phénomènes physiques, biologiques, psychologiques et sociaux évoluent dans le sens d’un passage de l’homogène à l’hétérogène et du simple au complexe.
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Herbert Spencer (1820-1903). Ingénieur et philosophe anglais

Spencer est le créateur d’un système de philosophie évolutionniste qui a eu une très grande influence sur de nombreux savants et philosophes de la seconde moitié du dix-neuvième siècle et du début du vingtième. Selon cet auteur, la totalité des phénomènes physiques, biologiques, psychologiques et sociaux évoluent dans le sens d’un passage de l’homogène à l’hétérogène et du simple au complexe. C’est pour le démontrer qu’il s’engagera dans la vaste entreprise d’exposer de manière systématique, et en suivant l’ordre de complexité des phénomènes, les faits alors connus concernant la réalité physique, ainsi que les réalités biologiques, psychologiques et sociales qui en dérivent.

L’attention portée par Spencer à cette entreprise de description fait que, en dépit du caractère peu probant de sa tentative de déduire l’apparition et la composition des phénomènes complexes à partir des seuls principes d’une mécanique physique un peu sommaire, ses ouvrages sont parsemés de suggestions intéressantes, directement attachées à l’exposé des faits présentés. En prenant connaissance de son œuvre, Piaget pourra ainsi non seulement découvrir un premier usage de notions telles que celles d’équilibration, d’accommodation, d’assimilation, etc., qu’il utilisera à son tour dans ses travaux, mais aussi se faire une idée générale et quasi encyclopédique des phénomènes qui se produisent sur le plan de l’histoire de l’univers physique et des êtres vivants, ainsi que de la genèse de certains phénomènes psychologiques et sociaux. Enfin, comme beaucoup d’autres avant lui (dont Lalande ou Bergson), c’est en partie en s’opposant aux thèses biologiques, psychologiques et épistémologiques de Spencer qu’il aboutira à trouver une explication originale de la genèse des réalités biologiques et psychologiques (incluant la logique).

Après la publication en 1855 des "Principes de psychologie", Spencer publiera entre 1862 et 1896 la totalité de ses dix volumes du "Système de philosophie synthétique" qui comprennent, en plus de la psychologie, les "Premiers principes", les "Principes de biologie", les "Principes de sociologie" et enfin les "Principes d’éthique".

Liens URL:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Herbert_Spencer
http://www.iep.utm.edu/s/spencer.htm
http://www.victorianweb.org/philosophy/spencer/spencer.html


Spinoza Baruch
( 1632 - 1677 )
Philosophe hollandais

Imprégné par la philosophie de Descartes et par sa méthode géométrique, Spinoza est l’un des rares auteurs qui ait tenté de décrire de façon complètement déductive tout le réel et de proposer sur cette base une éthique. Sa doctrine, le panthéisme, repose sur quelques notions premières, telles celles de cause de soi et de substance, à partir desquelles tout s’enchaînerait implacablement, le devenir (apparent) des êtres (apparents), comme la représentation que certains d’entre eux peuvent en avoir. Tout cela se fait au sein d’une seule substance, la nature naturante (en d’autres termes, Dieu). La doctrine de Spinoza est l’intellectualisme le plus extrême qu’un philosophe ait jamais proposé, tout étant, en principe, affaire de déduction d’idées. L’affranchissement par un être humain de ses passions et la saisie des relations rationnelles dont est composé le réel est la voie tracée pour aboutir à la liberté. L’ensemble de la philosophie de Spinoza est rassemblé dans un ouvrage, "l’Ethique", publié après la mort de l’auteur.

Szeminska Alina
( 1907 - 1986 )
Psychologue polonaise

Après des études de psychologie et de philosophie à l’université de Berlin (1927-1928), Szeminska se rend à Genève dès 1928, à la suite d’une suggestion de Köhler à qui elle a fait part de son souhait de travailler en psychologie du développement (Köhler lui parle alors d’une nouvelle "étoile" montante de cette psychologie, Piaget!). Elle obtient à Genève le grade de doctorat en philosophie, mention pédagogie. De 1932 à 1939 Szeminska participe, avec Bärbel Inhelder et en tant qu’assistante de l’Institut J.-J. Rousseau, aux recherches sur le développement des notions numériques et spatiales chez l’enfant. Elle sera co-auteur, avec Piaget, de l’ouvrage paru chez Delachaux et Niestlé sur "La genèse du nombre chez l’enfant", ainsi que de l’ouvrage sur "La géométrie spontanée chez l’enfant" publié en 1949.
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Alina Szeminska (1907-1986). Psychologue polonaise

Après des études de psychologie et de philosophie à l’université de Berlin (1927-1928), Szeminska se rend à Genève dès 1928, à la suite d’une suggestion de Köhler à qui elle a fait part de son souhait de travailler en psychologie du développement (Köhler lui parle alors d’une nouvelle "étoile" montante de cette psychologie, Piaget!). Elle obtient à Genève le grade de doctorat en philosophie, mention pédagogie.

De 1932 à 1939 Szeminska participe, avec Bärbel Inhelder et en tant qu’assistante de l’Institut J.-J. Rousseau, aux recherches sur le développement des notions numériques et spatiales chez l’enfant. Elle sera co-auteur, avec Piaget, de l’ouvrage paru chez Delachaux et Niestlé sur "La genèse du nombre chez l’enfant", ainsi que de l’ouvrage sur "La géométrie spontanée chez l’enfant" publié en 1949.

Son retour en Pologne, en 1939, aura pour conséquence de rompre pendant plus d’une décennie les liens qu’elle avait tissés avec la psychologie génétique genevoise. A la fin de seconde guerre mondiale, au cours de laquelle elle s’engagea très activement dans la résistance polonaise, Szeminska s’intéressa aux problèmes de délinquance chez les adolescents de son pays, ainsi qu’à la diffusion de la recherche psychopédagogique dans le domaine de l’enseignement des sciences (Szeminska fut directrice de consultations psychologiques des enfants des écoles de Varsovie, directrice de la section de psychologie de l’institut de recherches pédagogiques, et professeur à la faculté de pédagogie de l’université de Varsovie).

Ce n’est qu’après l’ouverture du centre international d’épistémologie génétique que Piaget aura l’occasion de reprendre contact avec son ancienne collaboratrice. Dès la fin des années soixante environ, Szeminska viendra régulièrement à Genève, notamment lors des symposiums annuels dirigés par Piaget, et elle participera activement à quelques-unes des nouvelles recherches sur la causalité puis sur les mécanismes du développement conduites au centre.

(Parmi les écrits d'Alina Szeminska, mentionnons son Essai d'analyse psychologique du raisonnement mathématique, de 1935, dans lequel sont pour la première fois exposés des résultats de recherche sur la conservation du nombre chez l'enfant.)


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T

Tarde Gabriel
( 1843 - 1904 )
Juriste et sociologue français

Juriste de formation et juge d’instruction, ultérieurement nommé professeur au Collège de France (en 1898), Tarde en est tout naturellement arrivé, par son activité professionnelle, à s’interroger sur les raisons ou les causes des actes criminels. C’est à l’occasion des recherches qu’il entreprend pour répondre à cette question qu’il découvre les deux "forces" qui, selon lui, sont à l’origine des phénomènes sociaux: l’invention et l’imitation. Le point de départ d’une innovation sociale réside toujours dans une invention individuelle. Une fois cette invention faite, elle diffusera chez les autres individus par le biais de l’imitation. Alors que chez Durkheim tout le poids de l’explication repose sur la contrainte que la société est supposée exercer sur des individus sans consistance, chez Tarde au contraire c’est dans chaque individu que se trouve le ressort qui fait naître le lien social.
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Gabriel Tarde (1843-1904). Juriste et sociologue français

Deux noms sont souvent cités comme source de la sociologie française, d’abord, au premier rang, celui de Durkheim, mais ensuite celui de Tarde, qui a pris le contre-pied de la position durkheimienne en s’intéressant aux facteurs individuels dans l’explication des faits sociaux.

Juriste de formation et juge d’instruction, ultérieurement nommé professeur au Collège de France (en 1898), Tarde en est tout naturellement arrivé, par son activité professionnelle, à s’interroger sur les raisons ou les causes des actes criminels. C’est à l’occasion des recherches qu’il entreprend pour répondre à cette question qu’il découvre les deux "forces" qui, selon lui, sont à l’origine des phénomènes sociaux: l’invention et l’imitation. Le point de départ d’une innovation sociale réside toujours dans une invention individuelle. Une fois cette invention faite, elle diffusera chez les autres individus par le biais de l’imitation. Alors que chez Durkheim tout le poids de l’explication repose sur la contrainte que la société est supposée exercer sur des individus sans consistance, chez Tarde au contraire c’est dans chaque individu que se trouve le ressort qui fait naître le lien social. Ce ressort est précisément l’imitation. Les individus ne cessent d’être des sources de suggestions de nouveaux comportements chez autrui, et ces comportements partagés (le langage, les croyances, les coutumes, etc.) créent les groupes sociaux. Le mouvement d’imitation qui entraîne les individus à nouer des contacts les uns avec les autres est par ailleurs contrebalancé par un mouvement d’opposition. Du juste équilibre en imitation et opposition surgira l’adaptation des individus à leur milieu. Ainsi, de l’innovation, de l’imitation et de l’opposition naissent et disparaissent ces mouvements sociaux que Tarde étudie dans plusieurs de ses ouvrages.

Ces quelques considérations suffisent à montrer comment Piaget a pu trouver chez Tarde des analyses et une source d’inspiration qui correspondent, sur le plan des faits sociaux, aux analyses que de son côté le biologiste le Dantec réalisait à peu près dans les mêmes années sur le plan des transformations et des adaptations vitales.

Parmi les ouvrages de Tarde mentionnons "La criminalité comparée" (1886), "Les lois de l’imitation" (1890), "La logique sociale" et "Les transformations du droit" (1893), "L’opposition universelle" (1897) les "Etudes et psychologie sociale" (1898; Tarde fut, avec le sociologue Gustave le Bon, l’un des créateurs de la psychologie sociale), "L’opinion et la foule" (1901) et "La psychologie économique" (1902).

Liens URL:
http://www.enap.justice.fr/7/fondtarde.php
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_Tarde


Thorndike Edward
( 1874 - 1949 )
Psychologue américain

Thorndike commença par étudier expérimentalement les comportements de poulets sous l’égide de William James à Harvard. Il soutient sa thèse sur l’intelligence animale en 1898 à l’Université de Columbia où il enseignera de 1899 à 1940. Il invente pour ses expérimentations sur l’animal des dispositifs ingénieux, sortes de boîtes à problème dans lesquelles il observe les conduites de chats et de chiens dans leurs tentatives de s’en échapper pour avoir accès à de la nourriture. Il constate qu’à partir des premiers essais et erreurs fortuits l’animal conserve les procédures qui l’ont amené au but en tant que conséquence de la réponse elle-même. La loi de l’effet décrit ce mécanisme, tandis que la loi de l’exercice décrit la manière dont les stimuli et les réponses sont associés en fonction du plaisir ou la satisfaction qu’ils produisent chez le sujet.
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Edward Thorndike (1874-1949). Psychologue américain

Thorndike commença par étudier expérimentalement les comportements de poulets sous l’égide de William James à Harvard. Il soutient sa thèse sur l’intelligence animale en 1898 à l’Université de Columbia où il enseignera de 1899 à 1940.

Il invente pour ses expérimentations sur l’animal des dispositifs ingénieux, sortes de boîtes à problème dans lesquelles il observe les conduites de chats et de chiens dans leurs tentatives de s’en échapper pour avoir accès à de la nourriture. Il constate qu’à partir des premiers essais et erreurs fortuits l’animal conserve les procédures qui l’ont amené au but en tant que conséquence de la réponse elle-même. La loi de l’effet décrit ce mécanisme, tandis que la loi de l’exercice décrit la manière dont les stimuli et les réponses sont associés en fonction du plaisir ou la satisfaction qu’ils produisent chez le sujet. Thorndike transfère ces intérêts aux mécanismes d’apprentissage chez l’être humain et leurs conséquences pédagogiques. Enfin il s’intéresse à la mesure des processus mentaux en contribuant à rendre leur traitement statistique accessible à leur utilisateurs.

Parmi ses nombreux écirts, mentionnons "The Original nature of man" (1913), "The psychology of learning" (1913), "Individual differences and their causes" (1914), "Animal intelligence" (1911), "The measurement of intelligence" (1927) et "The fundamentals of learning" (1932).


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V

Vinh-Bang
( 1922 - 2008 )
Psychologue

Arrivé à Genève en 1948, Vinh-Bang est l’un des deux collaborateurs psychologues genevois, avec Bärbel Inhelder, sur qui Piaget a pu compter pendant plusieurs décennies de recherches (notamment dans le cadre des travaux du Centre international d’épistémologie génétique, auxquels Bang a régulièrement participé). Tout en prenant la relève de Lambercier au laboratoire de psychologie expérimentale et en apportant une grande minutie et une grande finesse intellectuelle à l’élaboration de nouvelles expériences sur la perception visuelle, Vinh Bang s’est intéressé à la fois aux aspects méthodologiques et aux conséquences pédagogiques des recherches en psychologie génétique.
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Vinh-Bang (1922-2008). Psychologue

Né au Vietnam et arrivé à Genève en 1948, Vinh Bang est l’un des deux collaborateurs psychologues genevois, avec Bärbel Inhelder, sur qui Piaget a pu compter pendant plusieurs décennies de recherches (notamment dans le cadre des travaux du Centre international d’épistémologie génétique, auxquels Bang a régulièrement participé). Tout en prenant la relève de Lambercier au laboratoire de psychologie expérimentale et en apportant une grande minutie et une grande finesse intellectuelle à l’élaboration de nouvelles expériences sur la perception visuelle, Vinh Bang s’est intéressé à la fois aux aspects méthodologiques et aux conséquences pédagogiques des recherches en psychologie génétique. Sur le plan méthodologique, il a cherché à tirer profit de nouvelles méthodes mathématiques d’analyse hiérarchique des conduites pouvant compléter la méthode clinique-critique développée par Piaget et Inhelder. Quant à l’intérêt pour les applications pédagogiques des recherches de psychologie génétique, il s’inscrit en pleine continuité avec ses anciennes activités au Vietnam, où Bang avait dirigé une école dans laquelle il s’efforçait déjà de promouvoir les principes de l’éducation nouvelle. Dès sa thèse de 1955 sur l’évolution de l’écriture chez les écoliers genevois, il propose ainsi une didactique de l’enseignement de l’écrit qui tienne compte du développement cognitif de l’enfant. Il s’efforce également de construire une échelle de mesure de ce développement qui puisse palier au manque de fondement psychologique des échelles classiques. Craignant que les instruments élaborés deviennent de simples tests utilisés aveuglément, Bang se refusera finalement à publier le résultat de ces travaux. Enfin Bang contribuera aux progrès récents des didactiques, à la fois par l’enseignement qu’il donne à l’université de Genève et par des articles, hélas trop rares, dans lesquels il suggère des pistes de recherche toujours fécondes et originales. Parmi celles-ci, mentionnons la place centrale accordée à l’activité constructrice de l’élève, ainsi qu’à l’élaboration de situations d’apprentissage soigneusement conues pour susciter et favoriser cette activité.

Un recueil de "Textes choisis" (Université de Genève, 1988), édité par ses assistants et ses collaborateurs à l’occasion de son départ à la retraite, permet de se faire une idée de la subtilité avec laquelle il envisageait les rapports de la psychologie pédagogique ou de la didactique avec la psychologie et l’épistémologie génétiques.

Quelques références bibliographiques:
- La méthode clinique et la recherche en psychologie de l'enfant. In Psychologie et épistémologies génétiques (pp. 67-81), Paris: Dunod, 1966.
- Évolution de l'écriture de l'enfant à l'adulte - Étude expérimentale. Delachaux et Niestlé, 1979
- Qu'entend-on par apprentissage opératoire? Archives de psychologie, 1986, pp. 27-37.
- Bases psychologiques de l'initiation scientifique aux enfants de 7 à 12 ans. In: A. Giordan, A. Henriquez, Vinh Bang, Psychologie génétique et didactique des sciences (pp. 25-57), P. Lang, 1989.


de Vries Hugo
( 1848 - 1935 )
Botaniste et physiologiste hollandais

De Vries est l’un des biologistes qui, au début du vingtième siècle, a redécouvert les lois de transmission des caractères lors du croisement des races, lois que le moine G. Mendel avait formulées quelque décennies auparavant et qui, depuis, étaient tombées dans l’oubli. Ces lois semblant démontrer la présence d’unités génétiques héréditaires, les "pangènes", déterminant chacune un caractère de l’organisme (la couleur des yeux par exemple), de Vries en a conclu que la seule source de transformation possible des espèces est la mutation spontanée de ces unités.
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Hugo de Vries (1848-1935). Botaniste et physiologiste hollandais

De Vries est l’un des biologistes qui, au début du vingtième siècle, a redécouvert les lois de transmission des caractères lors du croisement des races, lois que le moine G. Mendel avait formulées quelque décennies auparavant et qui, depuis, étaient tombées dans l’oubli. Mais de Vries est allé plus loin que Mendel en en tirant une théorie originale de l’évolution. Ces lois semblant démontrer la présence d’unités génétiques héréditaires, les "pangènes", déterminant chacune un caractère de l’organisme (la couleur des yeux par exemple), de Vries en a conclu que la seule source de transformation possible des espèces est la mutation spontanée de ces unités. Révisée et adaptée aux nouvelles découvertes de la biologie moléculaire du vingtième siècle, la conception mutationniste du biologiste hollandais fournira l’une des composantes principales de la théorie néo-darwinienne de l’évolution des espèces.

Parmi les publications de cet auteur, mentionnons "Théorie de la mutation" (1900-1903), ainsi que "Espèces et variétés, leur naissance par mutation" (1908).


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W

Waddington Conrad Hal
( 1905 - 1975 )
Paléontologiste, embryologiste et généticien anglais

Marqué par ses travaux sur le développement embryologique des organismes, Waddington est l’un des rares biologistes de renom qui a osé prendre quelque distance par rapport au dogme néo-darwinien qui régnait vers le milieu du vingtième siècle. Bien que rejetant la thèse lamarckienne de la transmission héréditaire des caractères individuellement acquis, Waddington a adopté très tôt, en effet, une position originale au sein du néo-darwinisme en attribuant un rôle très important au développement individuel des organismes et à l’épigenèse dans l’évolution des espèces, et en adoptant dès les années cinquante la thèse de "l’assimilation génétique des caractères acquis".
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Conrad Hal Waddington (1905-1975). Paléontologiste, embryologiste et généticien anglais

Marqué par ses travaux sur le développement embryologique des organismes, Waddington est l’un des rares biologistes de renom qui a osé prendre quelque distance par rapport au dogme néo-darwinien qui régnait vers le milieu du vingtième siècle. Bien que rejetant la thèse lamarckienne de la transmission héréditaire des caractères individuellement acquis, Waddington a adopté très tôt, en effet, une position originale au sein du néo-darwinisme en attribuant un rôle très important au développement individuel des organismes et à l’épigenèse dans l’volution des espèces, et en adoptant dès les années cinquante la thèse de "l’assimilation génétique des caractères acquis".

Son approche organiciste ou holistique des processus évolutifs tranche avec la centration trop exclusive sur les gènes et leur sélection que tend à imposer la biologie moléculaire dans le traitement du problème de l’évolution: c’est l’organisme dans sa totalité qui cherche à s’adapter à son milieu. Ce sur quoi porte la sélection naturelle nest donc pas directement les gènes, mais la capacité des organismes à réagir de telle ou telle façon aux problèmes d’adaptation que leur pose le milieu, cette capacité n’impliquant pas seulement le système des gènes déjà acquis, mais également des processus épigénétiques.

Il n’y a pourtant pas de contradiction entre l’explication néo-darwinienne classique et l’explication par Waddington de l’évolution et des traits parfois remarquables d’adaptation des organismes à leur milieu. Ce qui varie, c’est la conception de l’objet sur lequel porte la sélection naturelle. Les systèmes génétiques qui auront tendance à diffuser au sein d’une population d’individus seront ceux qui facilitent ou canalisent la construction de réponses adaptatives optimales des organismes lors de leur développement.

L’ouvrage le plus connu de Waddington est "La stratégie des gènes" (1957).


Weismann Auguste
( 1834 - 1914 )
Naturaliste allemand

Weismann est l’un des auteurs qui a le plus contribué au développement du darwinisme à la fin du dix-neuvième siècle. Célèbre par la distinction qu’il a imposée entre le soma (l’organisme individuel) et le germen (matériel héréditaire et en théorie immortel que transporte l’organisme individuel), Weismann a en outre anticipé de manière spéculative la génétique moderne en supposant que le germen était composé de déterminants atomiques, conçus comme cause des caractères somatiques de l’organisme. Par ailleurs, pour expliquer comment de nouvelles espèces peuvent apparaître en dépit du caractère (théoriquement) immortel du germen, Weismann propose une thèse qui anticipe en partie les conceptions actuelles. La reproduction sexuelle des organismes engendre des descendants forcément différents, dans la mesure où leur germen contient un mélange aléatoire des déterminants des parents (les déterminants non retenus sont éjectés). La sélection naturelle agit alors sur les organismes résultant de ce mélange, d'où l'apparition de nouvelles espèces.
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Auguste Weismann (1834-1914). Naturaliste allemand

Weismann est l’un des auteurs qui a le plus contribué au développement du darwinisme à la fin du dix-neuvième siècle. Célèbre par la distinction qu’il a imposée entre le soma (l’organisme individuel) et le germen (matériel héréditaire et en théorie immortel que transporte l’organisme individuel), Weismann a en outre anticipé de manière spéculative la génétique moderne en supposant que le germen était composé de déterminants atomiques, conçus comme cause des caractères somatiques de l’organisme. Il y a ainsi une complémentarité entre la conception de Weismann et les découvertes que le moine Mendel avait faites au milieu du dix-neuvième siècle au sujet de la reproduction croisée de variétés héréditaires de pois.

En ce qui concerne l’explication de l’évolution, Weismann va adopter successivement deux conceptions, l’une franchement néo-darwinienne, l’autre destinée à rendre compte du caractère orienté de l’évolution, argument que les lamarckiens opposent au darwinisme. Pour expliquer comment de nouvelles espèces peuvent apparaître en dépit du caractère (théoriquement) immortel du germen, Weismann propose une thèse qui, là aussi, anticipe en partie les conceptions actuelles. La reproduction sexuelle des organismes engendre des descendants forcément différents, dans la mesure où leur germen contient un mélange aléatoire des déterminants des parents (les déterminants non retenus sont éjectés). La sélection naturelle agit alors sur les organismes résultant de ce mélange. Quant à la seconde conception, elle complète la première en introduisant l’idée d’une sélection interne des déterminants au cours du développement même de l’organisme. Au sein de chaque cellule, les déterminants qui l’emportent sont ceux qui parviennent à s’approprier le plus de nourriture.

Parmi les ouvrages de Weismann, mentionnons les "Essais sur l’hérédité et la sélection naturelle" (1892).


Wertheimer Max
( 1880 - 1943 )
Psychologue allemand

Wertheimer commença par étudier le droit et la philosophie dans sa ville natale, Prague. Intéressé par la psychologie il l’étudia à Vienne avant de finir un doctorat à l’Université de Würzburg portant sur l’utilisation de la méthode des associations dans la détection de la culpabilité des criminels. En 1910, il commença ses fameuses expériences sur le mouvement apparent pour lesquels Wolfgang Köhler et Kurt Koffka ont servi de sujets. On peut considérer ces travaux comme étant à l’origine de l’Ecole de la Gestalt dont il est le fondateur. En 1929, il accepta une chaire de psychologie à l’Université de Francfort. En 1933, il émigre comme nombre de ses collègues aux Etats Unis où il enseigne au New School for Social Research à New York jusqu’à sa mort.
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Max Wertheimer (1880-1943). Psychologue allemand

Wertheimer commença par étudier le droit et la philosophie dans sa ville natale, Prague. Intéressé par la psychologie il l’étudia à Vienne avant de finir un doctorat à l’Université de Würzburg portant sur l’utilisation de la méthode des associations dans la détection de la culpabilité des criminels. En 1910, il commença ses fameuses expériences sur le mouvement apparent pour lesquels Wolfgang Köhler et Kurt Koffka ont servi de sujets. On peut considérer ces travaux comme étant à l’origine de l’Ecole de la Gestalt dont il est le fondateur. En 1929, il accepta une chaire de psychologie à l’Université de Francfort. En 1933, il émigre comme nombre de ses collègues aux Etats Unis où il enseigne au New School for Social Research à New York jusqu’à sa mort.

La principale découverte des recherches sur le mouvement apparent est le phénomène "phi", à savoir que deux stimuli visuels stationnaires présentés successivement simulent un déplacement continu. Selon Wertheimer aucune explication en termes de propriétés intrinsèques des stimuli ne pouvait s’avérer convaincante. L’Ecole de la Gestalt allait ainsi réfuter toutes les approches du domaine de la perception avancées jusqu’ici. Les phénomènes perceptifs devaient être compris comme des totalités intégrées qui pouvaient être modifiées par un seul de ses éléments. Par la suite Wertheimer a appliqué ces idées au domaine de la pensée.

Le papier publié en 1912 sur "Experimentelle Studien über Sehen von Bewegung" marque l’apparition de ces idées révolutionnaires pour l’époque. L’ouvrage "Productive Thinking" (1945) les reprend dans le domaine de la cognition en remettant en question les théories associationnistes.


Whitehead Alfred North
( 1861 - 1947 )
Mathématicien et philosophe anglais

Whitehead est l’un des auteurs qui, à la fin du dix-neuvième siècle, a contribué à développer l’algèbre de la logique inaugurée par Boole vers 1850. D’une dizaine d’années plus âgé que Russell, qui fut d’ailleurs son élève, Whitehead a rédigé une large partie de ce monument des mathématiques du vingtième siècle que sont les "Principia mathematica", monument toutefois incomplet dans la mesure où manque un dernier volume sur la géométrie. Il semble que Whitehead n’ait pas pris part à la controverse qui a opposé Russell à des mathématiciens tels que Poincaré sur la possibilité de réduire le nombre à la notion de classe logique.
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Alfred North Whitehead (1861-1947). Mathématicien et philosophe anglais

Whitehead est l’un des auteurs qui, à la fin du dix-neuvième siècle, a contribué à développer l’algèbre de la logique inaugurée par Boole vers 1850. D’une dizaine d’années plus âgé que Russell, qui fut d’ailleurs son élève, Whitehead a rédigé une large partie de ce monument des mathématiques du vingtième siècle que sont les "Principia mathematica", monument toutefois incomplet dans la mesure où manque un dernier volume sur la géométrie. Il semble que Whitehead n’ait pas pris part à la controverse qui a opposé Russell à des mathématiciens tels que Poincaré sur la possibilité de réduire le nombre à la notion de classe logique. Notons aussi que, en plus de ses travaux mathématiques, Whitehead a rédigé des ouvrages de philosophie religieuse dans laquelle il soutient une position qui, à certains égards, rappelle celle que le jeune Piaget avait pu trouver chez Sabatier.
Lien URL: http://www-history.mcs.st-andrews.ac.uk/history/Biographies/Whitehead.html


Wiener Norbert
( 1994 - 1964 )
Mathématicien et physicien allemand

Esprit interdisciplinaire par excellence, Norbert Wiener est l’un des trois ou quatre savants qui, au milieu du vingtième siècle, ont créé et développé cette science transdisciplinaire par excellence qu’est la cybernétique. Bien que le terme de cybernétique n’y soit pas encore employé, un article publié en 1943 par Rosenblueth, Wiener et Bigelow lance la nouvelle discipline: "Behaviour, purpose and teleology". Le premier ouvrage entièrement consacré à la présentation de cette discipline sera publié par Wiener en 1947. C’est le fameux "Cybernetics, or control and communication in the animal and the machine" qui, plus que tout autre, contribuera à l’essor de cette discipline.
Présentation élargie
Norbert Wiener (1994-1964). Mathématicien et physicien allemand

Esprit interdisciplinaire par excellence, Norbert Wiener est l’un des trois ou quatre savants qui, au milieu du vingtime siècle, ont créé et développé cette science transdisciplinaire par excellence qu’est la cybernétique. Ayant participé à la réalisation des premiers calculateurs électroniques au début des années quarante, Wiener fut au centre du programme de recherche créé par les américains pour contrecarrer la formidable puissance de l’aviation allemande lors de la deuxième guerre mondiale. Avec l’ingénieur J. H. Bigelow, il développa un système électromécanique capable de contrôler le tir d’un missile en fonction de la trajectoire de sa cible. Pour développer un tel système, Wiener, qui participait depuis plusieurs années à un séminaire interdisciplinaire dans lequel il collaborait avec le neurophysiologiste A. Rosenblueth, s’intéressa de près aux procédés par lesquels les êtres vivants parviennent à ajuster leurs mouvements pour atteindre un objet, une proie, etc. L’attention la plus grande fut portée au mécanisme du feedback, ainsi qu’à ses dysfonctionnements dans le cas de pathologies neurologiques. La cybernétique est le fruit de cette rencontre entre une entreprise technologique, une excellente connaissance de la logique et de la mathématique (en particulier la théorie des systèmes non-linéaires), et enfin l’étude renouvellée du fonctionnement des êtres vivants induite par l’essor des techniques de communication et des calculateurs électroniques.

Bien que le terme de cybernétique n’y soit pas encore employé, un article publié en 1943 par Rosenblueth, Wiener et Bigelow lance la nouvelle discipline: "Behaviour, purpose and teleology". Le premier ouvrage entièrement consacré à la présentation de cette discipline sera publié par Wiener en 1947. C’est le fameux "Cybernetics, or control and communication in the animal and the machine" qui, plus que tout autre, contribuera à l’essor de la cybernétique.

Liens URL:
http://www.syti.net/Cybernetics.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Norbert_Wiener
http://www-history.mcs.st-andrews.ac.uk/Biographies/Wiener_Norbert.html


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Y

Yung Emile
( 1854 - 1918 )
Biologiste suisse

Après avoir assisté Carl Vogt pendant plusieurs années dans ses enseignements de biologie à l’université de Genève, le remplaça en 1895. Les séjours de recherche qu’il réalisa au laboratoire maritime de Roscoff en Bretagne lui firent connaître de nombreux biologistes français, dont le lamarckien Delage. Ses travaux portaient sur la physiologie et le système nerveux des mollusques, point de départ de recherches sur le système physiologique de l’escargot, puis, en 1903, sur le sens olfactif de cet animal. La jonction entre la biologie et la psychologie était faite. Vers 1910, Yung parvint à démontrer que, en dépit de la présence d’un œil au bout de leurs tentacules céphaliques, les escargots sont aveugles. Plusieurs de ses recherches avaient explicitement pour but de vérifier la thèse du lamarckisme selon laquelle "la fonction crée l’organe". Yung reconnaîtra ne pas pouvoir prouver l’essentiel de cette thèse, à savoir la transmission héréditaire des modifications individuelles.
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Emile Yung (1854-1918). Biologiste suisse

Collaborateur de Carl Vogt à Genève dès 1876, membre, pour la petite histoire, de ce petit groupe d’alpinistes qui avaient choisis de s’appeler les "Amis de la Varappe", du nom d’un couloir du Salève, Yung ne pouvait qu’avoir de la sympathie pour le jeune Piaget lorsque celui-ci lui demanda son aide quelque 35 années après que lui-même ait pu trouver des appuis précieux auprès de savants renommés.

Emile Yung, après avoir assisté Vogt pendant plusieurs années dans ses enseignements de biologie à l’université de Genève, le remplaça à la suite de sa mort en 1895. Les séjours de recherche qu’il réalisa au laboratoire maritime de Roscoff en Bretagne lui firent connaître de nombreux biologistes français, dont le lamarckien Delage. Ses travaux portaient sur la physiologie et le système nerveux des mollusques, point de départ de recherches sur le système physiologique de l’escargot, puis, en 1903, sur le sens olfactif de cet animal. La jonction entre la biologie et la psychologie était faite (Yung avait d’ailleurs déjà réalisé plusieurs recherches sur les comportements des animaux).

Vers 1910, Yung parvint à démontrer que, en dépit de la présence d’un œil au bout de leurs tentacules céphaliques, les escargots sont aveugles. Plusieurs de ses recherches avaient explicitement pour but de vérifier la thèse du lamarckisme selon laquelle "la fonction crée l’organe". S’il est parvenu à certains résultats positifs relativement à cette thèse, il reconnaissait lui-même ne pas avoir pu prouver l’essentiel, à savoir la transmission héréditaire des modifications individuelles. En définitive, il apparaît que le principal soutien du jeune Piaget lorsque celui-ci multipliera ses recherches sur les limnées des lacs de Suisse romande s’inscrit tout à fait dans ce courant lamarchien de la biologie française qu’illustraient par ailleurs, sur un plan plus spéculatif ou théorique, les travaux de le Dantec et de Rabaud.


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[…] au cours des constructions logico-mathématiques, l’espace réel ou physique et l’espace mathématique des coordinations de l’action sont si isomorphes à notre échelle d’observation que l’abstraction à partir de l’objet interfère souvent avec l’abstraction à partir des actions ou opérations…